LES SITES DE L'INA
Accéder à la version pédagoqiqueConnectez-vous

Panorama

Aller sur le site ina.fr - nouvelle fenêtre
Site de la région Grand Est
CONNEXION
  1. Revenir à l'accueil
  2. Vidéos
  3. Maurice Barrès, vie et postérité d’un écrivain lorrain controversé
IMPRIMER
5 avr.
2003

Maurice Barrès, vie et postérité d’un écrivain lorrain controversé

  • Infos
  • Éclairage
  • Transcription

Infos

Résumé

Ecrivain reconnu et influent, académicien, homme politique, amoureux de la Lorraine où il est né, Maurice Barrès (1862-1923) a aussi été un homme très controversé pour son nationalisme et son antisémitisme, qui se sont manifestés au moment de la crise boulangiste et de l’affaire Dreyfus. Le reportage, ponctué de deux entretiens, retrace ce parcours.

Langue :

Date de publication du document :

08 déc. 2021

Date de diffusion :

05 avr. 2003

Éclairage

  • Contexte historique
  • Éclairage média

Informations et crédits

Type de média :
Type du document :
Collection :
Source :
Référence :
00207

Catégories

Niveaux - disciplines

Thèmes

Lieux

Personnalités

Éclairage

Éclairage

  • Contexte historique
  • Éclairage média

Contexte historique

ParProfesseur agrégé d’histoire au Lycée international Jeanne-d’Arc, Nancy

Le parcours de Maurice Barrès (1862-1923), figure du nationalisme sous la IIIe République et personnalité bien connue en Lorraine, permet d’aborder de nombreux aspects de cette période. En tant qu’écrivain qui s’engage en politique, il représente un cas intéressant de la figure de « l’intellectuel » qui apparaît alors avec l’Affaire Dreyfus (1894-1906). Intéressant car il fut lui-même l’un des premiers à utiliser le terme de manière péjorative et ironique pour les défenseurs de Dreyfus (Zola, Gallé). Sa postérité en tant qu’écrivain et la réalité de l’homme qu’il fut ont fait de Barrès un sujet de controverses régulières au niveau national, qui semblent relativement épargner la Lorraine, où le personnage paraît faire consensus. Cet écart significatif entre une mémoire locale centrée sur ses écrits louant la beauté des paysages régionaux et une mémoire nationale plus politisée surprennent ceux qui, arrivant en Lorraine, constatent le nombre de rues et d’écoles qui portent son nom.

Né à Charmes (Vosges) dans une famille relativement aisée, Maurice Barrès passe ses années de formation à Nancy, d’abord comme interne au collège de la Malgrange puis au Lycée (actuel lycée Poincaré) et enfin à la faculté de droit. Etudiant peu sérieux, il se rend ensuite à Paris où ses talents d’écrivain lui ouvrent les pages des revues et publications. Son style et sa désinvolture plaisent, faisant de lui le « prince de la jeunesse » et le succès de sa trilogie Le Culte du Moi, empreint d’égotisme. Flirtant avec le socialisme et l’anarchisme, il s’engage en politique auprès du général Boulanger (1837-1891) qui mène un mouvement antiparlementaire menaçant la jeune IIIe République à la fin des années 1880. En 1889, il est élu député boulangiste de Nancy comme « socialiste révolutionnaire ». Très vite, il cherche à se distinguer des courants d’extrême-gauche et affirme un nationalisme fortement teinté de conservatisme. Son œuvre évolue et reflète ces thématiques. Son roman Les Déracinés (1897, premier volet de sa trilogie Le Roman de l’énergie nationale) commence au lycée de Nancy et suit une génération de jeunes garçons, formés par leur professeur de philosophie venu de Paris qui les pousse à s’éloigner de leurs racines lorraines. Son anti-universalisme s’y exprime fortement. Il affirme qu’on ne fait pas « avec des petits Lorrains, avec des enfants de la tradition, des citoyens de l’univers, des hommes selon la raison pure » (allusion à Kant, qu’il critique).

