Tourisme industriel en Lorraine
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Résumé
C'est grâce à la volonté acharnée d'anciens mineurs de fer que l'on peut visiter les sites du chevalement d'Aumetz et de la mine de Neufchef. Retour sur le site d'Aumetz, dédié aux installations de surface de la mine, et rencontre avec Antoine Bach, président fondateur du musée des mines de fer, et Roger Tartaruga, vice président de l'association « Mémoire ouvrière des mines de fer de Lorraine ».
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
21 juil. 1996
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Crulh, Université de Lorraine
L’Association Mémoire ouvrière des mines de fer de Lorraine (AMOMFERLOR) est née en 1984, juste après la fermeture de la mine de fer de Neufchef en 1983. Cette exploitation connut le même sort qu’un bon nombre de mines de fer avant elle, l’arrêt de l’extraction de ce minerai, « la minette lorraine ». En effet, le minerai de fer lorrain a participé à l’expansion industrielle de la sidérurgie régionale à partir de la fin du XIXe siècle grâce au procédé Thomas-Gildchrist (1877) qui permet de faire de la fonte à partir de ce minerai. Mais il possède un inconvénient majeur, sa faible teneur en fer (25 à 30 %). Au début des années 1960, ceci handicape fortement le minerai de fer lorrain sur le marché, face à des minerais exotiques (Mauritanie, Brésil par exemple) ou des minerais suédois, qui possèdent une teneur en fer supérieur à 50 %. La révolution des transports, qui entraîne la baisse des coûts de l’importation de matières premières, se fait au détriment de la minette lorraine, qui n’est plus assez compétitive. Les premières difficultés se font sentir dans les années 1960 pour les mines de fer : licenciements, arrêts et fermetures d’exploitations.
Cette longue agonie dure une trentaine d’années, jusqu’en 1997, date à laquelle ferme la dernière mine de fer à Audun-le-Tiche. Néanmoins, AMOMFERLOR n’a pas attendu l’arrêt définitif pour entreprendre un vaste chantier à Neufchef et Aumetz pour préserver l’histoire et la mémoire de ces mineurs, que l’on appelle les « gueules jaunes ». Dans ce court extrait, Antoine Bach, président de l’association, justifie cette action : Il fallait le faire en 1983. Ce n’est pas en 1993, à la date de la fermeture de la dernière mine, qu’on aurait pu réussir ce qu’on a réussi
. En 1993, la mine de Moyeuvre-Grande ferme et c’est, grâce à un sursis, en 1997 que Montrouge, la dernière mine de fer située à Audun-le-Tiche, ferme également.
L’enjeu pour AMOMFERLOR est d’assurer la transmission de la mémoire, de l’histoire ainsi que la tradition des mineurs de fer à travers la valorisation de deux sites industriels dans le cadre d’une politique patrimoniale régionale. Toute la difficulté est de réussir à transmettre ceci, afin que les « gueules jaunes » ne tombent pas dans l’oubli. L’engagement bénévole des anciens mineurs, à l’image de Roger Tartaruga, vice-président de l’association et guide sur le site de Aumetz (que l’on voit dans le reportage), est très important pour que le public ait conscience du travail à la mine de fer. La décision, de créer le musée des mines de fer de Neufchef, est prise avec l’appui de la mairie le 23 novembre 1983. Les travaux débutent en août 1985 avec le soutien des pouvoirs publics régionaux et départementaux ainsi que les autres communes limitrophes. D’importants travaux de rénovation ont permis de mettre à disposition 1,5 km de galeries (mine creusée à la main de 1820 à 1910, mine mécanisée de 1910 jusqu’en 1950, mine moderne de 1955 à nos jours) pour les touristes, venus découvrir le musée souterrain, afin de comprendre l’histoire de l’extraction de la minette lorraine. Le musée ouvre le 1er juillet 1990, il est associé à un bâtiment expo-musée et au musée des mines d’Aumetz. Ce dernier permet aux touristes de comprendre l’importance et le fonctionnement des installations de surface (chevalement, salles des machines, fabrication des explosifs, forge).
Aujourd’hui, la mine de fer de Maron-Neuves-Maisons, ainsi que la mine d’Hussigny-Godbrange ont rejoint les initiatives pour un tourisme industriel en Lorraine. Citons également les mineurs de charbon avec le musée de Wendel à Petite-Rosselle, ainsi que le musée du fer de Jarville-La-Malgrange. Toutes ces actions patrimoniales profitent à la transmission de la mémoire des travailleurs lorrains et au rayonnement de la Lorraine dans l’Europe industrielle du XIXe - XXe siècle.
