Lyon au service de l'enfance
Notice
A l'Institut Mérieux de Lyon, on prépare de la tuberculine pour le dépistage de la tuberculose et du sérum de bovidés afin de lutter contre la sous-alimentation des enfants.
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
Marcel Mérieux, fils de soyeux lyonnais, diplômé de l'Ecole supérieure de chimie industrielle de Lyon travaille quelques années auprès de Pasteur avant de créer, en 1897, l'Institut biologique Mérieux rue Childebert, à côté de l'Hôtel-Dieu de Lyon. Ce sont peut être des bâtiments de l'Hôtel Dieu que l'on aperçoit depuis la fenêtre du laboratoire qui n'est pas nommé. Le nom de Mérieux n'est évoqué que pour l'association philanthropique Mérieux mais il est clair que le laboratoire évoqué au début du film est bien l'Institut Mérieux qui a mis au point le dépistage de la diphtérie, et la fièvre typhoïde. Le laboratoire produit aussi de la tuberculine de Koch utilisée pour la percuti-réaction qui permet de dépister la tuberculose.
En 1943, Charles Mérieux est à la tête de l'entreprise depuis le décès de son père en 1937. Il a été chargé par l'armée de produire du sérum antitétanique mais « le Docteur » fournit aussi clandestinement du sérum à la Résistance. La seconde partie du reportage évoque la production de sérum de bovidés qui permet de lutter contre la sous-alimentation enfantine qui favorise la contamination par le bacille de Koch. L'entreprise s'est rapprochée des abattoirs de Gerland afin de collecter le sang permettant la fabrication du sérum. Cette installation explique que, encore aujourd'hui, de nombreux laboratoires de biochimie soient implantés dans ce quartier du sud de Lyon.
Ce film est produit en 1943 par France Actualités une société mixte franco-allemande qui s'est installée à Paris après l'occupation de la zone sud par les Allemands. De nombreux documents de cette société sont marqués par une propagande pro-nazie assez explicite dès la fin de l'année 1943 mais ce n'est pas le cas ici. Ce document est caractéristique de ce que Jean-Pierre Bertin-Maghit appelle « film d'intérêt national » dont le rôle est de fédérer et d'éduquer. Le souci fédérateur se traduit d'emblée dans la manière de montrer l'agglomération lyonnaise où se succèdent les images de la cathédrale Saint-Jean dans le Vieux-Lyon et les Gratte-Ciel de Villeurbanne qui ont symbolisé la puissance des banlieues ouvrières et peut-être menaçantes au milieu des années 1930. Pourtant dans tous les milieux, dans tous les quartiers de la grande ville, la préservation de la santé des jeunes enfants est une cause et un enjeu qui ne peut être remis en cause. Le reportage enchaîne les images de manière à démontrer cette dimension fédératrice et « le rapport entre la voix off et l'image devient primordial dans l'art de la persuasion ». Ici pas d'ambiguïté, l'adhésion du spectateur est recherchée. Le montage alterne plans d'ensemble et plans rapprochés, il utilise le « fondu enchaîné généralement de plusieurs visages ». Cela est particulièrement patent pendant les scènes sur la percuti-réaction où le visage radieux des petites filles est bien utilisé pour obtenir l'adhésion à une cause qui n'admet pas d'opposition : la santé de l'enfance, c'est l'avenir de la France de demain.
Bibliographie :
- James Charrel, «« Entre pouvoir allemand et pouvoir français ». Les actualités cinématographiques en France », Sociétés et Représentations, 2001, n°12.
- Jean-Pierre Bertin-Maghit, « Encadrer et contrôler le documentaire de propagande sous l'occupation », dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire, juillet-septembre 1999, n°63.