Avec l’affaire Dreyfus, ce nationalisme devient franchement antisémite. Il prend position contre les « révisionnistes », les « intellectuels » et bien sûr les Juifs. Il préfère la « préservation sociale » à la défense d’une « idée » comme la justice, reflétant ainsi le parcours de nombreux hommes politiques, plutôt à droite.

Poursuivant son engagement politique, il soutient Déroulède (1846-1914), s’engage dans la Ligue de la Patrie française créée en 1898. Devenu une figure du nationalisme, il s’intéresse davantage à sa Lorraine natale après la mort de ses parents, achète une maison à Charmes et consacre une trilogie à la région : Les Bastions de l’Est (1905-1921). Il y exprime son désir d’une revanche contre l’Allemagne, lui qui fut, à 8 ans, profondément marqué par l’invasion prussienne de 1870. En 1906, il est élu à l’Académie française et de nouveau député. Son roman La Colline inspirée (1913) témoigne de sa volonté de « s’enraciner » en Lorraine. Il loue ses « lieux où soufflent l’esprit » en faisant de la colline de Sion, au cœur du Saintois (sud de Nancy), un véritable personnage. Il contribue à en faire un lieu de pèlerinage revanchard aux dimensions régionale et nationale, tourné vers les provinces perdues en 1870.

Au cours de la Grande guerre, son nationalisme trouve naturellement à s’exprimer. L’écrivain Romain Rolland le surnomme « le rossignol des carnages ». Il se rallie à l’Union sacrée, manière de se réconcilier avec cette république parlementaire tant décriée. Son nationalisme s’ouvre alors davantage aux individus qu’il excluait auparavant de la communauté nationale (protestants, Juifs). En 1920, il vient célébrer la victoire sur la colline de Sion, véritable lieu de mémoire régional, en posant dans l’église une inscription consacrant le retour de l’Alsace et de la Moselle (« Ce n’était pas pour toujours »). Après son décès en 1923, l’autre grand personnage local, le Maréchal Lyautey, fait construire en son honneur, sur la colline, une lanterne des morts décorée d’extraits de ses œuvres.

Son œuvre littéraire a eu une grande influence au XXe siècle (Drieu la Rochelle, Mauriac, Aragon s’en réclament) mais n’est plus vraiment étudiée. Les travaux historiques, depuis Zeev Sternhell qui voyait en lui un précurseur du fascisme (Maurice Barrès et le nationalisme français, 1972), insistent davantage sur son antisémitisme et son nationalisme.

Éclairage média

ParProfesseur agrégé d’histoire au Lycée international Jeanne-d’Arc, Nancy

Le reportage, réalisé en 2003, fait partie d’une série sur les personnages connus et méconnus en Lorraine. Il retrace la vie de Maurice Barrès sans cacher certains aspects controversés. A propos de la présentation en plateau du reportage, il convient de rappeler que l’antisémitisme n’est pas une « opinion » mais constitue bel et bien un délit. Par les choix d’images, les entretiens et le commentaire, le reportage permet d’envisager les différents aspects de la vie et de l’œuvre de Maurice Barrès tout en abordant la pluralité des perceptions à différentes échelles, locale et nationale. Le commentaire, plutôt bien informé, mêle des jugements assez tranchés et sans concession sur le personnage, jugé « abject », mais reprend parfois, sans doute de manière inconsciente et sans distance, les termes mêmes de Barrès : « Le Lorrain enraciné qu’il était ». Ce thème des « racines » lorraines est développé par Guy Koch, président de l’association « Connaissance de Barrès », qui œuvre à faire connaître ses écrits. Celui-ci parle d’un « enracinement dans le sol », d’une « façon sentimentale ». En contrepoint, l’historien Jérôme Pozzi rappelle que « son antisémitisme se met en place vers 1894, au début de l’Affaire Dreyfus ». Le nationalisme (on l’aperçoit conversant avec le poète nationaliste italien D’Annunzio), l’antisémitisme et la xénophobie de Barrès sont donc abordés par le biais de son action politique en tant que député plus que par son œuvre dont Guy Koch vante les mérites littéraires et l’ancrage dans la terre de Lorraine. 

