LES SITES DE L'INA

Accéder à la version pédagoqiqueConnectez-vous

Accueil Sudorama
Aller sur le site ina.fr - nouvelle fenêtre
Site de la Région Sud
CONNEXION
  1. Revenir à l'accueil
  2. Vidéos
  3. Inauguration du Mémorial du camp des Milles à Aix-en-Provence
IMPRIMER
10 sept.
2012

Inauguration du Mémorial du camp des Milles à Aix-en-Provence

  • Infos
  • Éclairage
  • Transcription

Infos

Résumé

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault vient inaugurer le Mémorial des Milles à Aix-en-Provence. Ce camp d’internement installé dans une tuilerie industrielle a fonctionné entre 1939 et 1942. C’est de là que sont partis vers la mort des milliers de Juifs de la zone non occupée dans l’été 1942.

Date de diffusion :

10 sept. 2012

Éclairage

  • Contexte historique
  • Articles utilisant cette vidéo
    • Repères pédagogiques
      • La déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale dans la région PACA
    • Parcours thématiques
      • Patrimoines et cultures contemporains
      • Une histoire migratoire régionale ancrée dans la longue durée

Informations et crédits

Type de média :
Type du document :
Collection :
Source :
Référence :
00414

Catégories

Thèmes

Lieux

Personnalités

Éclairage

Éclairage

  • Contexte historique
  • Articles utilisant cette vidéo
    • Repères pédagogiques
      • La déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale dans la région PACA
    • Parcours thématiques
      • Patrimoines et cultures contemporains
      • Une histoire migratoire régionale ancrée dans la longue durée

Contexte historique

Par

La tuilerie industrielle des Milles, à Aix-en-Provence, dont la production avait été arrêtée en 1938, a été réquisitionnée au début de la guerre en septembre 1939 pour y interner, sous administration militaire, « les ressortissants ennemis » résidant en Provence, à savoir les Allemands et Autrichiens, quelle que soit leur situation par rapport à leur pays d’origine. Or, la plupart de ces hommes étaient des réfugiés antinazis et souvent d’origine juive. Commencée le 17 septembre 1939 avec l’arrivée des premiers internés, l’histoire de ce camp d’internement improvisé et inadapté se décompose en deux moments jusqu’au début de l’été 1940. Dans le premier, les 1 850 internés furent dispersés après criblage, les uns étant libérés un ou deux mois après leur arrivée au camp, d’autres s’engageant dans la Légion étrangère, beaucoup étant versés dans des compagnies de travailleurs étrangers (CTE) utilisées à des travaux publics plus ou moins utiles dans les Basses-Alpes, et le reste étant envoyés à Lambesc. Fermée le 18 avril 1940, la tuilerie rouvrit le 12 mai suivant lorsque l’invasion allemande fit revenir le gouvernement sur l’internement des « ennemis ». Les femmes furent assignées dans des hôtels marseillais. Les hommes, venus comme en septembre des divers points de regroupement provisoire de la région, se retrouvèrent dans ces locaux parcourus par les vents, recouverts de poussière d’argile, sans points d’eau suffisants, dans des conditions de promiscuité d’autant plus indignes que le nombre des internés ne cesse d’augmenter avec le transfert des camps des régions envahies, jusqu’à atteindre près de 3 500 en juin 1940.

Beaucoup de ces internés étaient des intellectuels et des artistes, dont les témoignages - livres de souvenir, œuvres peintes, traces de leur passage parfois préservées dans la tuilerie - sont très précieux pour connaître la vie dans le camp et la façon dont ces hommes essayaient de la rendre moins indigne. Parmi eux, se trouvait la fine fleur de l’intelligentsia austro-allemande : des écrivains comme Lion Feuchtwanger qui donnera, avec Le diable en France, un saisissant témoignage sur Sanary où il était réfugié et sur Les Milles, Alfred Kantorowicz, le fils de Thomas Mann, Golo, Ernst Erich Noth (qui habitait Aix avant guerre), des peintres comme Max Ernst, Hans Bellmer ou Léo Marchütz (qui faisait partie des peintres du Château noir, près du Tholonet), des philosophes comme Walter Benjamin, des savants comme Otto Meyerhoff, prix Nobel de médecine, etc. Après une tentative manquée de  départ qui conduisit environ 2 000 d’entre eux, en vain, jusqu’à Bayonne, les internés furent parqués près de Nîmes avant de revenir pour partie aux Milles. Les internés qui n’étaient pas antinazis choisirent de retourner en Allemagne ; la plupart, évidemment, le refusèrent. Le gouvernement de Vichy institutionnalisa alors l’internement des « étrangers indésirables » et spécialisa les camps. La destination des Milles, dont la gestion passa aux mains du ministère de l’Intérieur, changea.

