Après la tempête Lothar, une forêt plus durable dans les Vosges du Nord
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Résumé
En 1999, la tempête Lothar ravageait le massif forestier des Vosges du Nord. Depuis, la forêt a beaucoup évolué : le choix a été fait de renoncer à la monoculture de résineux, rentable mais fragile, pour replanter une forêt plus durable.
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Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
07 nov. 2019
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d’histoire-géographie au lycée Scheurer-Kestner de Thann
Publication : 01 sept. 2021
88 morts, 3,5 millions de foyers privés d’électricité, 69 départements déclarés en situation de catastrophe naturelle, des dégâts évalués en octobre 2000 à 75 milliards de francs. Ces quelques chiffres nous rappellent les conséquences dramatiques de la « tempête du siècle » de 1999. C’est précisément le 26 décembre et le 28 décembre 1999 que les tempêtes Lothar et Martin balayent la France et une partie de l’Europe. Des vents de plus de 150 km/heure ont touché 6% de la surface forestière française, soit 968 000 hectares d’après l’inventaire forestier national (l’équivalent de la superficie du département de la Gironde). Sur cette aire, 485 000 hectares ont été détruits à plus de 50%. Le volume de chablis (bois cassé ou renversé) a été estimé au total à 140 millions de mètres cubes par l’Office national des forêts (ONF), dont plus d’un tiers dans la région Grand Est, particulièrement sinistrée. En Alsace par exemple, ce sont ainsi 11 900 hectares de forêt qui ont été détruits à plus de 70%, soit 8% de la totalité de l’espace boisé alsacien, principalement dans le secteur visé par le reportage, à savoir entre Brumath et Haguenau. Au total, ce sont près de 6,6 millions de mètres cubes de bois qui sont tombés à terre et il faudra trois années entières pour traiter ces chablis.
Le reportage cherche à présenter aux téléspectateurs l’évolution et l’état de cette forêt, à l’occasion du vingtième anniversaire de cette catastrophe naturelle exceptionnelle. On apprend que l'ONF n'a pas eu les moyens à l’époque de tout replanter et que cette crise a été l’occasion de repenser la gestion et l’exploitation du massif forestier. Dès 2001, l'ONF édite un premier guide intitulé Reconstitution des forêts après tempêtes. La recommandation est de privilégier la régénération naturelle à chaque fois que c'est possible. Comme l'explique Franck Dorffer, technicien forestier à l'ONF : « Vu la surface qui était à régénérer, on était obligés d’adapter notre sylviculture. C’est une sylviculture moins intensive. En fait, on passe plus souvent, mais on fait des travaux beaucoup plus fins. On sélectionne des tiges d’avenir, et on travaillera au profit des plus belles tiges. »
Un bilan réalisé par l'ONF en 2019 montre que les surfaces détruites en forêt publique (144 000 hectares) ont été reconstituées à quasi 100%, avec 65% de régénération naturelle. Dans les autres cas, le développement de végétation herbacée (fougères, graminées, ronces) a empêché le développement des semis et imposé des actions de plantation, avec l’installation d’essences adaptées aux évolutions climatiques et aux potentialités forestières du sol. C’est ainsi que le chêne sessile, le mélèze, le hêtre et le charme ont été les principales essences de reboisement après la tempête de 1999 en Alsace.
Le reportage montre que c’est aussi la démarche suivie par de nombreux propriétaires privés en prenant l’exemple de la forêt de Bust dans les Vosges du Nord. On a compris qu’il fallait abandonner en partie le modèle productiviste de la forêt au bénéfice d’une sylviculture extensive, dans laquelle les acteurs choisissent les essences de bois les plus adaptées au climat et aux sols de la région. Une régénération réussie en vingt ans, même si le reportage évoque un petit bémol au sujet de certaines clairières laissées à l’abandon suite aux tempêtes, en parlant de « paysage pas génial » mais néanmoins intéressant pour la biodiversité et la faune. Un nouveau bilan mériterait d’être réalisé à moyen terme, notamment du point de vue économique pour la filière bois, car s’il ne faut que quelques années pour replanter après une tempête, il faut au moins attendre 25 ans pour une récolte de bois de qualité.
Éclairage média
ParProfesseur certifié d’histoire-géographie au lycée Scheurer-Kestner de Thann
Le reportage s’ouvre avec des vues aériennes de la forêt de Haguenau et de Brumath aujourd’hui, auxquelles succèdent rapidement des images d’archives, elles aussi aériennes, datant des jours qui ont suivi la tempête Lothar du 26 décembre 1999. Cela permet d’appuyer le propos du journaliste, qui évoque une forêt dont le « visage a changé ». Le montage du reportage reprend le même procédé un peu plus tard : des images post-tempête, qui montraient un propriétaire privé ayant replanté de nouvelles essences dans la forêt dévastée, sont juxtaposées à une interview de ce même propriétaire vingt ans plus tard dans les mêmes lieux. On comprend l’efficacité du reboisement puisque ces jeunes pousses en 1999 font, au moment du reportage, plus de 15 mètres.