Le reportage offre une introduction à la vie de Barrès en retraçant son parcours. Il rappelle le traumatisme qu’ont constitués la guerre de 1870 et « l’invasion prussienne » alors qu’il n’avait que 8 ans : « De là naîtra son esprit nationaliste et revanchard ». Puis ses études de droit à Nancy sont illustrées par des images de la place Stanislas et de l’université (Place Carnot). Montrant la vieille-ville, le reportage nous rappelle que Barrès ne fut pas un étudiant très sérieux, « noceur, noctambule et habitué des bordels de la vieille-ville ». Sa « montée à Paris » est très brièvement abordée pour parler plus longuement de son retour en Lorraine, justifié par Guy Koch comme un tournant causé par la mort de ses parents, alors qu’il a environ 40 ans.

Toute une partie du reportage est consacrée à la « campagne lorraine » et à des lieux évoqués dans l’œuvre de Barrès (Bayon, Saint-Germain, Borville, Gripport, Haroué), dans le département de Meurthe-et-Moselle, entre Charmes et Nancy. Mais le lieu le plus propice au souvenir de Barrès est bien entendu la colline de Sion, objet d’un roman de 1913 retraçant de manière fictive un épisode bien réel de l’histoire de la colline : le mouvement mystique développé par les frères Baillard au milieu du XIXe siècle. Le titre du livre, La Colline inspirée, sert encore aujourd’hui à désigner la colline dans la région. 

La conclusion du reportage évoque la « discrétion » de ceux qui veulent faire connaître Barrès et la sobriété de la stèle qui lui est dédiée à Charmes. Pourtant, dans toute la Lorraine et en particulier dans les lieux où il a vécu et sur lesquels il a écrit, de nombreuses rues (Nancy, Vézelise, Frouard, Custines, Malzeville, Dombasle, Charmes, Metz…), et des établissements scolaires (Charmes, Saulxures, Richardménil, Metz) portent son nom. Rue de la Ravinelle à Nancy, une plaque apposée sur une maison rappelle encore qu’il y vécut pendant ces études de droit. A Paris, une place lui est dédiée depuis 1924 (Ier arr.), ainsi qu’un boulevard à Neuilly-sur-Seine où il est décédé. Les monuments qui lui sont dédiés à Charmes et sur la colline de Sion portent des citations faisant référence à son amour pour la terre de Lorraine et ses morts. La stèle de Charmes a été inaugurée le jour de la fête des morts 1952 et reproduit cette citation : " De la campagne, en toutes saisons, s'élève le chant des morts. Le vent l'emporte et le disperse comme une senteur. Que son appel nous oriente ! ". Une cérémonie officielle annuelle se déroule au pied de la stèle, organisée par la mairie de la ville où est né et enterré Maurice Barrès.

Transcription

Sur les mêmes niveaux - disciplines

Date de la vidéo: 09 juil. 2018

Durée de la vidéo: 01M 52S

Cérémonie d’hommage au Maréchal Lyautey à Thorey-Lyautey

Date de la vidéo: 09 oct. 2016

Durée de la vidéo: 02M 0S

Mulhouse accueille une statue du capitaine Dreyfus réhabilité

Date de la vidéo: 07 août 2009

Durée de la vidéo: 02M 16S

Entre exploration et conquête, les ambiguïtés de la mémoire coloniale

Date de la vidéo: 17 juin 2006

Durée de la vidéo: 02M 07S

Les 100 ans de la "S.C.A.R."

Date de la vidéo: 09 juil. 2018

Durée de la vidéo: 01M 52S

Cérémonie d’hommage au Maréchal Lyautey à Thorey-Lyautey

Date de la vidéo: 09 oct. 2016

Durée de la vidéo: 02M 0S

Mulhouse accueille une statue du capitaine Dreyfus réhabilité

Date de la vidéo: 07 août 2009

Durée de la vidéo: 02M 16S

Entre exploration et conquête, les ambiguïtés de la mémoire coloniale

Date de la vidéo: 17 juin 2006

Durée de la vidéo: 02M 07S

Les 100 ans de la "S.C.A.R."

