Les grands travaux de réhabilitation de la rue de la République
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Résumé
L'artère haussmannienne de la rue de la République est un des axes principaux du centre ville de Marseille. Sa réhabilitation démarrée dans le cadre du projet Euroméditerranée évolue avec de nouveaux investisseurs ayant acheté une partie de la rue et ses environs. Les locataires en place doivent partir définitivement, ce qui provoque inquiétude et colère. Des associations se mobilisent face au fait que des fonds publics vont venir compléter les fonds américains du nouveau propriétaire "Marseille République". La municipalité affirme avoir joué son rôle en garantissant 30% de logements sociaux dans le périmètre.
Date de diffusion :
13 oct. 2004
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 2021
En 1995 a été lancé à Marseille l’opération d’intérêt national Euroméditerranée, financée à parts égales par l’État et les collectivités locales. Cette action de revitalisation de la façade maritime vise à redonner de l’attractivité internationale à la cité phocéenne en faisant notamment émerger un nouveau quartier d’affaires. L’objectif est d’y attirer des entreprises internationales en mesure, par leur effet d’entraînement, de dynamiser et faire monter en gamme l’économie de la ville.
Dans ce cadre est prévue, sur cinq ans, une complète réhabilitation de la rue de la République, qui relie le quartier de la Joliette, accueillant le programme Euroméditerranée, au Vieux-Port et au centre de la ville. Il s’agit de redonner sa splendeur d’antan à cette artère haussmannienne résidentielle et commerçante d’un kilomètre et demi.
Désormais à trois heures de train de Paris et moins de deux heures de Lyon, depuis l’inauguration, en 2001, de la ligne à grande vitesse (LGV) Méditerranée, Marseille espère attirer des cadres dans les futurs bureaux du quartier d’affaires, et anticipe qu’ils décideront de loger sur place avec leur famille. Pour l’heure, ce quartier populaire du centre-ville de Marseille est habité par une population modeste bénéficiant d’appartements relativement grands à loyers modérés. Si beaucoup sont vétustes et d’aucuns ressemblent à de véritables taudis, parfois transformés en squats, d’autres ont été rénovés par leurs locataires, qui cultivent l’espoir d’être maintenus dans les murs durant les travaux. Ces derniers sont d’autant plus confiants qu’ils se croient protégés par la loi de 1948 garantissant le maintien dans les lieux à la fin du bail.
Les plus de 5 000 logements de la rue de la République appartiennent pour moitié à des petits propriétaires et pour moitié à deux grands propriétaires : la Société immobilière marseillaise (SIM), acteur historique, et un fonds de pension américain Lone Star. Ce dernier rachète, en 2004, sous le nom de Marseille République, 1 320 logements et 300 locaux commerciaux répartis en 120 immeubles à la société alsacienne P2C Immobilier, qui ne les a détenu que cinq ans mais a réalisé une belle plus-value. Le nouveau propriétaire, escomptant lui aussi faire après les travaux une excellente opération financière, désire au plus vite expulser les locataires actuels. Or, malgré un fort taux de vacance, 600 logements sont, en 2004, encore occupés par plus d’un millier de personnes.
Le reportage évoque le sort de ces locataires menacés d’expulsion à très brève échéance et dont le relogement ne semble pas avoir été anticipé. L’association « Un centre-ville pour tous », par ailleurs active à Noailles et Belsunce, dénonce une gentrification à pas forcés du cœur populaire de Marseille, en partie financée sur fonds publics. Elle exige que les appartements vides de la rue de la République soient prioritairement réhabilités afin de permettre le relogement de ces infortunés. Portée par la municipalité dans un esprit de reconquête urbaine, l’opération programmée d’amélioration de l’habitat (OPAH) Marseille République doit être mise en œuvre par la société d’économie mixte Marseille Aménagement et conduire à une résorption de l’habitat insalubre, une réfection de l’intérieur des immeubles, un ravalement des façades, un renouvellement du mobilier urbain et à la plantation d’arbres. Il est parallèlement envisagé la création d’une ligne de tramway pour irriguer le quartier. La mairie de Marseille, par la voix de l’adjointe au logement, assure que rien ne s’oppose au retour des intéressés dans leurs anciens appartements au terme des travaux, ce dont on peut toutefois légitimement douter en cas de doublement des loyers. Face aux critiques de « chasse aux pauvres », la création d’un tiers de logements sociaux est par ailleurs mise en exergue. Certains Marseillais se souviennent que le percement de la rue impériale, à partir des années 1860, visait certes à mieux desservir le port de la Joliette, mais aussi déjà à tenter de faire revenir la bourgeoisie au cœur de la cité phocéenne.
Bibliographie
- Claire Bullen, « Marseille, ville méditerranéenne ? », Rives méditerranéennes [En ligne], 42 | 2012, mis en ligne le 18 juillet 2012, consulté le 03 juin 2021. URL : http://journals.openedition.org/rives/4211 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rives.4211
- Brigitte Bertoncello, Rachel Rodrigues-Malta, « Marseille versus Euroméditerranée / Marseille versus the Euromediterranean » Annales de Géographie, t. 112, n° 632, 2003, p. 424-436.
- Jérôme Dubois, Brigitte Bertoncello, Marseille Euroméditerranée accélérateur de métropole, Marseille, Parenthèses, 2010.
- Jérôme Dubois, Maurice Olive, « Euroméditerranée : négociations à tous les étages. État, promoteurs et propriétaires dans une ville en crise », Les Annales de la recherche urbaine, n° 97, 2004, p. 102-111.
- Pierre Fournier et Sylvie Mazzella (dir.), Marseille entre ville et ports : Les destins de la rue de la République, Paris, La Découverte, 2004.
Transcription
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