Le reportage donne la parole à différents acteurs de la forêt, comme des agents et des techniciens de l’ONF, un conseiller forestier à la Chambre d’agriculture et un membre de l’Association forestière des Vosges. Tous s’accordent pour dire que cette tempête a été, avec le recul, un mal pour un bien, puisque la forêt alsacienne est aujourd’hui « moins rentable mais certainement plus durable », comme le conclut le journaliste à la fin du reportage. On peut regretter l’absence de la mention d’une autre difficulté actuelle pour la forêt alsacienne. En effet, de nombreux arbres dépérissent du fait du réchauffement climatique, de sécheresses répétées et de la prolifération de scolytes, des coléoptères qui se nourrissent de la sève des arbres jusqu’à leur dépérissement. C’est un nouveau défi auquel doivent faire face les acteurs du milieu forestier en Alsace.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
David Meneu
La forêt a bien poussé.Elle est encore toute jeune, 20 ans et déjà 10 à 15 mètres de haut.Son visage a changé, car la tempête Lothar a profondément remis en cause la manière de s'en occuper.En décembre 99, la monoculture de pin sylvestre était rentable, mais elle n'a pas résisté.Dans le secteur de Brumath et Hagueneau, des vents à 150 km/heure ont tout balayé.Quatre ans de récoltes tombées à terre, en quelques heures.
Laurent Ulrich
On peut dire qu'il y a en gros trois ou quatre générations de forestiers, de bûcherons, qui ont travaillé ici pour voir le résultat que vous avez derrière vous.Ce sont des arbres qui ont, qui sont centenaires.Voilà, il en reste quelques moignons, quelques..., quelques chandelles, voilà.
David Meneu
Impossible de tout replanter, l'ONF n'avait pas les moyens.Il a fallu composer avec la régénération naturelle et changer la manière de travailler.
Franck Dorffer
Vu la surface qui était à régénérer, on était obligés d'adapter notre sylviculture.C'est une sylviculture moins intensive.En fait, on passe plus souvent, mais on fait des travaux beaucoup plus fins.On sélectionne des tiges d'avenir et on travaillera au profit des plus belles tiges.Et celui-là il est pas mal, oui, mais vraiment l'arbre dominant, localement, c'est celui-là, c'est du chêne sessile, c'est quand même l'essence qu'on va favoriser en premier.Donc là, on coupe les arbres qui le dérangent, afin qu'il puisse vraiment bien pousser et se développer correctement
David Meneu
Dans les Vosges du Nord, certains secteurs avaient été dévastés.La forêt porte encore aujourd'hui les stigmates de la tempête.A l'époque, beaucoup de propriétaires privés avaient décidé de replanter de jeunes arbres.Vingt ans plus tard, la forêt de Bust est méconnaissable
Jean Braud
C'est ici que je touchais les petits chênes, comme ça.Regardez si c'est beau ça, parfait, sept mètres sans nœud.C'est beau, c'est vigoureux, ça pousse bien.Impeccable.
David Meneu
Il a pris combien là ? En vingt ans ?
Jean Braud
Il a une quinzaine de mètres de haut.C'est bien, c'est une bonne croissance.
David Meneu
Des forêts replantées, mais plus comme avant.La monoculture de résineux a montré ses faiblesses.Désormais, les essences sont plus mélangées : chêne, mélèze, hêtre ou charme.
Jean Braud
Là, ça a été planté en épicéa parce que c'était dans les années 50.C'était la mode.On plantait partout de l'épicéa.Et puis alors après ça, ça se casse la figure, c'est, c'est pas adapté.Mais là donc, donc la première, la première règle, c'est choisir l'essence adaptée aux sols et au climat.Cette technique a été confortée suite à la tempête, puisque c'est là que, quand on a vu dans les peuplements mélangés, qui ont mieux résisté que les peuplements purs, ça c'est clair.
David Meneu
Certains n'ont pas eu le courage de replanter.Le massif est parsemé de petites clairières laissées à l'abandon.
Claude Hoh
C'est un peu la jungle.On a la fougère aigle, on a la ronce.On a aussi les sureaux, qui sont au-dessus de nous.Là, on est dans une petite clairière.Donc elle a été, elle est encore aujourd'hui un abri pour les sangliers et les cerfs.Le sureau donne également, est intéressant pour les oiseaux comme baies à manger.Et puis ça fait d'un coup au milieu du massif forestier, un autre milieu qui est intéressant au niveau de la biodiversité.Au niveau paysage, ce n'est pas génial, mais ce n'est pas un souci pour l'ensemble de ce massif quoi.
David Meneu
Certaines forêts ont été détruites aux trois quarts dans le Bas-Rhin, mais finalement, la tempête a eu des conséquences positives.Remise en cause des aberrations du passé, création d'une forêt plus jeune, moins rentable, mais certainement plus durable.
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