Une terre qui leur est promise
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Au lendemain des indépendances en Afrique du Nord, une partie de la communauté juive sépharade a choisi de rejoindre Israël. Dans ce reportage, Maurice Séveno les suit depuis le camp de transit de l'Arénas à Marseille jusqu'au kibboutz d'Haïfa et aux ruelles de St Jean d'Acre, où enfants et adultes témoignent de leur nouvelle vie.
Date de diffusion :
08 déc. 1962
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Contexte historique
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Le camp de transit du Grand Arénas est le principal lieu du regroupement des juifs en attente de départ vers Israël. Situé dans une propriété de l'Assistance publique, près de La Cayolle, non loin des Baumettes, au sud de la ville, ce camp a été ouvert avant la guerre dans une ancienne sablière et réaménagé, par la suite, par l'Entraide française. Depuis la Libération, il a abrité d'abord des prisonniers de guerre allemands, puis des Vietnamiens, souvent anciens soldats bloqués en France par la guerre et utilisés comme main d'oeuvre. Il devient le point de passage presque obligé de la migration vers Israël à partir de 1946. Le sud de la France est alors la plaque tournante de la migration juive et Marseille la principale base des organisations sionistes. C'est ce que l'affaire de l'Exodus a bien mis en lumière en juillet 1947 (voir L'"Exodus" au large de Port-de-Bouc). Mais si, au début, il s'agissait de populations d'Europe centrale et orientale rescapées des camps nazis, depuis 1948, ce sont des juifs d'Afrique du Nord, les sépharades, qui composent le gros de cette migration (voir Visite de Madame Eleanor Roosevelt au camp de transit du Grand Arénas). Elle concerne surtout une population pauvre, sans qualification, voulant bénéficier de la loi du retour votée par Israël en 1950 et réaliser ainsi son "alyah". Pénétrée par l'idéologie sioniste depuis les années vingt, la communauté juive marocaine, la plus importante d'Afrique du Nord, alimente l'essentiel de ce flux. Le mouvement s'est accéléré avec la revendication d'indépendance de l'État chérifien et les violences qui l'ont accompagnée, puis avec l'ensemble des accessions à l'indépendance et des soubresauts qui les ont accompagnés. Aux juifs marocains, se sont joints ceux de Tunisie, les expulsés d'Égypte, puis les rapatriés d'Algérie. Ce sont eux qui, à l'époque du reportage, composent le gros des candidats au départ. On estime alors à 15 000 ceux d'entre eux qui se dirigent vers Israël (soit près de 15 % du total). Au total, de 1946 à 1966, plusieurs dizaines de milliers de sépharades passeront par L'Arénas. Les conditions de vie y sont rudimentaires, mais le séjour est souvent assez court. Contrôlé par l'Agence juive, qui organise les départs, le camp, sur lequel flotte le drapeau d'Israël, est une sorte d'antichambre de la "Terre promise", d'où le titre du reportage. Les "tonneaux", ces "drôles" de baraquements métalliques aux toits arrondis, imaginés par l'architecte Fernand Pouillon, marquent les souvenirs de tous ceux qui y ont séjourné. Mais les juifs ne sont pas les seuls a y avoir transité. En même temps, mais dans un "quartier" séparé, y sont logés des travailleurs immigrés nord-africains en attente de départ vers leur lieu d'embauche. On y trouvera aussi des laissés pour compte de la décolonisation. Le camp sera d'ailleurs en voie de "bidonvillisation" dans les années soixante. Le "Nouvel Arénas" abrite alors 180 familles. Les derniers "tonneaux" du Grand Arénas seront détruits en 1973 dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire.
L'intérêt de ce reportage est aussi de suivre les candidats à l'installation en Israël jusque dans leur pays d'accueil. Les kibboutz, ces fermes autogérées, laïques, à la vie collective intense, dont le projet est issu de la pensée socialiste qui a marqué une partie des fondateurs de l'État sioniste, servent en effet à l'intégration des nouveaux arrivants. Il en existe alors plus de 200 installés sur la terre confisquée aux Palestiniens et devenue propriété d'État. Ce sont donc des outils de colonisation, en même temps que de construction, à l'époque, de l'identité israélienne. On notera aussi que les deux villes d'accueil, le port d'Haïfa et sa voisine, la cité historique de Saint-Jean d'Acre, entretiennent avec notre région des liens privilégiés. Haïfa est le grand port industriel d'Israël, une ville juive et arabe, ouverte, la capitale du Nord. L'orientation socialiste (travailliste) de sa municipalité a favorisé son rapprochement avec le Marseille de Gaston Defferre. Les deux ports ont conclu un accord de jumelage en 1962. Pour commémorer cet accord, Marseille a inauguré une avenue d'Haïfa le 20 juin 1980 et le nom de Gaston Defferre a été donné au centre culturel d'Haïfa dont la première pierre a été posée en 1988. La ville de Marseille et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur continuent d'entretenir des relations privilégiées avec Haïfa. Un accord de coopération a été conclu par la Région en 2000.
Bibliographie :
Nathalie Deguigné et Émile Témime, Le camp du Grand Arénas, Marseille 1944-1966, Paris, Autrement, 2001.
Abdelmalek Sayad, Jean-Jacques Jordi et Émile Témime dir., Migrance. Histoire des migrations à Marseille, tome 4, Aix-en-Provence, Édisud, 1991.
Filmographie :
L'Année prochaine à Jérusalem, réalisateurs : Régis Sauder et Julie Aguttes, Les films du Tambour de Soie et Trois Frères Production, avec France 3 Méditerranée, 2008.
Transcription
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