La tuilerie devint le camp de transit où furent envoyés les internés des camps du Sud-Ouest (Gurs, Le Vernet surtout), de nationalités diverses, qui avaient entrepris des démarches pour partir en Amérique (États-Unis, Mexique surtout) ou, pour les communistes, en URSS (avant juin 1941). Marseille est alors la seule porte de sortie de France, c’est là que se trouvent les consulats délivrant les visas, les associations d’assistance juives, protestantes et autres (comme le Comité américain de secours fondé par Varian Fry) qui aident les internés à faire les démarches, les compagnies de navigation qui vendent des places d’embarquement. Ces départs, qui ne cessent de connaître des hauts et des bas en fonction de la politique de Vichy ou celle des pays d’accueil, se réduisent à la mi-1942. Durant cette période, le nombre d’internés tourne autour de 1 300. La plupart sont juifs et la majorité reste austro-allemande (781 Allemands et 290 Autrichiens en juin 1942).

C’est à ce moment que se place la troisième phase, la plus courte mais aussi la plus tragique, de l’histoire des Milles. Lorsque le gouvernement de Vichy s’accorde avec la direction de la SS pour livrer certaines catégories de juifs étrangers réfugiés en zone non occupée, c’est-à-dire sous sa juridiction, le camp des Milles est utilisé pour regrouper les personnes concernées. À partir du 3 août 1942 sont mêlés aux internés les hommes pris dans des GTE (Groupements de travailleurs étrangers), des femmes et des enfants de tous âges sortis des hôtels marseillais où ils avaient été regroupés, puis les familles attrapées dans la grande rafle des 25-26 août. Presque tous partent pour Drancy en divers convois qui s’échelonnent les 11, 13 et 23 août, puis le 2 septembre, en dépit des interventions courageuses et obstinées de quelques personnes (le pasteur Manen, le rabbin Salzer, des membres des organisations de secours, quelques gardiens). Avec ces départs, la tragédie est à son apogée. Certaines victimes se suicident. Des enfants, que l’on sépare de leurs parents, peuvent être sauvés. Les derniers départs ont lieu les 10 et 11 septembre vers le camp de Rivesaltes (qui n’est qu’une étape avant Drancy). Au total, environ 1 900 personnes sont parties des Milles. La plupart aboutiront à Auschwitz. Il ne reste plus que 275 internés dans la tuilerie, reliquats de la période antérieure, bientôt dispersés en GTE. Le camp ferme le 10 décembre 1942, peu après l’invasion de la zone sud.

Comme souvent, discours et reportages mélangent les périodes ou réduisent l’histoire du camp au seul terrible été 1942. On le voit ici. L’intérêt de la sauvegarde de la tuilerie des Milles tient en réalité au fait que son histoire illustre toute les phases de l’internement et qu’elle permet ainsi, non seulement de rappeler la responsabilité du régime de Vichy dans l’extermination des Juifs, mais aussi de mettre en garde contre l’arbitraire de mesures administratives appliquées de façon automatique et politique, hors de tout contrôle judiciaire. C’est pourquoi la résurrection de la tuilerie en tant que lieu d’internement est liée à la multiplication des études de ce phénomène à partir de la fin des années 1970, à la fois par des historiens germanistes sensibilisés à l’histoire des réfugiés antinazis et des historiens spécialisés dans celle des persécutions antisémites. Contrairement à ce que déclare le journaliste qui confond mémoire et histoire en affirmant que celle-ci « peut enfin s’écrire », c’est parce que l’histoire a été peu à peu reconstituée que la mémoire collective a pu faire sortir la tuilerie de l’oubli, s’approprier le lieu et permettre sa transformation, non sans difficultés d’ailleurs, en un élément important du patrimoine national de la Seconde Guerre mondiale en France.

