Ecrire (pour) la scène
Introduction
A la fin du XXe siècle, auteurs et metteurs en scène tentent de relier plus intimement l'écriture et la scène au sein d'un même geste de création. D'un côté, le devenir scénique semble plus que jamais au centre du projet d'écriture. Les auteurs s'emparent eux-mêmes de leurs textes pour en donner une interprétation qui s'inscrit dans le prolongement de leur projet esthétique. De l'autre côté, une véritable écriture tend à naître directement du plateau. En assumant la double fonction d'auteur et de metteur en scène, l'artiste de théâtre revendique la singularité de son œuvre et l'autonomie de sa démarche. Ce faisant, il persiste à interroger les fondements du théâtre en accordant une place primordiale à l'acteur et à la matérialité de la scène. Cette dernière finit par prendre le pas sur le « livre » lorsque le texte écrit se révèle inapte à servir la recherche de ces « écrivains de plateaux » [1].
[1] L'expression est de Bruno Tackels, qui a consacré une série d'ouvrages à ces « écrivain[s] d'un genre particulier, dont le médium et la matière proviennent essentiellement du plateau [...] » (Bruno Tackels, Les Castellucci. Ecrivains de plateau I, Besançon, Les Solitaires Intempestifs, coll. « Du Désavantage du vent », 2005, p. 13).
Les auteurs/metteurs en scène
Les exemples d'auteurs ayant dirigé la création de leurs propres œuvres à la scène ne sont pas rares dans l'histoire du théâtre (le plus célèbre d'entre eux étant certainement celui de Molière). Cependant, l'art de la mise en scène n'apparaissant qu'à la fin du XIXe siècle, nous ne saurions considérer le geste de ces écrivains comme celui d'une interprétation artistique à part entière. Le contexte social, politique, économique et artistique de la fin du XXe siècle voit en revanche se multiplier les figures d'auteurs choisissant de mettre en scène leurs propres textes et d'assumer l'entière responsabilité de l'événement théâtral.
Autonomie
Ce choix témoigne, pour chacune de ces figures, d'une posture particulière à l'égard de la création théâtrale et des structures auxquelles celle-ci est rattachée. Le désir d'autonomie semble prévaloir, l'artiste ne se reconnaissant plus (ou pas suffisamment) dans le répertoire théâtral classique ou contemporain, ni dans le travail des autres metteurs en scène. En choisissant de créer sa propre pièce, le metteur en scène n'est plus confronté au problème que peuvent représenter les droits d'auteur. Se risquant à l'inédit, il évite par ailleurs de voir son travail d'interprétation comparé à celui de créations antérieures.
Unité de l'œuvre
En décidant d'être son propre traducteur à destination de la scène, l'auteur agit dans le prolongement de son geste initial de création, celui-ci se poursuivant à travers la matière des corps des comédiens et de l'espace théâtral. Valère Novarina crée ses propres textes à la scène afin de faire lui-même apparaître le « drame de l'espace » [1] qui met en jeu l'acteur et la matière du plateau.
Entrée au répertoire de Valère Novarina à la Comédie-Française
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En 2006, Valère Novarina entre au répertoire de la Comédie-Française en mettant en scène sa pièce L'Espace furieux dans la salle Richelieu. Jouant avec les perspectives du dispositif à l'italienne, le poète explore avec les acteurs la matière des mots à l'œuvre dans l'espace. Extrait du spectacle.
Les auteurs/metteurs en scène refusent le principe d'un spectacle dont l'instance auctoriale serait bicéphale, et cherchent à recueillir la totalité de leur œuvre au sein d'un même langage théâtral. Il paraît ainsi difficile de dissocier les pièces de Joël Pommerat de leur création, tant le dispositif scénique et le jeu des acteurs participent à la construction du sens de la fable et des figures proposées par le texte.
Les Marchands de Joël Pommerat
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En 2008, Joël Pommerat reprend, au Théâtre de Gennevilliers, la mise en scène de sa pièce Les Marchands, écrite en 2005. Récit et jeu des comédiens se rapportent aux nouveaux enjeux du travail dans la société contemporaine. L'extrait du spectacle donne un aperçu de la création et notamment de son dispositif sonore.
