Entrée au répertoire de Père de Strindberg

04 avril 1991
02m 32s
Réf. 00066

Notice

Résumé :

En 1991, Père d'August Strindberg entre au répertoire dans une mise en scène de Patrice Kerbrat. La pièce représente la lutte à mort de deux époux. Extraits du spectacle et interviews de Catherine Hiegel (Laura) et de Jean-Luc Boutté (le Capitaine).

Date de diffusion :
04 avril 1991
Source :
FR3 (Collection: SOIR 3 )
Fiche CNT :

Éclairage

Né en 1849 et mort en 1912, August Strindberg était un écrivain, un peintre et un dramaturge suédois. Sa vie comme son œuvre furent marquées par les troubles intérieurs dont il a particulièrement fait l'épreuve en 1896 alors qu'il séjournait à Paris : il en rendit compte l'année d'après dans son roman écrit en français intitulé Inferno. Il est l'auteur d'une cinquante de pièces qui croisent les différents courants esthétiques de la fin du XIXe et du début du XXe siècles tels le naturalisme, le symbolisme et l'expressionnisme. Inventeur d'un « théâtre intime », il s'éloigne du réalisme pour explorer notamment les territoires du rêve.

Père a été écrit en 1887. D'inspiration autobiographie, la pièce représente l'opposition de deux époux sur l'éducation de leur fille. S'initie alors une véritable guerre des sexes où la mise en doute de la paternité entraîne le père de famille vers la folie et la mort. Le reportage, diffusé lors du « Soir 3 » (FR3) du 4 avril 1991, présente l'entrée de l'œuvre au répertoire de la Comédie-Française dans une mise en scène de Patrice Kerbrat. Jean-Luc Boutté interprète le Capitaine. Sa femme, Laura, est jouée par Catherine Hiegel ; sa fille, Bertha, par Sophie Caffarel. Tandis que Catherine Hiegel souligne la difficulté d'interpréter la folie au théâtre, Jean-Luc Boutté se réfère aux notes de l'auteur à l'intention des acteurs.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentateur
Un spectacle évènement à la Comédie-Française, une nouvelle pièce qui entre au répertoire. C’est une décision de l’ancien administrateur Antoine Vitez, il s’agit de Père du dramaturge suédois Auguste Strindberg. Un reportage de Dominique Poncet, Edmée Poupard.
Comédienne
Tu n’es pas mon père quand tu parles comme ça.
Jean-Luc Boutte
Que dis-tu ? Je ne suis pas ton père, comment le sais-tu ? Qui te l’a dit ? Qui est ton père alors ? Qui ?
Comédienne
Pas toi en tout cas.
Jean-Luc Boutte
Qui alors ? Qui ?
Journaliste
Comment se débarrasser d’un mari, en l’occurrence ici un capitaine sans nom avec lequel on diverge sur l’éducation d’un enfant, en le faisant sombrer dans la folie ? Et comment lui faire perdre la raison en mettant en doute sa paternité ? Tel est le thème de ce Père, une implacable tragédie écrite au scalpel par le suédois Strindberg.
Catherine Hiegel
Nous avons arrangé les choses avec intelligence.
Jean-Luc Boutte
C’est pourquoi on ne peut pas vous combattre.
Catherine Hiegel
Dès lors, pourquoi t’engages-tu dans un combat avec un adversaire qui t’es supérieur ?
Jean-Luc Boutte
Supérieur ?
Catherine Hiegel
Mais oui, c’est étrange, mais de ma vie, je n’ai jamais pu regarder un homme sans me sentir supérieure.
Jean-Luc Boutte
Eh bien, pour une fois tu vas trouver ton maître, et tu ne l’oublieras pas de si tôt.
Catherine Hiegel
Ça risque d’être intéressant.
Journaliste
De cet affrontement d’un couple, c’est la femme qui sortira vainqueur. La misogyne guide Strindberg dans sa description de la descente d’un homme vers la folie.
Catherine Hiegel
La folie c’est un vrai problème au théâtre, parce qu’on en fait finalement toujours quelque chose d’assez conventionnel en pensant que la folie, elle ne s’exprime que dans le cri ou dans les vociférations. La folie, je crois que c’est un petit peu plus compliqué que ça.
Jean-Luc Boutte
Il y a quand même les notes de Strindberg qui sont importantes, où il dit : laissez la pièce se dérouler. Ce n’est ni une comédie, attention, ni... il ne faut pas non plus jouer ça comme Les Brigands de Schiller. Il dit, malheur à moi et au comédien qui jouerait le rôle du capitaine en poussant des hurlements et en criant.
Journaliste
Père est souvent monté dans la vocifération, rien de tel ici, le metteur en scène Patrice Kerbrat a choisi la retenue et le mystère. Cela donne au spectacle une lumineuse et bouleversante mélancolie.
(Bruit)