Date de la vidéo: 13 déc. 1999

Durée de la vidéo: 04M 34S

Déportation des civils meusiens pendant la guerre de 14-18

Date de la vidéo: 02 janv. 2000

Durée de la vidéo: 06M 08S

L’abolition de la peine de mort en France, une histoire troyenne

Date de la vidéo: 16 juil. 1991

Durée de la vidéo: 02M 13S

Martin Bucer et la Réforme à Strasbourg

Date de la vidéo: 11 mai 2011

Durée de la vidéo: 03M 06S

L’annexion de l’Alsace à l’Allemagne de 1871 et ses conséquences

Date de la vidéo: 21 févr. 2018

Durée de la vidéo: 03M 07S

Rafle et déportation pour le STO à Nancy en 1943

Date de la vidéo: 03 janv. 2018

Durée de la vidéo: 03M 41S

Julie-Victoire Daubié, pionnière du féminisme

Date de la vidéo: 27 mars 2013

Durée de la vidéo: 05M 12S

Le château du Haut-Koenigsbourg : entre moyen-âge et XXe siècle

Date de la vidéo: 07 août 2009

Durée de la vidéo: 02M 16S

Entre exploration et conquête, les ambiguïtés de la mémoire coloniale

Sur les mêmes thèmes

Date de la vidéo: 09 déc. 1999

Durée de la vidéo: 03M 46S

Portrait de Raymond Poincaré, figure-clé des années 1910 et 1920

Date de la vidéo: 09 oct. 2016

Durée de la vidéo: 02M 0S

Mulhouse accueille une statue du capitaine Dreyfus réhabilité

Date de la vidéo: 20 oct. 2006

Durée de la vidéo: 02M 01S

"Emile Gallé et l'affaire Dreyfus", un exposition en 2006 au musée de l'École de Nancy

Date de la vidéo: 29 août 2007

Durée de la vidéo: 0S

Pierre Messmer, gaulliste et député de Moselle

Date de la vidéo: 22 mars 2008

Durée de la vidéo: 03M 29S

Le château de Cirey-sur-Blaise : la philosophie de Voltaire rencontre les sciences de Mme du Châtelet

Date de la vidéo: 03 janv. 2018

Durée de la vidéo: 03M 41S

Julie-Victoire Daubié, pionnière du féminisme

Date de la vidéo: 07 août 2002

Durée de la vidéo: 07M 02S

Sur les traces du jeune Goethe en Alsace [en alsacien]

Date de la vidéo: 19 juil. 2006

Durée de la vidéo: 04M 34S

Nathan Katz, un chantre de la poésie alsacienne [en alsacien]

Sur les mêmes lieux

Date de la vidéo: 11 mai 1976

Durée de la vidéo: 04M 59S

Louise Weiss : faire de la femme une citoyenne

Date de la vidéo: 22 janv. 2018

Durée de la vidéo: 01M 58S

Historique du traité franco-allemand de 1963

Date de la vidéo: 12 oct. 2015

Durée de la vidéo: 02M 17S

Paris-Reims en « bus Macron » : un exemple de la libéralisation des transports

Date de la vidéo: 03 mai 2011

Durée de la vidéo: 02M 21S

Claude Le Lorrain au Louvre : le dessinateur face à la nature

Sur les mêmes personnes

Pied de page

Panorama Grand Est

  • Région Grand Est
  • Lumni Enseignement
  • Ministère de l'Éducation nationale
  • Galaxie INA
  • Découvrez les autres fresques
  • Fresques INA ©2025

Les liens utiles

  • Présentation
  • Mode d'emploi
  • Crédits
  • Partenaires
  • Historique des sources
  • Mentions légales
  • CGU
  • Contact
  • FAQ
  • Déclaration d'accessibilité
  • Charte pour la vie privée
  • Plan du site

Suivez-nous

  • Page Facebook de l'INA (nouvelle fenêtre)
  • Page Twitter de l'INA (nouvelle fenêtre)
  • Page Instagram de l'INA (nouvelle fenêtre)

TOUS DROITS DE REPRODUCTION ET DE DIFFUSION RESERVES ©2025 INSTITUT NATIONAL DE L'AUDIOVISUEL - ACCESSIBILITÉ : TOTALEMENT CONFORME