Cette recherche inscrit le travail de l'artiste dans la durée, chacun de ses spectacles reprenant et modifiant les modes d'écriture et de jeu des précédents. Wajdi Mouawad, qui revendique l'importance du temps accordé à la préparation de ses créations, trouve dans ses œuvres antérieures le matériau des spectacles à venir.
Le Sang des promesses de Wajdi Mouawad au Festival d'Avignon
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Artiste associé du Festival d'Avignon 2009, Wajdi Mouawad met en scène, dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, les trois premiers volets de sa tétralogie intitulée Le Sang des promesses. Le spectacle, qui comprend Littoral, Incendies et Forêts, dure plus de onze heures. Extraits du spectacle, reportage sur la préparation et l'endurance des spectateurs et interviews de spectatrices.
A ce travail sont régulièrement associés les mêmes acteurs, ceux-ci pouvant faire partie de la troupe, de la compagnie ou du groupe à la tête duquel se trouverait l'auteur/metteur en scène. Jean-François Sivadier, qui a travaillé avec Didier-Georges Gabily au sein du Groupe T'Chan'G, écrit pour les acteurs avec qui il travaille.
Italienne avec orchestre de Jean-François Sivadier
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En 2006, Jean-François Sivadier reprend la mise en scène de sa pièce Italienne avec orchestre à l'Opéra de Lille. Extraits du spectacle, interview de l'auteur-metteur en scène et réactions des spectateurs à la sortie du spectacle.
C'est en accompagnant étroitement les explorations du Théâtre du Soleil qu'Hélène Cixous a écrit les textes mis en scène par Ariane Mnouchkine.
L'Indiade ou l'Inde de leurs rêves
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En 1987, Ariane Mnouchkine met en scène, avec la troupe du Théâtre du Soleil, L'Indiade ou l'Inde de leurs rêves d'Hélène Cixous. La pièce représente l'histoire de l'indépendance de l'Inde et du Pakistan et les conflits qui accompagnèrent la Partition. Extraits du spectacle, interviews de la metteuse en scène et de l'auteur.
[1] Valère Novarina, « Dire, donner », Théâtre/Public, n°189, 2e trimestre 2008, p. 10.
Dialogues
Cette œuvre commune relève d'un dialogue constant entre le « livre » et la scène, l'un et l'autre ne cessant de se réinventer. L'auteur/metteur en scène affirme la singularité de son écriture en trouvant lui-même la juste médiation scénique pour les voix et le récit qui s'y jouent. A la nécessité d'écrire encore pour la scène s'ajoute un « rêve de théâtre » où présiderait la présence du comédien ou l'existence de la troupe.
L'Acte inconnu de Valère Novarina en ouverture du Festival d'Avignon
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Répétitions de L'Acte inconnu de Valère Novarina, mise en scène par l'auteur, dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes, avant l'ouverture du Festival d'Avignon 2007. Interviews de Valère Novarina et de Dominique Pinon.
Le spectacle devient une œuvre chorale, élaborée par un collectif d'artistes et recueillie, dans le « livre » et sur la scène, par le geste unique qui fonde l'œuvre de l'auteur/metteur en scène. Le Théâtre du Soleil trouve, dans les œuvres d'Hélène Cixous comme dans l'écriture collective, la possibilité d'intégrer le travail de l'acteur au langage et au récit représentés. Par ailleurs, l'auteur/metteur en scène aide les comédiens à s'approprier le texte tandis que les répétitions lui permettent d'apporter des modifications à la pièce.
Ariane Mnouchkine met en scène Tambours sur la digue d'Hélène Cixous
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En 1999, Ariane Mnouchkine met en scène Tambours sur la digue d'Hélène Cixous avec la troupe du Théâtre du Soleil. S'inspirant notamment du bunraku, l'interprétation des personnages est assurée par des marionnettes jouées par des acteurs eux-mêmes manipulés par d'autres acteurs.
