Entretien avec Frédéric Deck : à la découverte de l'économie sociale et solidaire
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Frédéric Deck, vice-président de la chambre régionale du Grand Est, présente, dans un entretien accordé à France 3 Alsace, les grands principes de l’économie sociale et solidaire, ses acteurs, son impact vertueux à l’échelle locale. Ce secteur, souvent méconnu, est aussi bien créateur de richesses et d’emplois que de cohésion sociale.
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Date de publication du document :
11 mai 2021
Date de diffusion :
13 nov. 2017
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Contexte historique
ParProfesseure certifiée de sciences économiques et sociales au lycée Michel de Montaigne de Mulhouse
L’économie sociale et solidaire (ESS) est un modèle économique particulier et constitue une sorte de troisième secteur, traversant le secteur public et privé. Les acteurs de l’ESS sont très divers et sont organisés sous forme de coopératives, mutuelles, associations ou fondations. Leur mode de fonctionnement est collectif et une gouvernance démocratique est adoptée. Ce sont des organisations productives à la fois marchande, produisant un bien ou un service s’échangeant sur un marché avec une contrepartie monétaire et non marchande, produisant des services gratuits ou quasi-gratuits. Si ce secteur est créateur de richesses, en représentant en 2017 10% du PIB (Produit Intérieur Brut) de la France et en employant 2,4 millions de salariés, il a cependant une orientation bien spécifique et distincte d’une économie animée par la compétition et la recherche d’une rentabilité financière et économique croissante. Ce secteur place l’homme plutôt que le profit au centre de son fonctionnement. Son objectif premier est guidé par un projet social, solidaire ou encore environnemental.
Le mode de gestion de l’ESS est donc démocratique et participatif. Par exemple dans une coopérative, dans un processus de décision c’est le principe « une personne égale une voix » qui préside tandis que la gouvernance des entreprises est plus verticale et descendante. Le pouvoir au sein des organisations de l’ESS est donc partagé.
Les bénéfices obtenus sont réalisés dans une optique de réinvestissement en faveur des personnes ou de l’entreprise ou de la structure elle-même. Ainsi aucune appropriation individuelle des bénéfices n’est possible (précise).
L’ESS est souvent là pour répondre aux besoins délaissés par les services publics ou les entreprises privées. Par exemple, en finançant des vacances pour des enfants pauvres, le Secours Populaire s’engage en faveur des plus démunis et contribue ainsi à la cohésion sociale. Mais ce troisième secteur se veut également être une économie innovante en expérimentant de nouveaux modèles économiques comme les SEL (Système d’Echanges Locaux), les monnaies locales complémentaires, le commerce équitable…
Restructurée juridiquement, sous la présidence socialiste de François Hollande, par la loi Hamon du 31 juillet 2014 ouvrant ce secteur aux entreprises privées commerciales développant des activités d’utilité sociale, l’ESS a pourtant des origines anciennes. C’est surtout au XIXe siècle, face aux injustices envers des populations sans droits sociaux, engendrées par la révolution industrielle et le capitalisme grandissant, que des alternatives économiques se formalisent. Les réformateurs progressistes de l’époque cherchent à produire et consommer autrement. C’est ainsi que naissent les coopératives, les mutuelles puis les associations avec la loi de 1901 essentiellement dans les domaines de la santé, de la culture, de l’éducation et de l’agriculture. A la fin de XXème siècle, avec l’accélération de la mondialisation, l’importance du chômage de masse et les limites éthiques et écologiques du modèle productiviste, le mot « solidaire » est ajouté et s’en suit la création en 2000 d’un secrétariat d’État à l’économie sociale et solidaire.
Ainsi, l’ESS, concerne un large pan de notre économie avec des domaines variés comme la protection de l’environnement, le secteur bancaire, les assurances. C’est aussi une offre de solutions innovantes en accord avec les valeurs promues comme par exemple les énergies renouvelables, la finance solidaire ou encore le recyclage. Selon le service de cotation des entreprises de la Banque de France, ce secteur présente un autre atout majeur qui ne laisse plus de doute sur son utilité sociale. En effet, l’ESS apparaît comme un remède au «brown-out», cette nouvelle pathologie qui émerge sur le marché du travail et affecte les personnes qui ne trouvent pas de sens à leur métier. Elle forme donc un cercle vertueux, une manière de penser l’économie autrement.
