Aldo Calzettoni, coiffeur à Villerupt
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Alors que le 17e festival du cinéma italien s'ouvre à Villerupt, rencontre avec Aldo Calzettoni dans son salon de coiffure, haut lieu de rencontre de la communauté italienne de la ville depuis plus de 50 ans.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
28 oct. 1994
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire, Professeur des universités en Sociologie, 2L2S, Université de Lorraine
Le profil des populations issues de l’immigration italienne dans bassins ferrifères de Lorraine a connu une transformation progressive depuis la Seconde Guerre mondiale tant sur le plan numérique que dans sa composition. Après 1945, les Cisalpins entrés en France et en Lorraine proviennent principalement du Mezzogiorno, ces flux sont principalement destinés à alimenter l’industrie lourde et le BTP. À partir des années 1960, en Lorraine, à mesure que les courants d’Italiens tarissent dans la grande métallurgie, pour les nouveaux venus ainsi que pour les héritiers nés sur place la sidérurgie tend à ne plus être le principal pôle d’activité. Alors que le mouvement existait de manière marginale jusque-là, de plus en plus de ressortissants italiens préfèrent, dès le début des années 1960, se tourner vers de nouveaux métiers. Un tiers des Italiens recensés dans les vallées usinières de Moselle et Meurthe-et-Moselle préfère monter un petit commerce et un sur cinq a créé une petite entreprise artisanale, artistique ou commerciale comme celle d’Aldo Calzettoni. Son salon de coiffure est typique des lieux de sociabilité italiens qui ont fleuri autour de la restauration et de la coiffure et ont contribué à créer une athmosphère typiquement transalpine dans les villes industrielles de Lorraine. Cette tendance ira en s’accentuant au cours des décennies suivantes, à mesure que l’ère glorieuse de la sidérurgie lorraine touche à sa fin.
Cette stratégie de contournement du travail d’usine accompagne l’enracinement des Italiens et de leurs descendants sur le territoire de part et d’autre des frontières autour du Grand-Est et l’affirmation d’une empreinte durable dans l’activité culturelle locale. Les héritiers de la migration de travail nés et installés dans les communes industrielles de Lorraine, de Belgique et du Luxembourg profiteront de la métamorphose de l’image sociale des Italiens de plus en plus neutre, voire positive à partir des années 1970-1980. Cette période des dernières années du XXe siècle correspond à l’épanouissement d’une italianité décomplexée et à la légitimation de l’Italien dont le sobriquet « Rital », injurieux à l’origine deviendra, en prenant une coloration affectueuse, synonyme de légitimation et d’acceptation.
De fait, progressivement, des artistes francophones d’origine italienne originaires de l’espace industriel transfrontalier, n’hésitent plus à user de cette inversion du stigmate qui affectait les cisalpins. Une « rital-littérature » proposant des voyages en « Ritalie » (Milza, 2004), émerge avec des écrivains comme Girolamo Santocono en Wallonie, Jean Portante au Luxembourg et François Cavanna en France. Des chanteurs proclament haut et fort qu’ils sont Ritals et qu’ils tiennent à le rester (Claude Barzotti, 1983), ou revendiquent d’être un « Italiano vero » et qu’ils ne demandent qu’à ce qu’on les laisse chanter (Toto Cutugno, 1983), d’autres prétendent que l’amour à l’italienne est le nec plus ultra (Frédéric François, 1985). Au niveau local, des groupes musicaux composés d’Italiens et de leurs descendants animent les festivités dans des fanfares comme la Frattelanza au quartier de la Petite Italie de Dudelange ou des groupes comme celui de Tony Romano en Lorraine. Ce dernier a monté un spectacle autour de l’histoire de « Peppe et Ruardo », reprenant le parcours de deux émigrants quittant leur Sicile pour venir s’enraciner en Lorraine avec leur famille.
Le festival du film italien de Villerupt participe à son tour à cette mise en visibilité positive de l’immigration italienne. Il apparaît dans un contexte nuancé de débâcle économique et sociale, d’enfants de cette immigration italienne qui assument leurs origines et les revendiquent et d’édulcoration puis de promotion de l’italianité qui fait passer le regard sur les Cisalpins d’une italophobie affichée au début du XXe siècle à une sorte d’italomania quelques générations plus tard.
À Villerupt, dès la première édition du Festival, le succès est immédiat avec 7 000 entrées et 35 000 quatre ans plus tard avant de se stabiliser autour de 40 000 tandis que pour 18 films programmés en 1976, les années 2000 en proposeront plus de 70. La réussite tient autant à l’événement cinématographique qu’à l’usage sans retenue de l’image convenue des Italiens autour de la pasta, préparée dans les premières années à la main par les « mammas », dans une ambiance conviviale et chaleureuse fleurant bon La Dolce Vita.
Transcription
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