Certaines œuvres portent fortement la trace de la collaboration entre l'auteur et les comédiens qu'il a dirigés. C'est le cas de certaines pièces écrites par Olivier Py. L'influence immédiate de la scène et de ses interprètes sur l'écriture de la pièce rend problématique les éventuelles interprétations à venir des textes édités à l'issue de ce travail. Dans quelle mesure d'autres artistes sauront à leur tour s'emparer de ces œuvres sans que l'absence des interprètes originaux ne vienne porter préjudice au sens de la création ?
La Servante d'Olivier Py au Festival d'Avignon
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En 1995, le Festival d'Avignon accueille La Servante, un spectacle d'une durée de vingt-quatre heures, écrit et mis en scène par Olivier Py. Extraits du spectacle, interviews de spectateurs, de comédiens et de l'auteur-metteur en scène.
Une nouvelle écriture de la scène
Tandis que les années 1970 virent se développer, d'une part, des recherches artistiques tendant à proclamer la « mort » du théâtre au profit de la performance scénique et, d'autre part, l'importance du metteur en scène dans la création artistique, la fin du XXe siècle marque l'apparition au théâtre de formes aussi multiples que variées. Si ces formes tendent à se rejoindre autour d'un même refus (déjà revendiqué par Antonin Artaud [1]) de la prépondérance du texte littéraire sur la représentation, elles ne rejettent pas pour autant la nécessité d'une nouvelle écriture de la scène. L'héritage du théâtre « postdramatique » [2] - celui d'un théâtre « d'après le drame » - ne libère pas seulement la scène des règles aristotéliciennes de la pièce écrite (primauté de l'histoire ; représentation de personnages agissant en vue du dénouement de l'intrigue...) ; il invite l'artiste à repenser et à réinterroger les fondements du théâtre en écrivant, depuis (et avec) le plateau, une œuvre résolument contemporaine.
La scène de ce théâtre « hors-normes » ne raconte ni ne représente plus rien de reconnaissable. Elle présente des actions proprement théâtrales qui ne se rapportent plus à une narration préexistant à l'œuvre. Les acteurs n'incarnent pas des personnages mais bien plutôt des silhouettes ou des figures. Le « livre » ne détermine plus la création du spectacle qui n'est nullement l'interprétation d'un texte théâtral. En revanche, le texte sert de matériau et d'outil de recherche à l'artiste qui se l'approprie sans lui être néanmoins soumis.
Inferno de Romeo Castellucci au Festival d'Avignon
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En 2008, Romeo Castellucci est l'un des artistes associés du Festival d'Avignon. S'inspirant de La Divine Comédie de Dante, il présente notamment Inferno dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes. Extraits du spectacle et interviews de Vincent Baudriller, codirecteur du Festival, et de deux spectatrices sur l'histoire et les enjeux de la manifestation.
La hiérarchie des genres et des arts est rejetée, au profit d'une ouverture constante du théâtre aux autres disciplines, en vue de sa propre réinvention. Pour ce projet, le metteur en scène devient, tout comme l'acteur, un auteur à part entière. A ces artistes revient la charge de trouver une nouvelle langue apte à traduire leur propre expérience de l'écriture scénique.
[1] Voir Antonin Artaud, « En finir avec les chefs-d'œuvre », Le Théâtre et son double, Paris, Gallimard, coll. « Folio/Essais », 1985, p. 115-129.
[2] Voir Hans-Thies Lehmann, Le Théâtre postdramatique, tr. P.-H. Ledru, Paris, L'Arche, 2002.
Quête de la théâtralité
A travers la pluralité de ces démarches, se fait jour une poétique de la scène en train de se faire, de s'écrire et de se mettre en crise. L'écriture théâtrale correspond ici au travail de recherche et d'expérimentation sur le plateau, ce travail ayant pour objet principal la théâtralité sous toutes ses formes d'expression. C'est avec les comédiens de « La Carnicería Teatro » que débute l'élaboration de chacun des spectacles de Rodrigo García. Celui-ci s'attelle ensuite à l'écriture de textes qui, tels des matériaux, seront remaniés par la suite lors des répétitions.
