Formation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) [muet]
Notice
[Document muet] Le FLN dont une délégation est hébergée au Caire annonce la formation d'un gouvernement, présidé par Ferhat Abbas, par une déclaration de M'hamed Yazid, qui en devient le porte-parole. Belkacem Krim, chef de la wilaya III (Kabylie) et désormais vice-président du GPRA, fait la même annonce à Tunis.
Éclairage
Après l'arrivée au pouvoir du général de Gaulle et pour renforcer ses positions et sa légitimité politique, le FLN veut faire en sorte d'apparaître comme un ensemble cohérent, malgré les réelles dissensions internes, et acquérir davantage de poids que par son CCE (Comité de coordination et d'exécution). Il s'agit aussi d'attirer les reconnaissances officielles sur la scène internationale. Dans ce sens, la création d'un gouvernement provisoire semble être la meilleure voie. Le 19 septembre 1958, par une conférence de presse tenue au Caire, Ferhat Abbas, annonce la dissolution du CCE et la création du GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne), tandis que Belkacem Krim l'annonce à Tunis. Ces deux conférences sont restituées dans ce sujet muet du Journal télévisé de 20 heures. L'Egypte et la Tunisie sont à la tête du soutien diplomatique et de l'aide matérielle à destination des nationalistes algériens. Le choix de l'appellation GPRA n'est pas sans rappeler, à dessein, le GPRF (Gouvernement provisoire de la République française) de la Libération. Le journal Le Monde parle d'ailleurs dans son édition du jour de « gouvernement algérien libre », rappelant inconsciemment la « France libre » de la Seconde Guerre mondiale.
Le gouvernement provisoire de la république algérienne comprend dix-huit membres dont les anciens du second CCE, à l'exception de Ouamrane, et s'installe à Garden-City dans la capitale égyptienne. L'organe de presse du FLN, El Moudjahid, annonce dans son édition du 20 septembre 1958 : « Parvenu à maturité, le FLN a pu donner naissance au gouvernement provisoire algérien. Celui-ci de par son origine et sa vocation répond bien à sa définition en tant que gouvernement. Il se situe au-dessus des nuances partisanes, exprime la souveraineté de tout le peuple, non l'opinion de telle ou telle fraction, et se place d'emblée au niveau de l'existence étatique internationale » (in Bernard Droz, Evelyne Lever, Histoire de la guerre d'Algérie 1954-1962, Paris, Le Seuil, collection « Points Histoire », 1982, p. 213)
La présidence du GPRA est confiée à Ferhat Abbas. Belkacem Krim, le seul des neuf historiques, devient vice-président avec en outre le titre de ministre des Forces armées. La composition établit un savant dosage entre politiques et militaires. Les dirigeants du FLN emprisonnés depuis l'interception de leur avion en octobre 1956 sont officiellement membres du GPRA.
D'emblée, quinze Etats africains et asiatiques le reconnaissent officiellement.
Le premier acte diplomatique du GPRA est de dénoncer dès le lendemain de sa création, à l'ONU, le référendum annoncé par le général De Gaulle.