Tout a commencé en 1982 avec la menace de destruction du réfectoire et donc des fresques que des artistes internés avaient peintes sans doute au printemps 1941. Les interventions du CRIF (Conseil représentatifs des institutions juives de France) et de la municipalité d’Aix-en-Provence aboutirent in extremis au classement du bâtiment, le 25 novembre par Jack Lang, ministre de la Culture, puis à son inscription à l’inventaire des Monuments historiques, le 3 novembre 1983. Commença alors une longue phase de mobilisation afin de sauvegarder l’ensemble du site. Elle fut conduite par le comité de coordination pour la sauvegarde du camp des Milles, dans lequel les anciens déportés et leurs amis jouèrent un rôle décisif. L’une des étapes importantes de cette action fut l’inauguration du Chemin des déportés et l’installation du wagon-souvenir et de sa petite exposition par l’Amicale des déportés d’Auschwitz en novembre 1992. Dix ans plus tard, étaient fondés un comité de pilotage présidé par le sociologue Alain Chouraqui, qui a véritablement porté le projet du Mémorial, et l’Association Mémoire du camp des Milles. Leur but était de préserver ce qui était finalement le seul camp d’internement français resté intact. L’ensemble du site de la tuilerie a été inscrit aux Monuments historiques en 2004 et la Fondation du Camp des Milles pouvait être créée afin de piloter le chantier qui venait enfin d’ouvrir pour transformer le lieu en site de mémoire. L’objectif de la Fondation était, non seulement de rappeler l’histoire dont la tuilerie avait été le cadre, mais aussi d’offrir au public, et surtout au jeune public, un espace de réflexion sur les mécanismes individuels et collectifs qui peuvent aboutir au pire, mais aussi au meilleur, les « actes justes ». L’inauguration de 2012 venait donc consacrer les efforts faits tout au long de ce parcours pour y parvenir. 

Bibliographie

Outre la documentation proposée par le Site-Mémorial du camp des Milles (notamment Le camp des Milles 1939-1942, 59 p.),

  • Alain Chouraqui, Pour résister à l’engrenage des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme, Paris, Éditions du Cherche-Midi, 2015, 189 p.
  • Lion Feuchtwanger, Le diable en France (témoignage publié en 1942),  Paris, Belfond, 2010, 312 p.
  • André Fontaine, Le camp d'étrangers des Milles 1939-1943, Édisud, 1989, 245 p.
  • Jacques Grandjonc et Theresia Grundtner, Zones d’ombres 1933-1944, Aix, Alinea, 1990, 477 p.
  • Henri Manen, Au fond de l’abîme. Journal du camp des Milles, Éditions Ampelos, 2013, 53 p.
  • Guy Marchot, Lettres des internés du camp des Milles  1939-1942, Aix-en-Provence, Association Philatélique du pays d’Aix, 2012, 207 p.
  • Robert Mencherini dir., Provence-Auschwitz. De l’internement des étrangers à la déportation des juifs 1939-1944, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2007, 320 p.
  • Denis Peschanski, La France des camps (1938-1946), Paris, Gallimard, 560 p.