L'Histoire de Ronald le clown de McDonald's au Festival d'Avignon
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En 2004, le Festival d'Avignon accueille L'Histoire de Ronald le clown de McDonald's, écrit et mis en scène par Rodrigo García. Le reportage revient sur le caractère scandaleux de cette création dont il propose des extraits. Il présente également une interview de l'artiste et les réactions de deux spectatrices.
Dans le cadre du CIRT (Centre International de Recherche Théâtrale), Peter Brook et les acteurs qu'il dirige rendent visible le processus de création du spectacle.
Peter Brook présente le Mahābhārata au festival d'Avignon
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Peter Brook présente sa nouvelle création, une adaptation du Mahābhārata, au 39e festival d'Avignon, en 1985. À cette occasion, un nouveau lieu est inauguré : les carrières Boulbon. Le directeur de l'entreprise Callet, à qui appartiennent les carrières, explique ses motivations pour en faire un lieu de spectacle au mois de juillet.
Au premier plan se trouve dorénavant l'acteur à partir duquel naît la dynamique essentielle de l'œuvre. Est ainsi pleinement mise en jeu la présence du comédien qui écrit et est écrit sur la scène. Robert Wilson revendique l'artifice et le jeu non-réaliste de l'acteur dont le geste et la voix ne prétendent aucunement imiter la réalité.
Les Fables de La Fontaine à la Comédie-Française
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En 2004, Robert Wilson met en scène dix-neuf Fables de Jean de La Fontaine à la Comédie-Française et fait ainsi entrer le poète au répertoire. Extraits du spectacle et interviews de Christian Gonon, Florence Viala, Gérard Giroudon et Christine Fersen, comédiens.
L'acteur participe à la création d'une œuvre sur laquelle prime la matière. Véritable œuvre plastique, le spectacle vaut également comme une proposition originale d'écriture rythmique de l'espace à laquelle contribuent les objets, les éclairages, les projections d'images et les effets sonores, à l'instar des créations de François Tanguy et du Théâtre du Radeau.
François Tanguy met en scène Coda avec le Théâtre du Radeau
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Reportage à la veille de la première représentation, à la Fonderie (le Mans), sur la nouvelle mise en scène de François Tanguy, Coda, créée par le Théâtre du Radeau en 2004. Extraits du spectacle et brève interview du metteur en scène.
Tous ces éléments composent ensemble un « texte » non écrit, un tissage abstrait de matériaux concrets dans le temps et l'espace de la représentation. Celle-ci apparaît comme l'invitation toujours renouvelée adressée au spectateur de faire l'expérience d'un événement unique dont il serait la clé de voûte.
En partant de la matérialité de la scène et non plus du texte, chaque œuvre représente la tentative de reprendre le théâtre en son origine. Sont ainsi retrouvées et réinterprétées les formes anciennes et primitives qui firent l'histoire de l'art théâtral. Romeo Castellucci a consacré tout un cycle de spectacles à la tragédie ; François Tanguy a revisité les formes du théâtre forain ; Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff empruntent pour leurs créations des motifs de la farce, du vaudeville, du cirque ou encore du music-hall.
Fragments forains par le Théâtre du Radeau
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En 1990 est reprise l'adaptation et la mise en scène par François Tanguy de Woyzeck de Büchner, sous le titre Woyzeck – Büchner – Fragments forains. Le Théâtre du Radeau propose une traversée originale de cette écriture fragmentaire. Extraits du spectacle et interview de François Tanguy.
Lapin chasseur de Jérôme Deschamps à Chaillot
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Le reportage présente la pièce Lapin chasseur mise en scène par Jérôme Deschamps au Théâtre National de Chaillot. Jérôme Deschamps parle de sa façon de travailler. On assiste également à plusieurs extraits du spectacle.
L'artiste de théâtre refuse les codes susceptibles d'enfermer son geste de création à l'intérieur d'un genre, d'un concept ou d'une idéologie et s'ouvre au contraire à la pratique d'un art par définition « impur ». C'est dans sa rencontre et dans son dialogue permanent avec les autres arts et disciplines que s'invente et se renouvelle le langage théâtral. Pour chacun de ses spectacles, Robert Lepage fait notamment appel aux différentes techniques de l'image, qu'il s'agisse de la photographie, du cinéma, de la vidéo ou des nouvelles technologies.
