Le traité de l'Elysée a 50 ans
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Le traité de l’Elysée fête ses cinquante ans. Après avoir rappelé les étapes du rapprochement entre la France et l’Allemagne depuis 1945, le reportage évoque l’action des couples franco-allemands après 1963 et la place de l’Alsace dans ce processus.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
21 janv. 2013
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Signé le 22 janvier 1963 par le président De Gaulle et le chancelier Adenauer, le traité de l’Elysée pose les bases d’une coopération étroite entre la France et la RFA : tenue régulière de consultations entre les gouvernements, harmonisation des politiques étrangères, de défense et d’éducation. Est ainsi créé l’Office Franco-Allemand de la Jeunesse (OFAJ), pour favoriser l’apprentissage de la langue du partenaire. Ce traité s’inscrit dans le contexte de rapprochement entre les deux « ennemis héréditaires » engagé après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
En 1945, la France cherche à obtenir des garanties fermes (statut de la Sarre, contrôle militaire de l’Allemagne…) pour éviter la résurgence de la puissance allemande. Le pacte conclu avec l’URSS en 1944 illustre ce qui constitue alors un objectif fondamental de la politique étrangère française. Toutefois, les tensions croissantes entre les gouvernements américain et soviétique, la rupture entre les trois alliés occidentaux et l’URSS lors de la conférence de Londres fin 1947 entraînent l’unification des trois zones d’occupation. La fermeté des revendications françaises n’est dès lors plus guère tenable dans ce climat de guerre froide. Le blocus de Berlin-Ouest entrepris par Staline entre juin 1948 et mars 1949 et la création conséquente d’un Etat allemand occidental (5 mai 1949) imposent aux gouvernements français un changement de politique, changement rendu aussi possible par la volonté du chancelier Adenauer de faire exister la RFA sur la scène diplomatique européenne, notamment par une coopération économique avec les Français. En France, le principe d’une collaboration économique s’accordait avec le souci de contrôler l’industrie allemande du charbon et de l’acier, dans le but de prévenir une nouvelle guerre.
En 1951 est ainsi fondée la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) qui mutualise les ressources du charbon et de l’acier de plusieurs pays européens, dont la France et la RFA. Les bases du couple franco-allemand sont dès lors posées. Dans le même temps, pressés par les Américains qui souhaitent l’intégration de la RFA dans un système de défense continental, le gouvernement français propose un projet de Communauté Européenne de Défense (CED) dès 1950, à savoir la création d’une armée européenne sous un même uniforme et la mise en place d’une politique d’armement commune. Si le traité est signé en 1952 à Paris, il suscite en France un conflit politique majeur entre les opposants (gaullistes, communistes, une partie des socialistes) et les partisans (les démocrates-chrétiens, les radicaux, des socialistes…) qui empêche son adoption finale. Le rejet définitif le 30 août 1954 n’est pas qu’un événement franco-français car il marque un coup d’arrêt dans la dynamique européenne jusqu’en 1957, date de la conclusion du traité de Rome (25 mars) créant non seulement un marché commun européen mais aussi une communauté de l’énergie atomique (EURATOM).
L’élection de Charles de Gaulle comme président d’une nouvelle République en 1958 ne contrarie pas ce processus. Dès les premières rencontres avec le chancelier ouest-allemand des points de vue concordant émergent. Si Adenauer considère que les relations avec la France sont la base de l’intégration de la RFA dans le bloc occidental, De Gaulle voit dans un partenariat franco-allemand renouvelé un instrument pour sa politique étrangère de grandeur mais aussi un outil pour conserver l’influence française au sein de la Communauté européenne. La visite officielle du chef du gouvernement de la RFA en France en juillet 1962 marque le nouvel élan du rapprochement. Le point d’orgue est constitué par l’étape à Reims, ville-martyre de la Grande Guerre et lieu de capitulation des armées allemandes en mai 1945. De fait, le séjour du chancelier est suivi par la signature du traité de l’Elysée six mois après.
Or, la dynamique du rapprochement est vite ralentie. Le départ d’Adenauer (le 15 octobre 1963) met fin au premier couple franco-allemand. Le nouveau chancelier, Ludwig Erhardt, ne s’entend pas avec De Gaulle, d’autant qu’il privilégie un alignement de la politique étrangère ouest-allemande sur la ligne américaine. Cette orientation atlantiste s’oppose directement aux objectifs gaulliens d’une diplomatie équidistante à la fois de l’URSS et des Etats-Unis. Après la désignation de Willy Brandt comme chancelier (octobre 1969), le gouvernement ouest-allemand décide, sans concertation préalable avec la France, de lancer l’Ostpolitik, autrement dit, de reconnaître la RDA et de normaliser les relations avec l’URSS et les autres membres du bloc de l’est. Toutefois, après 1974, les relations amicales entre les présidents français et les chanceliers allemands permettent de donner une nouvelle impulsion à l’axe Paris/Berlin.
