Les mouvements sociaux à Lyon et à Grenoble
Notice
Beaucoup d'entreprises de la région Rhône-Alpes sont en grève . Toute la ville de Lyon est paralysée, il n'y a plus de bus , ni de train, ni d'avion. La situation est identique à Grenoble où dans tous les domaines le personnel est en grève.
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Éclairage
Le jour du reportage de Rhône-Alpes Actualités le lundi 20 mai est, en apparence, le jour de mise en grève généralisée. Alors que la grève reste minoritaire, le sentiment dominant est que le pays entier est arrêté. Les Français ont de ce fait soif d'informations : les 20 et 21 mai représentent les plus forts taux d'écoute mensuels des journaux télévisés. Les images du panorama régional insistent sur l'occupation des usines et l'arrêt des transports et des fabrications. Les symboles forts que constituent l'arrêt des trains, des bus, des raffineries et des grosses entreprises comme Neyrpic, la Rhodiacéta ou Berliet, la fermeture des écoles et des bureaux de poste, ont sans doute accrédité dans l'opinion publique le sentiment, conforté par les nouvelles qui en sont données par la télévision, la radio et la presse, que le pays entier était arrêté. Publié le 21 mai, Le Monde titre, pleine page à la une, « L'activité du pays est totalement paralysée ». Toutes les entreprises ne sont pas en grève : le maximum est atteint dans les grandes de l'automobile et de la chimie ; le minimum dans les petites et moyennes et les industries alimentaires.
La grève nationale de la SNCF débute dans la région le 16 mai au dépôt de Givors-Badan pour la défense de l'emploi de deux intérimaires et s'étend très rapidement grâce au système de communication interne dans l'entreprise. C'est le 17 mai que les deux usines rhodaniennes de Rhodiaceta entrent en grève, en même temps que Richard-Continental, Brandt, Paris-Rhône et Rhône-Poulenc, ainsi que Berliet, le constructeur de poids lourds, qui avait déjà connu une ébauche de grève en mars 1968. L'anagramme de LIBERTÉ surplombant la porte E de l'usine Berliet-Vénissieux est devenu emblématique du mouvement gréviste (mais on ne le voit pas dans le reportage), en oubliant qu'il s'agissait d'une réminiscence de la Libération en 1944. À Lyon et dans les autres communes de l'agglomération, les services municipaux sont fermés, seule une permanence est assurée pour l'état-civil. Tous les établissements de la Sécurité sociale sont en grève, et les salariés qui souhaitent reprendre le travail en sont empêchés par un piquet de grève. Dans le secteur privé, la grève est massive. Elle touche 111 entreprises de la métallurgie employant 51 140 salariés, 21 entreprises de la chimie (16 258 salariés), 8 du textile (9 131 salariés), 10 de l'imprimerie (1 107 salariés), 26 du bâtiment (2 683 salariés) et 7 des transports (751 salariés). A l'exception de deux, tous les grands magasins de l'agglomération sont fermés. Les principaux journaux locaux cessent leur parution le 21 mai. La consigne donnée par la CGT aux salariés qui occupent leur entreprise est de veiller à l'entretien des machines et des locaux — respectabilité ouvrière oblige — mais également de refuser tout contact avec la composante étudiante du mouvement. À Grenoble, les images de la grève des trains et de la gare vide s'ajoutent à celles des mots d'ordre écrits sur les banderoles « CGT-CFDT tous unis pour une véritable démocratie », « Les travailleurs occupent l'usine », « La retraite à 60 ans », « Du travail aux jeunes et déjà !», « Garantie de l'emploi » et « libertés syndicales ».