Ferhat Abbas à Pékin [muet]

La guerre froide et la guerre d'indépendance algérienne ne sont pas fondamentalement liées, contrairement à la guerre d'Indochine puis à la guerre du Vietnam. Ni les Etats-Unis ni l'URSS n'interviennent directement dans le conflit algérien. Les deux superpuissances surveillent cependant les événements de près. La France, qui tient à ce que la question algérienne demeure une affaire interne de « maintien de l'ordre », est certes un pays incontournable dans le bloc occidental, mais les Etats-Unis ne la soutiennent pas en tous points.

Dans ses efforts d'internationalisation de la guerre d'indépendance, le FLN a sollicité et a pu compter sur les soutiens des États arabes et des pays du groupe afro-asiatique dès 1955.

En 1958, en créant le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), le FLN entend gagner encore davantage de poids dans ses contacts diplomatiques sur la scène internationale. La même année, le rapprochement avec la Chine populaire constitue un tournant dans la politique extérieure des nationalistes algériens. Ils espèrent ainsi que les distances prises par l'URSS s'estompent et inciter la Maison Blanche à s'engager plus ouvertement (Cf Jeffrey James Byrne, « L'action internationale du FLN », in Abderrahmane Bouchène, Jean-Pierre Peyroulou, Ouanissa Siari Tengour, Sylvie Thénault (dir), Histoire de l'Algérie à la période coloniale 1830-1962, co-édition La Découverte – Barzakh, 2012, page 654). L'URSS reconnaît de facto le GPRA en octobre 1960. Une mission extérieure des Affaires extérieures du GPRA est installée en Chine.

En outre, l'implication de la Chine se manifeste par un soutien financier et matériel indispensable pour l'ALN et la conduite des opérations sur le terrain.

Les contacts sont réguliers jusqu'à la fin du conflit, comme le prouve ce voyage officiel de Ferhat Abbas, président du GPRA, reçu en grande pompe à Pékin en octobre 1960. Considéré comme un chef d'État à part entière, Ferhat Abbas est accueilli par des cérémonies officielles sous les yeux de la population agitant pour l'occasion les drapeaux chinois et algérien, des discours et des défilés militaires, comme on le voit sur ces images qui n'ont jamais été diffusées.

L'amitié entre la Chine communiste et l'Algérie indépendante se poursuit après 1962.