Les « couples » franco-allemands accentuent en effet la coopération entre les deux nations (création de la brigade franco-allemande en 1988, fondation de la chaîne de télévision ARTE en 1991, aménagement des sections Abibac en 1994…). En outre, cette bonne entente entre les dirigeants permet de renforcer la politique de construction européenne (traités de Maastricht et de Nice...), une fois les craintes françaises devant la réunification allemande (1990) dissipées. Les gestes spectaculaires (Mitterrand et Kohl se tenant la main à Verdun en 1984 devant un cercueil orné des deux drapeaux) alternent avec des rencontres régulières informelles. Après 2002, le partenariat connaît un nouveau ralentissement.
Les raisons sont variées : une nouvelle génération de dirigeants français et allemands arrive au pouvoir, les tensions nouvelles dans une Union Européenne fortement élargie (passée de 15 à 25 membres en 2004, puis à 28 en 2013) remettent en cause le rôle moteur de la France et l’Allemagne. Si la création de l’OFAJ a été un indéniable succès (en 2013, on comptait près de 2 300 jumelages de communes françaises et allemandes), la lente érosion de l’apprentissage de la langue de l’autre à l’école (en 1998, 36 % des élèves de lycées français apprenaient l’allemand, 28 % seulement en 2003) souligne que la dynamique impulsée n’a plus cours. Sans revenir sur le rapprochement institutionnalisé en 1963, ces difficultés en contrarient l’élan. Les cinquante ans en 2013 sont l’occasion d’une célébration solennelle devant le Bundestag à Berlin avec Angela Merkel et François Hollande, mais ne débouchent pas sur de nouveaux engagements.
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Consacré aux 50 ans du traité de l’Elysée, ce reportage a été diffusé dans le journal télévisé de France 3 Alsace le 21 janvier 2013. Avec un prisme à la fois national et local, l’émission rappelle d’abord la genèse de l’événement puis ses conséquences. La première partie est consacrée à l’anniversaire proprement dit. Est ainsi évoquée la rencontre à Berlin entre François Hollande, Angela Merkel et des jeunes dans le cadre de l’anniversaire du traité de l’Elysée en 2013, un jour avant la commémoration officielle devant le Bundestag. L’accord de 1963 est ensuite replacé dans la thématique plus globale du rapprochement franco-allemand entamé depuis 1945. Le reportage mobilise alors des extraits d’archive portant sur le traité de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) de 1951, sur la signature à l’Elysée du traité franco-allemand le 22 janvier 1963, précédée d’une vue de Paris. Le segment s’achève sur une scène d’ouverture dans la joie d’une frontière entre les deux pays, non contextualisée, qui intervient lorsque la création de l’OFAJ est mentionnée par la voix-off.
La deuxième partie du journal place la focale sur les couples franco-allemands comme moteurs de la construction européenne. La séquence est inaugurée par l’image de François Mitterrand et d’Helmut Kohl à Verdun en 1984, main dans la main pour rendre hommage aux victimes françaises et allemandes des deux guerres mondiales. Le commentaire souligne que cette impulsion motrice reposait également sur des rencontres régulières informelles entre les dirigeants des deux pays, une modalité née dans un restaurant alsacien de Blessheim.
Différents couples sont alors montrés, sans toutefois respecter l’ordre chronologique. Le duo Giscard d’Estaing/Schmidt est ainsi placé après celui de Chirac/Kohl et Chirac/Schröder, juste avant un reportage montrant Angela Merkel et François Hollande. Cet ordre s’explique sans doute par l’importance de ces couples dans les relations franco-allemandes. De 1974 à 1981, Schmidt et VGE incarnent une union sans désaccords, parlant d’une même voix sur la scène internationale et contribuant ainsi à approfondir la construction européenne. Si la phase Chirac/Kohl est marquée par des relations moins fortes, le duo Chirac/Schröder voit les deux pays s’unir dans le refus de la seconde guerre du Golfe, retrouvant la communauté de vue et d’action de la période VGE/Schmidt. Enfin, le dernier tandem Merkel/Hollande est montré lors de la visite commune à Reims, dans le cadre de la commémoration de la venue du chancelier Adenauer et du président de Gaulle en juillet 1962. Dans un contexte difficile (crise en Grèce, tensions en Ukraine…), les deux dirigeants n’ont pas imprimé une nouvelle étape dans les relations franco-allemandes. Toutefois, la présence de la chancelière aux côtés du président de la République à Paris en janvier 2015 après les attentats terroristes a montré de manière spectaculaire la solidarité entre les deux nations.
Le journal se termine sur des images de soldats français et allemands de l’Eurocorps s’entraînant dans leur caserne d’Illkirch Graffenstaden dans la banlieue de Strasbourg. Ce symbole de la réconciliation, ouverte par le traité de l’Elysée, s’achève sur une partie de football opposant des militaires des deux nations, clin d’œil sans doute au match de demi-finale de coupe du monde à Séville en 1982, dont l’issue avait suscité un ressentiment en France envers l’Allemagne, obligeant les dirigeants de l’époque (François Mitterrand et Helmut Schmidt) à publier une déclaration commune sur l’amitié franco-allemande.
Transcription
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