Transcription

Sur les mêmes thèmes

Date de la vidéo: 10 janv. 2017

Durée de la vidéo: 01M 25S

Lancement de l'année Marseille Capitale européenne du sport 2017

Date de la vidéo: 25 nov. 2007

Durée de la vidéo: 02M 35S

Commémoration de la rafle des enfants juifs du château de la Verdière

Date de la vidéo: 13 avr. 2012

Durée de la vidéo: 05M 16S

Le nouveau Marseille

Date de la vidéo: 08 mars 1946

Durée de la vidéo: 01M 08S

Le Carnaval de Nice

Date de la vidéo: 24 juin 2021

Durée de la vidéo: 02M 02S

Inauguration de la Fondation LUMA à Arles

Date de la vidéo: 29 juin 1992

Durée de la vidéo: 02M 06S

La gestion du Palais des Papes d’Avignon par l'entreprise Culturespaces

Date de la vidéo: 04 juin 2013

Durée de la vidéo: 02M 0S

Inauguration du MuCEM par le président de la République François Hollande

Date de la vidéo: 26 nov. 1975

Durée de la vidéo: 03M 29S

Le musée Alexandra David-Néel à Digne

Date de la vidéo: 23 oct. 1952

Durée de la vidéo: 49S

Inauguration de la Cité radieuse à Marseille

Date de la vidéo: 04 juil. 1946

Durée de la vidéo: 01M 35S

Tende et La Brigue rattachées à la France

Date de la vidéo: 29 juil. 1947

Durée de la vidéo: 01M 05S

L'Exodus au large de Port-de-Bouc

Date de la vidéo: 08 mai 1945

Durée de la vidéo: 02M 55S

Les fêtes de la Victoire à Marseille

Date de la vidéo: 07 nov. 2014

Durée de la vidéo: 02M 18S

Les enfants juifs cachés de Nice

Date de la vidéo: 25 nov. 2007

Durée de la vidéo: 02M 35S

Commémoration de la rafle des enfants juifs du château de la Verdière

Date de la vidéo: 18 juil. 2011

Durée de la vidéo: 01M 46S

Le « Vallon des Fusillés » (Signes, Var), nécropole nationale

Date de la vidéo: 11 juil. 1958

Durée de la vidéo: 02M 19S

Les anciens combattants de l'Afrique française à Marseille

Sur les mêmes lieux

Date de la vidéo: 11 juin 2013

Durée de la vidéo: 01M 39S

Marseille Provence 2013, terre de musées

Date de la vidéo: 30 nov. 2011

Durée de la vidéo: 01M 56S

Aix Marseille Université, plus grande université de France

Date de la vidéo: 06 juil. 2007

Durée de la vidéo: 48S

Une nouvelle salle pour le festival d'Aix

Date de la vidéo: 03 août 1970

Durée de la vidéo: 05M 20S

Le festival de pop music d'Aix en provence

Sur les mêmes personnes

Date de la vidéo: 04 juin 2013

Durée de la vidéo: 02M 0S

Inauguration du MuCEM par le président de la République François Hollande

Date de la vidéo: 23 mai 2013

Durée de la vidéo: 03M 24S

Inauguration de la liaison hydraulique Verdon-Saint Cassien

Date de la vidéo: 13 janv. 2013

Durée de la vidéo: 08M 17S

Marseille Provence 2013 : retour sur la soirée d'ouverture

Date de la vidéo: 06 déc. 2003

Durée de la vidéo: 03M 01S

Inondations catastrophiques à Arles

Date de la vidéo: 13 janv. 2013

Durée de la vidéo: 08M 17S

Marseille Provence 2013 : retour sur la soirée d'ouverture

Date de la vidéo: 17 sept. 2019

Durée de la vidéo: 01M 47S

20 ans de plans antidrogue à Marseille

Voir cette vidéo dans : Parcours et pédagogie}

Repère Pédagogique

La déportation des juifs durant la Seconde Guerre mondiale dans la région PACA

Patrimoines et cultures contemporains

Une histoire migratoire régionale ancrée dans la longue durée

Pied de page

Accueil Sudorama
  • Région Sud
  • Lumni Enseignement
  • Connaissance du Territoire
  • Région académique
  • Maison méditerranéenne des sciences de l’homme
  • Telemme
  • Galaxie INA
  • Découvrez les autres fresques
  • Fresques INA ©2025

Les liens utiles

  • Présentation
  • Mode d'emploi
  • Crédits
  • Partenaires
  • Historique des sources
  • Mentions légales
  • CGU
  • Contact
  • FAQ
  • Déclaration d'accessibilité
  • Charte pour la vie privée
  • Plan du site

Suivez-nous

  • Page Facebook de l'INA (nouvelle fenêtre)
  • Page Twitter de l'INA (nouvelle fenêtre)
  • Page Instagram de l'INA (nouvelle fenêtre)

TOUS DROITS DE REPRODUCTION ET DE DIFFUSION RESERVES ©2025 INSTITUT NATIONAL DE L'AUDIOVISUEL - ACCESSIBILITÉ : TOTALEMENT CONFORME