Extrait du Cercle de craie caucasien, mis en scène par Benno Besson

09 juillet 1996
01m
Réf. 00413

Notice

Résumé :

Extrait du Cercle de craie caucasien de Bertolt Brecht, mise en scène de Benno Besson, avec Philippe Avron, dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes lors du Festival d'Avignon, en 1978.

Date de diffusion :
09 juillet 1996
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Le Cercle de craie caucasien (Der kaukasische Kreidekreis) de Bertolt Brecht (1945), dans une mise en scène de Benno Besson, est créé au Festival d'Avignon, dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, en 1978, avec Philippe Avron et Coline Serreau dans les rôles titres. Le spectacle part ensuite dans une tournée internationale qui le mène notamment au Festival International de Théâtre de Taormina, en Sicile, où il est représenté dans un théâtre antique de 10 000 places, et aux fêtes de l'Unita à Gênes, à Crémone et à Milan.

La pièce éditée pour la première fois en 1949 est un des drames les plus importants du théâtre de Brecht. Elle s'inspire à la fois d'une légende chinoise de Li Sing-Tao (mis en scène 20 ans plus tôt par le poète et dramaturge allemand Klabund dans Le Cercle de craie) et du jugement de Salomon. Le Cercle de craie caucasien retrace l'histoire de Groucha, jeune paysanne, qui se sacrifie pour sauver l'enfant d'un gouverneur qu'on a assassiné, et dont la mère s'est enfuie. Pourchassée, elle prend la fuite, ne cessant de protéger l'enfant et finissant par s'attacher à lui. Mais quand tout danger est écarté, la vraie mère de l'enfant demande à la justice de lui rendre son fils. C'est alors qu'un juge fantasque, Azdak, décide de confronter les deux mères à l'épreuve du cercle de craie. L'enfant placé au centre est tiré par chacune des mères. La femme considérée comme la mère est celle qui au final refuse de faire du mal à l'enfant. S'il est question d'amour maternel, le texte traite aussi de propriété et de justice. Le drame est encadré par un prologue et un épilogue qui se déroulent dans un kolkhoze. Il est à noter que le reste de la pièce s'apparente à un récit dans le récit, raconté par les habitants du kolkhoze. Cette mise en abyme confère à la pièce une forte théâtralité qui se retrouve dans la mise en scène de Benno Besson, en particulier dans le choix des costumes et des décors (Ezio Toffolutti) et dans les masques créés par Werner Strub (qui collabore à plusieurs spectacles de Besson).

Lorsque Benno Besson monte la pièce de Brecht dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, c'est sa troisième participation au Festival d'Avignon, après Comme il vous plaira de Shakespeare (en 1976), avec déjà Coline Serreau dans le rôle de Rosalinde, et Hamlet (en 1977) avec cette fois Philippe Avron dans le rôle du prince du Danemark.

En 1949, Benno Besson, acteur et metteur en scène suisse, participe, à la demande de Brecht, à la fondation du Berliner Ensemble. Le dramaturge allemand lui demande de rejoindre son équipe en tant que comédien et assistant à la mise en scène. Besson fait ses premières mises en scène dans les années cinquante. En 1958, il quitte le Berliner Ensemble mais continue à travailler en Allemagne. De 1969 à 1974, il devient directeur artistique de la Volksbühne, toujours à Berlin Est, où il fait, entre autres, venir Heiner Müller, Christoph Hein et Matthias Langhoff. Au moment où il créé Le Cercle de craie caucasien, il vient de quitter la RDA et travaille dans plusieurs villes d'Europe, sans être rattaché à un théâtre. De 1982 à 1989, il retourne en Suisse où il dirige la Comédie de Genève, avant de retrouver une nouvelle fois son indépendance. Il meurt en février 2006 alors qu'il était en train de préparer une nouvelle mise en scène d'Œdipe Tyran de Sophocle, à la Comédie-Française. Le spectacle ne sera jamais présenté car les répétitions ont été interrompues pour raison de santé.

Marie-Aude Hemmerlé

Transcription

Philippe Avron
Prenez l’enfant par la main. La véritable mère aura la force de tirer l’enfant hors du cercle. Tirez !
Comédien 2
Quand je vous disais les liens du sang.
Philippe Avron
Qu’est-ce qui te prend, pourquoi t’as pas tiré ?
Comédienne
Mais je ne sais pas bien. Votre Grâce je retire tout ce que j’ai fait contre vous. Je vous supplie de me pardonner, si seulement, vous pouvez le garder jusqu’à ce qu’il connaisse tous ces mots, il n’en connaît qu’une dizaine.
Philippe Avron
N’influence pas la Cour, je parie que toi-même t’en connais pas plus de vingt. Bon. Je tente une nouvelle fois l’épreuve que je puisse trancher pour de bon.
(Bruit)
Philippe Avron
Tirez !
Comédienne
[inaudible] vous voulez que je le déchire, je peux pas.
Philippe Avron
A cette épreuve, la Cour a établi qui est la vraie mère. Prends ton enfant et emmène-le, je te conseille de ne pas rester avec lui dans cette ville. Toi, disparais, avant que je ne te condamne pour imposture.