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23 mai
2008

Le champenois, langue régionale ?

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Résumé

Le reportage pose la question de la reconnaissance des langues régionales, à partir de l’exemple du champenois, et met l’accent sur le décalage existant entre une reconnaissance institutionnelle et une reconnaissance scientifique.

Langue :

/

Date de publication du document :

11 mai 2021

Date de diffusion :

23 mai 2008

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00161

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Contexte historique

Par

La reconnaissance institutionnelle des langues régionales se heurte en France à des résistances multiples, essentiellement politiques, exprimées par ceux qui, opposant la langue française aux langues régionales, considèrent que celles-ci constitueraient une menace pour celle-là, qu’en devenant le vecteur de revendications autonomistes voire séparatistes, elles risqueraient de mettre en danger l’unité de la République. 

Cette rigidité résulte d’une longue tradition centralisatrice, dont les principaux jalons sont fréquemment cités, même s’ils ne sont pas toujours convenablement interprétés : ainsi, l’ordonnance de Villers-Cotterêts, signée par François Ier en août 1539, instaurait certes le « langaige maternel françois » comme langue officielle de l’administration et de la justice, mais elle visait avant tout à bannir le latin des arrêts de justice. Par ailleurs, loin de marquer une rupture brutale dans les usages juridiques, elle entérinait une évolution réalisée depuis plusieurs décennies, et surtout elle destinait la langue à devenir l’un des instruments de l’affermissement du pouvoir royal et le moyen d’expression privilégié d’une littérature florissante, dont la Pléiade constitue l’illustration brillante. 

La centralisation politique et administrative opérée au XVIIe siècle s’illustra sur le plan de la langue par une codification grammaticale d’une grande rigueur réalisée par Vaugelas, et par une mise en ordre lexicale, dont fut chargée l’Académie française, créée en 1635 par Richelieu, mais dont le célèbre Dictionnaire ne fut publié qu’en 1694 ; dès lors s’affirme une politique de la langue, visant à la mettre au service de l’État, mais aussi une véritable police dont le malheureux Corneille fut, après la publication du Cid, l’un des premiers mis en examen. Plusieurs notions s’agrègent alors pour constituer une véritable esthétique de la langue : l’assimilation de celle-ci à la raison et l’affirmation selon laquelle sa clarté ne serait que le reflet de sa parfaite adéquation à l’idée exprimée ; l’élaboration d’une hiérarchie lexicale, qui distingue entre mots nobles et mots ignobles, et les canalise en fonction de ces critères vers les genres littéraires appropriés ; la valorisation subséquente de la « pureté » de la langue, qui s’applique à suivre le bon usage, dont le modèle est fourni par « la façon de parler de la plus saine partie de la cour ». On considère alors que la langue a atteint un degré de perfection indépassable, illustré par une génération d’auteurs brillants, au premier rang desquels Racine. Deux conséquences en découlent : d’une part, la nécessité de pérenniser ce haut degré d’excellence grâce à des règles, des contraintes qui s’exerceront aussi bien sur la langue que sur les genres littéraires ; d’autre part, la proclamation du caractère universel de la langue française.          

En 1790, l’abbé Grégoire, évêque constitutionnel, lance une grande enquête linguistique et ethnologique, riche de 43 questions, dont la 29e situe parfaitement les intentions : « Quelle serait l’importance religieuse et politique de détruire entièrement ce patois ? ». Le combat frontal engagé contre les « idiomes », c’est-à-dire les parlers régionaux ou encore les « patois » trouve sa légitimité, aux yeux de ses promoteurs, dans la volonté d’assurer une certaine égalité entre les Français, en les dotant d’une langue unifiée, qui donne à tous le même accès à la Raison. Mais le projet reposait aussi sur une illusion, celle d’une éradication rapide des « idiomes ». À aucun moment, les révolutionnaires n’ont anticipé la force des résistances – affectives, psychologiques, sociales voire politiques – qui s’opposent à l’assimilation linguistique, et leur combat pour imposer un français standard fut relayé, tout au long du XIXe siècle par l’école républicaine, jusqu’à ce que l’on découvre que ces patois, ces dialectes, ces langues régionales présentent un grand intérêt linguistique, qu’ils contribuent à la connaissance de la langue française elle-même, qu’ils sont partie intégrante d’un patrimoine culturel de haute valeur, mais la réhabilitation sera d’abord scientifique, et la reconnaissance institutionnelle ne viendra que beaucoup plus tard.

