Tournage de la version américaine de Fanny
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Résumé
Ce reportage d'ambiance est tourné sur le Vieux Port de Marseille le 17 mai 1960, lors du premier tour de manivelle de Fanny, version américaine. Pour l'occasion, Marcel Pagnol a organisé la venue en train d'un certain nombre de personnalités du cinéma (alors rassemblées à Cannes à l'occasion du Festival). Au milieu des techniciens qui s'affairent, on reconnaît le réalisateur Joshua Logan et les principaux acteurs. Le journaliste souligne le caractère international du casting, puis évoque le décor : la Malaisie que la caméra nous montre, ancrée devant le Quai de la Mairie, et le Bar de la Marine reconstitué, nous dit-il, près du Fort Saint-Jean. Après avoir précisé que les Marseillais ont déjà adopté l'équipe, il rapporte la déclaration de Logan à la presse : « Fanny est une gloire marseillaise et nationale. Je voudrais en faire une gloire mondiale ». Ce reportage allègre se termine sur des images enregistrées la veille, au cours de la réception de bienvenue, avec Marcel et Jacqueline Pagnol au centre de la fête.
Date de diffusion :
17 mai 1960
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Contexte historique
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Les Italiens sont les premiers, dès 1933, à tourner leur propre version de Fanny, qu'ils situent à Gênes, ce qui aura l'heur d'indisposer Mussolini. L'année suivante, les Allemands leur emboîtent le pas et confient le rôle de César au grand Emil Jannings, qui y est, paraît-il, excellent. En 1938, c'est au tour d'Hollywood de céder à la « pagnolite ».
Le scénariste Preston Sturges, qui deviendra ensuite un merveilleux metteur en scène de comédies, condense la trilogie en un seul film au titre évocateur : Port of the seven seas. La réalisation est confiée à James Whale, le réalisateur de Frankenstein et de L'Homme invisible, qui tourne tout le film dans les studios de la MGM avec un Wallace Beery en grande forme pour jouer César et Maureen O'Sullivan, la « Jane » de Tarzan, qui campe une intéressante... Madelon (puisque c'est ainsi que Fanny est rebaptisée pour l'occasion.)
Cette adaptation, que les historiens du cinéma considèrent d'un œil relativement indulgent, a aujourd'hui totalement disparu des écrans. Mais elle garde son mérite premier : celui d'avoir popularisé les personnages de Pagnol jusqu'au fin fond de l'Amérique profonde.
Quelque quinze ans plus tard, en 1954, Broadway s'empare à son tour de la trilogie, toujours sous forme compactée. Sur un livret signé S.N. Behrman et Joshua Logan et une musique d'Harold Rome, Fanny version musical rencontre un grand succès pendant plusieurs saisons. Ce qui, en 1960, décide Hollywood à en faire une adaptation, d'autant que le librettiste, Joshua Logan, devenu metteur en scène, vient de signer une impressionnante série de succès (Picnic en 1955, Arrêt d'autobus en 1956, Sayonara en 1957, South Pacific en 1958).
Mais curieusement, en passant de Broadway à Hollywood, cette Fanny est « dé-musicalisée ». Volonté de Logan ? Ou de la Warner, qui produit le film ? Il est difficile de le savoir. Les compositions d'Harold Rome ne passent pourtant pas complètement à la trappe : elle sont retravaillées pour devenir, in fine, la musique du film. Le scénario, lui, privilégie avant tout le thème romanesque de l'amour impossible, conformément aux codes du cinéma américain. Quant au casting, il a de quoi contenter tout le monde ... Ou personne ! Dans le but de toucher à la fois les marchés européen et américain, il réunit un Allemand (Horst Bucholz, Marius) un Italien (Salvatore Baccalone, Escartefigues) et un Anglais (Lionel Jeffries, M. Brun). Les rôles principaux, eux, reviennent à des acteurs français... Mais des Français d'Hollywood ! Car Leslie Caron, découverte par Gene Kelly dans la troupe de Roland Petit, n'a tourné, à l'époque, qu'aux Etats-Unis, et c'est également là-bas que Maurice Chevalier (Panisse) et Charles Boyer (César) ont fait, dans les années 30 et 40, leurs films les plus notoires, en tant que french lovers, bien entendu !
Malgré ce côté pudding, l'entreprise est perçue en France avec bienveillance, à Marseille en particulier. D'abord en raison de la caution que lui apporte Pagnol, et puis parce que contrairement à ce qu'avait fait Whale vingt-trois ans plus tôt, Logan tourne entièrement son film dans l'Hexagone (à Marseille pour les extérieurs, aux studios de Boulogne-Billancourt pour les intérieurs, exactement comme Pagnol et Allégret en 1932). Un geste apprécié des autochtones.
L'année suivante, le Fanny de Logan recevra plusieurs nominations aux Oscars, mais n'enregistrera pas les recettes escomptées et tombera assez vite dans l'oubli. Aujourd'hui, aucun éditeur français de vidéo ne le propose à son catalogue... Signalons enfin aux amateurs de curiosités que Fanny, ou du moins la Trilogie, a été adaptée trois fois par les Japonais, notamment en 1942 - en pleine guerre donc ! - sous le titre Le port aux mouettes.
Bibliographie
Revue Marseille n°173-174, "100 ans de cinéma à Marseille", 1995
Leslie Caron, Une Française à Hollywood, Editions Baker Street, 2011
Transcription
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