Conservation du U4, haut-fourneau d'Uckange

C’est en 1991 que s’éteint cette cathédrale de la sidérurgie lorraine, le haut-fourneau U4, le dernier des six hauts-fourneaux de l’usine Uckange. Il est l’un des rares témoins du passé sidérurgique de la région. 

L’aventure industrielle à Uckange débute avec les Frères Stumm, industriels allemands, qui bâtissent une usine en 1890. Au fil du XX^e siècle, l’usine s’agrandit, se développe, survit à la Première et à la Deuxième Guerre mondiale pour subir, à partir des années 1960 et jusque dans les années 1990, la crise que connaît l’ensemble de la sidérurgie lorraine et européenne. 

Suite à l’arrêt de l’U4, « Mécilor » est créée dans le but de permettre une conservation de ce patrimoine industriel. Cette association est majoritairement composée d’anciens sidérurgistes bénévoles, qui réalisent des visites guidées du site afin de transmettre l’histoire et la mémoire des travailleurs de la sidérurgie. C’est en 2001 que le site d’Uckange est inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques du ministère de la Culture. En 2005, la Communauté d’Agglomération du Val de Fensch se porte acquéreur de l’ensemble du site et entreprend un projet de conservation, de mise en sécurité et d’aménagement paysager (2,4 millions d’euros au total). Les travaux vont durer de 2006 à 2007 pour permettre une première ouverture au public en octobre 2007. Michel Paradeis, président de la Communauté d’agglomération du Val de Fensch, signale dans le reportage, que l’enjeu de ce projet n’est pas forcément de parler uniquement de la sidérurgie, mais de développer un tourisme culturel. C’est ce qui a été fait avec la mise en place du Jardin des Traces, lieu de promenade sur l’ancienne usine d’agglomération organisant une programmation culturelle qui permet au public d’avoir accès à des concerts, des représentations de cirque, d’art de rue, de spectacle et de théâtre.

À quelques kilomètres d’Uckange, à Esch-sur-Alzette au Luxembourg, se situe le site industriel de Belval, appartenant à l’Arbed, groupe sidérurgique luxembourgeois, fondé en 1911. En 2002, ce dernier fusionne avec Usinor (France) et Aceralia (Espagne) pour fonder le groupe Arcelor, devenu ArcelorMittal en 2006. Néanmoins, c’est en 1997 que le haut-fourneau B du site de Belval, le dernier en activité du Luxembourg, s’éteint et laisse place à une vaste friche industrielle de 120 hectares. 

En 1998 les travaux de démantèlement commencent, les deux hauts-fourneaux sont épargnés ainsi que d’autres installations. Le site de Belval est la première friche industrielle qui va être réhabilitée, selon un programme de conversion du gouvernement luxembourgeois. L’enjeu de cet ancien site industriel est de créer les conditions d’une renaissance de la région avec un programme important d’investissements et de constructions. La collaboration entre le site du U4 et le site de Belval témoigne d’une volonté de mise en œuvre d’une politique patrimoniale industrielle européenne et dans la volonté de diversifier les approches au sujet de la conversion des sites industriels. C’est la teneur du propos du directeur du Fonds Belval, Alex Firmer, qui souhaite avec cette visite au U4 se rendre compte du travail réalisé en Lorraine afin de proposer un projet différent au Luxembourg. C’est ce qui sera réalisé puisque le programme de conversion de Belval sur une vingtaine d’années, a permis de rénover les deux hauts-fourneaux restants et d’inclure ces deux cathédrales ainsi que les bâtiments industriels annexes au cœur d’une nouvelle ville et d’un projet urbain contemporain mêlant commerces, services, lieux culturels, institutions scientifiques et d’enseignements. 

Aujourd’hui, il est important de constater une dynamique européenne autour du patrimoine industriel avec la « Route européenne du patrimoine industriel », où un bon nombre de site lorrains, luxembourgeois et allemands sont recensés (U4 à Uckange, site de Belval à Esch-sur-Alzette et l’usine sidérurgique de Völklingen en Allemagne). 

• Serge Bonnet, L’homme du fer : mineurs et ouvriers sidérurgistes lorrains, tome 1 à 4, 1889-1985, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 302 p., 413 p., 440 p., 595 p.
• Marina Gasnier, Le patrimoine industriel au prisme de nouveaux défis : usages économiques et enjeux environnementaux, Presses Universitaires de Franche-Comté., Besançon, 2018, 295 p.
• Pascal Raggi, La désindustrialisation de la Lorraine du fer, Paris, Classiques Garnier, 2019, 506 p. 
• U4, [en ligne], https://www.hf-u4.com/fr/, page consultée le 29 juillet 2021
• Le fonds Belval, [en ligne], https://www.fonds-belval.lu/index.php, page consultée le 29 juillet 2021
• Weltkulturerbe Völklinger Hütte, [en ligne], https://voelklinger-huette.org/, page consultée le 29 juillet 2021.
• European Route of Industrial Heritage, [en ligne], https://www.erih.net/, page consultée le 29 juillet 2021.