Éclairage média

Par

Le reportage est réalisé à l’occasion du dépôt, par le député ardennais Jean-Luc Warsmann, d’un amendement visant à la reconnaissance des langues régionales, lors de la séance du 22 mai 2008 consacrée à la modernisation des institutions de la 5e République. Cet amendement fut adopté au titre de l’article 75-1, et stipule que « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France », puis adopté au congrès de Versailles en juillet 2008, dans le cadre du vote d’une loi constitutionnelle sur la réforme des institutions. Mais reconnaître la valeur patrimoniale des langues régionales n’implique pas pour autant qu’on leur accorde un statut constitutionnel en tant que langues. En effet, dès 1992, le Conseil de l’Europe avait édicté une Charte européenne des langues régionales, demandant à être signée, ce qu’ont fait 33 états dont la France en 1999, puis ratifiée, ce qu’ont fait 25 états, la ratification de la France ayant été bloquée par le Conseil d’État, puis le Conseil constitutionnel, au motif qu’elle risquerait de contrevenir au principe selon lequel "la langue de la République est le français", et qu’elle serait une menace pour "l'indivisibilité de la République" ; ce jacobinisme s’inscrit dans le droit fil du centralisme politique, administratif et culturel évoqué dans le contexte historique rappelé ci-dessus.

Mais à travers les paroles champenoises prononcées par Dominique Richard, par ses commentaires et ses références à l’Atlas linguistique et ethnographique de la Champagne et de la Brie, dont quelques pages illustrent le reportage, c’est surtout la reconnaissance scientifique du champenois qui est évoquée. Or, le magistral atlas réalisé par Henri Bourcelot en quatre volumes, les trois premiers publiés en 1966, 1969, 1978, le quatrième, posthume, en 2012, constitue l’instrument fondamental de cette reconnaissance. Il convient, pour comprendre son importance, de le situer dans l’histoire des atlas linguistiques, dont le prototype est l’Atlas linguistique de la France (ALF, consultable en ligne) publié entre 1902 et 1910 : conçu par le linguiste Jules Gilliéron et son enquêteur Edmond Edmont, fruit de plusieurs années d’enquêtes dans 639 localités de la France romane, cette œuvre magistrale propose près de 2000 cartes lexicales, Gilliéron ayant eu l’idée de reporter sur une carte de France toutes les formes dialectales recueillies par Edmont pour désigner un référent. Les analyses, parfois très complexes, qu’il fit de ces matériaux eurent pour effet de fonder une dialectologie scientifique, et de renouveler de fond en comble la conception que l’on se faisait des langues, à travers une approche darwinienne qui montre comment naissent, se développent, et parfois meurent les mots qui les composent. Par ailleurs, ces travaux donnèrent naissance à une discipline nouvelle, la géographie linguistique, qui connut en essor considérable pendant le XXe siècle, et continue à susciter des recherches de grande valeur. Les acquis de l’ALF furent si importants que, vers 1950, le grand linguiste Albert Dauzat proposa d’en réaliser une déclinaison régionale, afin de densifier le réseau des points d’enquête de l’ALF, mais aussi d’évaluer les évolutions éventuelles des matériaux, projet qui fut pris en charge et coordonné par le Centre national de la recherche scientifique. Chaque région de France fut donc confiée à un enquêteur, et c’est Henri Bourcelot qui se chargea d’une région considérable, couvrant la Champagne et la Brie, jusqu’aux portes de Paris, dans des zones que l’on avait a priori et à tort décrétées sans intérêt linguistique.

Le reportage s’achève sur l’annonce de la publication posthume - H. Bourcelot est décédé en 2001 – du tome IV de l’ALCB : cette publication a été réalisée par l’auteur de cette notice en 2012, et comprend 136 cartes lexicales, des Éléments de morphosyntaxe, qui constituent une véritable grammaire du champenois, ainsi qu'un index général indispensable à la consultation de l’œuvre.

Transcription

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