Les Aiguilles et l'opium, de Robert Lepage, à la Comédie de Saint-Etienne
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En 1995, la Comédie de Saint-Etienne accueille le spectacle de l'artiste québécois Robert Lepage, Les Aiguilles et l'opium. Pour traduire la fantasmagorie d'un artiste canadien séjournant à Paris, la mise en scène fait dialoguer poésie, acrobatie, jazz et cinéma. Extraits du spectacle et interview de Marc Labrèche, comédien.
Théâtre et poésie
Allant à l'encontre de toute recherche d'efficacité, ces écritures de la scène ne prétendent pas délivrer un quelconque message au spectateur. Elles cherchent à l'inverse à offrir un mode d'expression qui différerait radicalement du langage communicationnel ayant autorité dans une société envahie par le discours médiatique. Les spectacles de Robert Wilson ne s'adressent pas à la compréhension ou à la faculté d'analyse du spectateur mais à sa façon d'appréhender les métamorphoses du temps et de l'espace.
Isabelle Huppert dans Orlando, de Virginia Woolf
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En 1993, Bob Wilson adapte et met en scène Orlando, un roman de Virginia Woolf, dont Isabelle Huppert interprète le personnage éponyme. Représenté dans le cadre du Festival d'Automne à l'Odéon-Théâtre de l'Europe, le spectacle a pour point de départ l'histoire d'Orlando, jeune courtisan qui un jour se réveilla femme. Extraits du spectacle, interviews de Bob Wilson et d'Isabelle Huppert.
Le théâtre vient bousculer l'ordinaire et briser le quotidien, privilégiant l'inquiétude, le déséquilibre et le décalage aux énoncés préétablis. A partir de la présence d'objets recyclés, Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff mettent en avant la puissance de suggestion à l'œuvre dans le fragment.
La Cour des grands au Théâtre National de Bretagne
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En 2001, Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff présentent au Théâtre National de Bretagne (Rennes) leur nouvelle création intitulée La Cour des grands. Le reportage insiste sur la participation de comédiens nouveaux venus dans la Compagnie Deschamps et Deschamps. Extraits du spectacle, interviews des auteurs-metteurs en scène, de Patrice Thibaud, comédien, et de Nicole Monestier, comédienne.
Par son refus même d'imposer à son œuvre une signification déterminée, par son désir constant de maintenir ouvert le sens de ce qui advient sur scène, l'artiste de théâtre en appelle à l'imagination et à la perception subjective du spectateur. Il choisit par ailleurs de mettre l'humain, dans ce qu'il a de plus complexe et de plus inexplicable, au centre de sa réflexion.
L'Homme qui, de Peter Brook, au TNP de Villeurbanne
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En 1993, Peter Brook présente au TNP de Villeurbanne L'Homme qui, un spectacle adapté du livre du neurologue Oliver Sacks intitulé L'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau. Le metteur en scène propose une recherche théâtrale s'inspirant de l'étude de patients atteints de troubles neuropsychologiques. Extraits du spectacle et interview de l'auteur-metteur en scène.
En accordant une place particulière au poème dans la construction du spectacle, il fait écho au chant tragique et laisse résonner ce qui s'exprime au-delà du langage et de l'écriture. Dans l'inédit comme dans l'informulé, peut enfin se jouer ce qui ne s'explique ni ne se raconte, et être offert en partage le véritable témoignage du monde contemporain.
Conclusion
En écrivant et en mettant en scène, l'artiste de théâtre joue avec les modèles de représentation dont il a hérité. Il ouvre cependant de nouvelles voies à l'écriture pour la scène, cette écriture s'inventant avec les mots et au-delà des mots. Chaque création semble vouloir interroger la matière originale dont serait fait le théâtre. A l'aube du XXIe siècle, écriture et mise en scène se rejoignent autour d'une même question : quel langage et quelle forme sauront traduire la vivante poésie qui anime secrètement le plateau ?
Bibliographie
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- Tackels (Bruno), Les Castellucci. Ecrivains de plateau I, Besançon, Les Solitaires Intempestifs, coll. « Du Désavantage du vent », 2005.
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