Vincent Auriol remet la croix de guerre à la ville de Lyon
Notice
Vincent Auriol est venu remettre la croix de guerre à la ville de Lyon, capitale de la résistance. Il a également remis la médaille de la Résistance au maire Edouard Herriot et à sa femme pour leur attitude durant les années de guerre.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
Le 9 février 1943, le général De Gaulle, « chef de la France combattante » crée, à Londres, par ordonnance, la Médaille de la Résistance. Cette décoration avait pour but de « reconnaître les actes de foi et de courage qui, en France, dans l'Empire et à l'étranger, auront contribué à la résistance du peuple français contre l'ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940 ». Il s'agit de la seconde décoration après l'Ordre de la Libération (dont ont été honorés Grenoble ou Vassieux-en-Vercors). Près de 62 000 personnes, 18 collectivités territoriales (dont Lyon, La Chapelle en Vercors, Meximieux, Nantua, Oyonnax, Saint-Nizier-du-Moucherotte ou Thônes), des unités militaires et des collectivités en ont été décorés.
Cette décoration décrétée en 1946 et remise à la ville lors de la venue du président de la République, Vincent Auriol, le 15 mai 1949, est accompagnée de la Croix de Guerre et de la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur. La cérémonie est l'occasion, de saluer le « tribut de sang et de larmes que Lyon a apporté à la libération de la France et à la victoire de la Liberté ». On rappelle alors que la ville a été qualifiée de « capitale de la résistance » par le général De Gaulle lors de sa visite triomphale du 14 septembre 1944. De cette manière on souhaite rappeler les heures difficiles qu'a traversées l'agglomération lyonnaise pendant la Deuxième Guerre mondiale : les grandes rafles d'août 1942 et février 1943, les exécutions de prisonniers du fort Montluc place Bellecour en juillet 1944 ou à Bron et Saint-Genis Laval en août 1944, les nombreuses arrestations dont celle de Jean Moulin à Caluire en juin 1943 n'en sont que quelques évocations. On reconnaît également le rôle de premier plan de Lyon dans la Résistance. Celle-ci fut en effet le lieu de naissance ou d'implantation de nombreux mouvements de résistance (Franc Tireur, Libération Sud, Front national pour la libération et l'indépendance de la France...), de parution de journaux de presse clandestine (Cahiers de Témoignage chrétien, Combat, Le coq enchaîné, L'Insurgé...), mais également de la fédération des mouvements (création des Mouvements Unis de Résistance - MUR - en janvier 1943 grâce à l'action de Jean Moulin) et d'une multitude d'actions individuelles ou collectives.
Dans une deuxième partie du reportage, on montre la remise de la Médaille de la Résistance au couple Herriot « en récompense de leur attitude durant les années de la guerre ». Le maire de Lyon peut en effet apparaître comme une des victimes de Vichy : réélu sans discontinuité à la tête de la municipalité depuis 1905, il avait en effet été suspendu de ses fonctions le 20 septembre 1940. De novembre 1942 à août 1944, il fut même placé en résidence surveillée en Isère puis interné dans la Creuse avant d'être placé sous surveillance de la Gestapo à Vittel, puis dans la région de Nancy. Accompagné de sa femme, il fut ensuite déporté en Allemagne, d'où il ne fut libéré qu'en avril 1945.
Du fait de ses convictions républicaines et de son patriotisme, Édouard Herriot était farouchement opposé à la capitulation et plus encore à la disparition de la démocratie. Président de la Chambre des députés depuis 1936, il bénéficiait d'une certaine influence au moment de la défaite. Il fut alors de ceux qui, en juin 1940, affirmèrent leur volonté de continuer le combat (notamment en proposant un départ des pouvoirs publics hors de métropole). Lors du vote du 10 juillet 1940 il s'abstint de donner les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Par la suite, il fut, un temps, plutôt positif à l'égard du Maréchal. Mais sa destitution de la mairie de Lyon, la mise en sommeil de l'activité parlementaire (il est alors président d'une Chambre qui ne se réunit plus) et l'évolution dictatoriale du régime de Vichy entrainèrent son opposition de plus en plus ferme : il adresse alors de nombreuses lettres de protestation au gouvernement, prend la parole dans la presse étrangère et rend sa Légion d'Honneur. A la mi-1942 il est un adversaire déclaré du régime, ce qui explique les vexations dont il fut victime par la suite. Il est cependant à noter qu'Herriot ne souhaita pas que son action sorte de l'illégalité : ainsi, malgré les invitations que lui adressèrent Roosevelt ou Churchill, il refusa de rejoindre la Résistance à Londres. Doit-on voir dans cette attitude le refus d'un républicain légaliste de rentrer dans la clandestinité ou l'expression d'une méfiance à l'égard de la résistance gaulliste ? Quoi qu'il en soit cette position lui fut reprochée par de nombreux résistants à la Libération. Ceci ne l'empêcha pas de connaître une deuxième vie politique. Et d'être décoré de la Médaille de la Résistance.