Éclairage média
ParProfesseure certifiée de sciences économiques et sociales au lycée Michel de Montaigne de Mulhouse
Faire tomber les idées reçues sur un secteur d’activité méconnu, voilà l’objet de cet entretien avec Frédéric Deck présenté dans ce reportage de France 3 Alsace, diffusé le 13 novembre 2017.
« Ce n’est pas simplement une économie de la réparation ou de la pauvreté », c’est avec ces mots que Fréderic Deck débute son entretien au micro des journalistes Marc Schmitt et Xavier Ganaye. Au fil de cette entrevue, les journalistes vont mettre en exergue, 3 axes majeurs de réflexion possible autour de l’économie sociale et solidaire : tout d’abord mieux connaître ce secteur d’activité au poids économique non négligeable, puis s’interroger sur la spécificité ou non de l’échelle locale pour finir avec un focus sur la question de la pérennité du financement des associations.
L’ESS est un secteur générant beaucoup de richesses à l’échelle locale ou nationale. L’infographie présentée dans le reportage le souligne bien. Ce ne sont pas loin de 5700 établissements, associations, mutuelles, coopératives ou fondations, pourvoyeurs de 69861 emplois en Alsace et pesant pour 11% du PIB alsacien. En effet, en économie, les richesses créées proviennent dans un premier temps d’une activité économique dite marchande, classiquement les richesses créées par les entreprises produisant des biens ou des services s’échangeant sur un marché et ayant une finalité lucrative. Cela permet d’obtenir le PIB (Produit Intérieur Brut) marchand, correspondant à la somme des valeurs ajoutées par chaque unité de production de ce secteur. Le PIB a également une dimension non marchande, c’est-à-dire toutes les richesses créées par des secteurs d’activité produisant des biens ou des services collectifs, non marchands, résultant d’un travail déclaré, légal et rémunéré. Ainsi avec sa diversité d’acteurs, l’ESS contribue aussi bien au PIB marchand avec l’activité économique des mutuelles du secteur bancaire, de l’assurance ou les coopératives d’entreprises qu’au PIB non marchand avec les associations ou les fondations. En outre, les emplois créés sont pérennes et non délocalisables. Selon la Banque de France, l’ESS crée deux fois et demie plus d’emplois pérennes que la moyenne de l’économie traditionnelle.
Avec ses 11% d’emplois créés dans le secteur de l’ESS, l’Alsace et plus largement la région Grand Est, se situent dans la moyenne nationale. En France, ce sont 2.4 millions d’emplois, répartis entre secteurs privés (14% de l’emploi privé dans des secteurs tels que la finance, l’assurance, les arts …) et secteurs non marchands dans les domaines de l’enseignement, de la santé, des loisirs ou de l’action sociale. Ce secteur est bien ancré au cœur des territoires allant parfois jusqu’à 14% d’emplois créés dans les régions Pays de la Loire et Bretagne. Quelques villes se démarquent, comme Mulhouse par exemple, ville pour laquelle 22% des emplois appartiennent à l’ESS.
Les associations demeurent des acteurs clés de l’économie sociale et solidaire. L’infographie présentée au cours de l’entretien, tout comme l’exemple de l’association VRAC « Vers un Réseau d’Achat en Commun » récompensée par le prix 2017 de l’ESS concluant le reportage, soulignent ce rôle majeur du monde associatif. En Alsace comme en France, 75% des établissements de l’ESS sont des associations. Ces structures régies par la loi de 1901 font partie du secteur non marchand et ont des besoins de financement pour produire ces services si utiles à la cohésion sociale, comme le rappelle Frédéric Deck, inquiet de la diminution des fonds publics de l’Etat ou des collectivités territoriales alloués au financement du monde associatif. En effet, selon une enquête de 2017, réalisée tous les 6 ans sur le «paysage associatif français », les financements publics ont baissé depuis 2006 avec une forte diminution du poids des subventions publiques dans les ressources financières des associations : ces dernières ne représentant plus en 2017 que 20% des ressources, alors qu'elles constituaient 25% de l'ensemble en 2011 et 34% en 2005.
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