Bibliographie
- Serge Bonnet, L’homme du fer : mineurs et ouvriers sidérurgistes lorrains, tome 1 à 4 1889-1985, Nancy, Presses universitaires de Nancy.
- Gérard Dalstein, Les chantiers du fer. La conquête du fond, Réédition par l’auteur., Villers-lès-Nancy, Gérard Dalstein, 2015.
- Marina Gasnier, Le patrimoine industriel au prisme de nouveaux défis : usages économiques et enjeux environnementaux, Presses Universitaires de Franche-Comté., Besançon, 2018.
- Michel Pascal (dir.), La mine en France. Histoire industrielle et sociale, Serge Domini éditeur, 2018.
- Pascal Raggi, Les mineurs de fer au travail, Metz, Serpenoise, 2007.
- Écomusée mines de fer de Lorraine Aumetz-Neufchef, [en ligne], https://www.musee-minesdefer-lorraine.com/, page consultée le 29 juillet 2021.
- Parc Explor Wendel, [en ligne], https://parc-explor.com/#, page consultée le 29 juillet 2021.
- Association Histoire Industrielle, [en ligne], https://www.mine-hussigny.fr/, page consultée le 29 juillet 2021.
- Musée de l'Histoire du Fer, [en ligne], https://www.museehistoiredufer.fr/accueil/, page consultée le 29 juillet 2021.
- « La mine de Neuves-Maisons », Lorraine, [en ligne], https://www.tourisme-lorraine.fr/a-voir-a-faire/visites/sites-et-monuments/798001164-la-mine-de-neuves-maisons-neuves-maisons, page consultée le 29 juillet 2021.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Renaud Hartzer
On l’appelait le pays des mines de fer.Ici, dans le nord de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle, il n’en reste rien ou presque, à l’exception du chevalement d’Aumetz et de la mine de Neufchef.Le musée des mines de fer de Lorraine est réparti sur ces deux sites, deux sites qui ont accueilli l’an dernier pas loin de 40 000 visiteurs.Le musée, six ans après son ouverture, est devenu l’un des dix sites les plus fréquentés de la région.Le chevalement d’Aumetz.À des kilomètres à la ronde, il restera bientôt le dernier et le plus spectaculaire des symboles d’un siècle de travail du fer.Si le site de Neufchef est entièrement consacré à la visite des galeries, celui d’Aumetz est dédié aux installations de surface.Depuis la fermeture définitive en 1983, l’essentiel est resté en l’état.
Roger Tartaruga
Ces machines-là sont à leur place d’origine.Elles n’ont pas été remplacées.Elles se sont arrêtées un beau jour, là, et puis, on les a récupérées telles quelles, on a simplement fait un petit nettoyage et puis on les a mises en état d’être présenté au public.
Renaud Hartzer
C’est d’ailleurs toute la spécificité du musée, non seulement les machines n’ont pas bougé mais elles fonctionnent toujours.
(Bruit)
Renaud Hartzer
Il en aura coûté environ 20 millions de francs d’investissement pour le réaménagement de la mine d’Aumetz et celle de Neufchef.Plus que l’argent, le musée est né de la volonté acharnée d’une poignée d’anciens mineurs.
(Bruit)
Antoine Bach
Il fallait le faire en 83, parce que si nous ne l’avions pas fait en 83, ce n’est pas en 93, à la date de la fermeture de la dernière mine, qu’on aurait pu réussir ce que nous avons réussi.
Renaud Hartzer
Roger fait partie des pionniers de l’aventure du musée.37 ans de mine derrière lui, et le voilà toujours aux commandes d’une machine qu’il actionne désormais pour les touristes.
(Bruit)
Roger Tartaruga
Ça, qu’est-ce que c’est ?En fait, c’est une alarme qui est donnée.Le machiniste peut être malade, il peut avoir un incident quelconque, et cette alarme se déclenche.C’est difficile de faire comprendre à quelqu’un qui n’a pas travaillé dans les conditions dans lesquelles nous avons travaillé, de lui faire comprendre et de lui passer le message pour qu’il le transmette.Il y aura forcément des grosses pertes au niveau de la mémoire, de la mémoire du travail de la mine.
Renaud Hartzer
Doté d’un modeste budget annuel de 1 million et demi de francs, le musée déborde pourtant d’ambition.Prochaine étape, la remise en état du chevalement.Les touristes, bientôt, pourront escalader la tour de fer sur les traces de milliers de mineurs aujourd’hui en retraite.
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