Le candidat LR Renaud Muselier est réélu lors des élections régionales 2021

Au soir du second tour des élections régionales, le 27 juin 2021, Renaud Muselier le président sortant Les Républicains (LR) de le Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui a remplacé Christian Estrosi en mai 2017, est largement réélu avec 57,3% des voix aux dépends de la liste du Rassemblement National conduite par Thierry Mariani. Une semaine plus tôt ce dernier était pourtant arrivé en tête au premier tour avec près de quatre points et demi d’avance sur son adversaire du jour. La déception est d’autant plus forte que le parti d’extrême droite, poursuivant sa stratégie de dédiabolisation et d’ouverture, avait investi comme tête de liste en Provence-Alpes-Côte d’Azur un candidat qu’il croyait capable de rassembler, sur son nom, les différentes familles de droite au second tour. Thierry Mariani a en effet été durant plus de quatre décennies membre des partis successifs représentant la droite républicaine et a exercé de nombreux mandats électifs pour cette famille politique, tant au niveau local que national. En 1976, alors âgé de 18 ans, ce natif d’Orange s’encarte au RPR, dès sa fondation par Jacques Chirac, puis conquiert, en 1989, la mairie de Valréas. Il est aussi conseiller général et deviendra député du Vaucluse, puis des Français de l’étranger. Conseiller régional dès 1992, l’UMP le désigne comme tête de liste en Provence-Alpes-Côte d’Azur lors des élections de 2010. De 2010 à 2012, il occupe par ailleurs le poste de Secrétaire d’État puis ministre des Transports dans un gouvernement dirigé par François Fillon sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Chef de la Droite populaire, courant au sein de l’UMP mettant en avant des thématiques comme l’identité nationale, la sécurité ou la lutte contre l’immigration, il est élu, en 2019, député européen sur la liste du Rassemblement National conduite par Jordan Bardella. Eu égard aux bons scores électoraux réalisés en Provence-Alpes-Côte d’Azur depuis plusieurs décennies par le parti lepéniste, le parti du président Macron, La République en Marche (LREM), accepte, dès le premier tour de ces élections régionales, la proposition d’alliance que leur fait Renaud Muselier. Le 2 mai, le Premier ministre Jean Castex annonce que LREM retire sa liste en contrepartie de l’intégration de certains de ses membres sur celle conduite par LR. L’officialisation de cette alliance constitue une véritable déflagration au niveau local et national, à tel point que Renaud Muselier est menacé d’exclusion par les dirigeants de son propre parti. Emmanuel Macron fait en effet coup double, car d’une part il évite à la majorité présidentielle une défaite électorale annoncée, et surtout d’autre part il poursuit son travail de sape visant à faire éclater la droite républicaine, en vue de la présidentielle de 2022. De son côté la gauche éprouve des difficultés à rééditer sa stratégie d’union, victorieuse lors des élections municipales à Marseille l’année précédente au sein du Printemps marseillais. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon ne participe pas à la liste du Rassemblement écologique et social (Parti communiste, Parti socialiste, Europe Écologie Les Verts) conduite par l’écologiste Jean-Laurent Félizia, sans toutefois présenter son propre candidat. Par contre une autre liste se réclamant de l’écologiste, dite L’écologie au centre et conduite par le Niçois Jean-Marc Governatori, se présente devant les électeurs et arrive en quatrième position au soir du premier tour avec plus de 5% des voix, score synonyme d’une possibilité de maintien au second. Jean-Marc Governatori accepte cependant immédiatement de retirer sa liste dans le but de former au second tour un front républicain contre le Rassemblement National. En revanche Jean-Laurent Félizia, arrivé troisième avec près de 17% des suffrages, laisse planer le doute durant près d’une journée sur son retrait en faveur de Renaud Muselier, qu’il n’accepte qu’à la suite des pressions, assorties d’une menace d’exclusion, des dirigeants nationaux d’Europe Écologie Les Verts. Lors des précédentes élections régionales de 2015 la gauche s’était déjà retirée en Provence-Alpes-Côte d’Azur en faveur du candidat de la droite républicaine Christian Estrosi avec pour conséquence de n’avoir aucun élu durant six ans au sein de l’assemblée régionale. Dans l’entre deux tours, Renaud Muselier reçoit en outre le soutien de Nicolas Sarkozy, du chiraquien Christian Jacob, de Bernard Tapie, ainsi que de l’ancien président de la République socialiste François Hollande, qui appelle à voter pour lui sans le nommer. Un bon report des voix de gauche, une certaine notoriété et une reconnaissance du travail accompli assurent la réélection du président sortant, comme dans les douze autres régions métropolitaines. Mais la crise grandissante de la démocratie demeure préoccupante, car près de deux électeurs sur trois se sont abstenus.

Bibliographie 

Antoine Bristielle, La démocratie bousculée. Des élections et des crises, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 2023.

Aurélien Delpirou, Frédéric Gilli, 50 cartes à voir avant d’aller voter, Paris, Autrement, 2022.  

Michel Peraldi et Michel Samson, Gouverner Marseille : Enquête sur les mondes politiques marseillais, Paris, La Découverte, 2006.