Le Faust de Gounod vu par Jorge Lavelli
Notice
Extrait de la captation intégrale, le 30 mars 1976, du Faust de Charles Gounod mis en scène par Jorge Lavelli, et dirigé par Sir Charles Mackerras, une des productions les plus révolutionnaires de l'ère Liebermann à l'Opéra de Paris. La scène de la Kermesse permet de retrouver le Faust de Nicolaï Gedda, la Marguerite de Mirella Freni, le Méphistophélès de Roger Soyer, le Siebel de Renée Auphan, et surtout la fameuse production de Lavelli.
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Éclairage
Faust a déjà connu cinq productions successives, toutes, comme la dernière en date, en 1956, signée de Max de Rieux et Georges Wakhevitch, d'une esthétique parfaitement traditionnelle, avec ses maisons médiévales, et son Méphisto vêtu d'écarlate, « l'épée au côté, la plume au chapeau »... C'est dire si, quand le rideau se lève le 3 juin 1975 sur le nouveau Faust confié par Rolf Liebermann au metteur en scène argentin Jorge Lavelli, découvrant une vaste verrière de style XIXe dessinée par Max Bignens, un Faust en redingote grise, et un Méphisto habillé exactement comme son double, le public - d'abord désarçonné - est soit séduit par la pertinence de la production qui, au delà du mythe goethéen, replace l'œuvre dans l'époque de sa conception, et montre clairement en quoi le goût de son temps en a marqué le caractère, soit totalement réfractaire à ce principe, rejouant l'éternel combat des anciens et des modernes.
Ce Faust d'exception, repris jusqu'en 2003 (pour un total de 107 représentations), devient l'un des spectacles phares de son époque, et l'une des productions les plus emblématiques de l'Opéra de Paris.
Faust a été créé le 19 mars 1859 au Théâtre-Lyrique, où il devait connaître 314 représentations, avant de passer sur la scène de l'Opéra (Salle Lepeletier), pour 166 représentations - avec obligation de lui ajouter le fameux ballet de la Nuit de Walpurgis. Il investit ensuite la scène du Palais Garnier en 1875, et finalement celle de l'Opéra Bastille en 1992, pour le chiffre record de 2 652 représentations, jusqu'à la dernière de la production de Lavelli en 2003.
Jorge Lavelli, argentin installé en France en 1960, se fait remarquer rapidement par ses mises en scène de pièces contemporaines (Gombrowitz, Copi, Arrabal, Obaldia...), et met en scène son premier ouvrage lyrique en 1969 (Orden, de Girolamo Arrigo). C'est surtout son Idoménée à Angers - sens du groupe scénique et attrait pour les formes non conventionnelles - qui attire le regard du monde lyrique avant que Faust achève de faire sa réputation. En peu d'années, il est invité au Festival d'Aix-en-Provence (Le Carnaval de Venise de Campra, Traviata, Alcina, Les Noces de Figaro), à La Scala de Milan (L'Heure espagnole et L'enfant et les sortilèges, Madama Butterfly), à l'Opéra du Rhin (Carmen), au Capitole de Toulouse (Fidelio) ...
À l'Opéra de Paris, il monte encore L'enfant et les sortilèges, Oedipus Rex, Madama Butterfly, puis se fait, dans les années quatre-vingt, moins fréquent sur les scènes lyriques françaises, se consacrant à Paris au Théâtre de la Colline, tout en continuant à monter des opéras à Bonn, Genève, Hambourg, Buenos Aires...
Il retrouve les planches du Palais Garnier pour Salomé en 1986, la création de La Célestine de Maurice Ohana en 1988, La Veuve Joyeuse en 1997, Ariodante en 2001, et la création de Medea de Liebermann en 1982.
Le suédois Nicolaï Gedda est l'un des plus remarquables ténors de l'après-guerre, dont la carrière devient immédiatement internationale. Il débute à l'Opéra de Paris en 1952, en Obéron, et y reparaît régulièrement. Rolf Liebermann lui confie le rôle d'Orphée dans le spectacle qui ouvre sa première saison au Palais Garnier en 1973, puis Hoffmann en 1974 et Faust en 1975.
Mirella Freni est la plus remarquable soprano italienne des années 60-80, idole de La Scala de Milan après ses débuts en Mimi en 1963 avec Herbert von Karajan. C'est à Rolf Liebermann qu'elle doit ses débuts à l'Opéra de Paris, en 1973, en Suzanne des Noces de Figaro, que suivent Mimi, Marguerite et Amelia de Simon Boccanegra. Elle revient en 1993 à l'Opéra-Bastille pour interpréter Adrienne Lecouvreur de Cilea.
Roger Soyer doit également à Rolf Liebermann de passer des seconds rôles qu'on lui réserve à l'Opéra de Paris depuis 1964 aux premiers plans, puisqu'il chante sous son mandat Procida (Les Vêpres siciliennes), Méphistophéles, Don Alfonso (Cosi fan tutte), Alidoro (Cenerentola), Don Giovanni, Rangoni (Boris Godounov). Il est considéré internationalement comme l'une des plus belles basses françaises de son temps.
La mezzo vaudoise Renée Auphan fait une courte carrière à l'Opéra de Paris sous le mandat de Rolf Liebermann, chantant dans Faust, Moise et Aaron, Ariane et Barbe Bleue... avant de devenir directrice de l'Opéra de Lausanne, du Grand Théâtre de Genève, et de l'Opéra de Marseille.