Léopoldville ; l'heure du Colonel Mobutu
Notice
Les Actualités françaises présentent les évènements qui se sont succédés au Congo-Léopoldville en septembre 1960, de l'échec de Lumumba et du général Lundula d'accéder à la radio nationale fermée par les Nations-Unies à la prise de pouvoir de Mobutu et son renvoi des ambassadeurs soviétique et tchécoslovaque.
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Éclairage
Le Congo belge accède à l'indépendance dans la précipitation, sans transmission de l'appareil administratif. La quasi-totalité des fonctions d'encadrement sont encore entre les mains des Belges. La crise, soulevée dès le 5 juillet 1960 par la mutinerie de la force publique contre son commandement belge et le gouvernement, accusés de ne pas prévoir une africanisation rapide de l'armée, provoque des troubles intérieurs et l'exode des Européens. Elle est aggravée par l'envoi de soldats par le gouvernement belge qui se transforment en force d'occupation, puis par la sécession le 11 juillet de la province du Katanga suivie début août de celle du Sud-Kasaï. Cette crise devient internationale avec la demande d'aide militaire du président Kasavubu et du Premier ministre Lumumba auprès des Nations-Unies. Le conseil de sécurité invite les Belges à retirer leurs troupes et des casques bleus sont envoyés pour rétablir l'ordre intérieur. Dans le contexte de la guerre froide, les puissances des deux blocs privilégient des acteurs politiques congolais différents. Les dissensions entre Lumumba et l'Organisation des Nations-Unies (ONU) s'accentuent. Lumumba souhaite l'appui des troupes onusiennes pour reprendre les provinces sécessionnistes tandis que l'ONU entend seulement constituer une zone tampon entre le pouvoir de Léopoldville et ceux du Katanga et du Sud-Kasaï. Lumumba demande alors l'appui de l'Union soviétique et lance l'armée nationale congolaise (ANC) dans la reconquête des provinces. Mais les conflits s'enlisent fin août, après le massacre de nombreux civils Baluba. Une coalition se forme contre Lumumba, soutenue par plusieurs pays occidentaux, notamment les États-Unis et la Belgique. Le chef d'État-major de l'ANC et ancien proche de Lumumba, le colonel Mobutu, abandonne les combats début septembre et le président Kasavubu démet son Premier ministre le 5, en le remplaçant par un politique « modéré », Joseph Ileo. Lumumba destitue à son tour le président.
Dans ce contexte de crise du pouvoir, l'ONU décide de fermer la radio nationale et les aéroports. Parallèlement, une radio antinationaliste est installée à Brazzaville, avec l'appui des Belges et de l'abbé Youlou, président du Congo Brazzaville et proche du gouvernement français. Isolé politiquement mais aussi médiatiquement, Lumumba tente avec le général Lundula, commandant en chef de l'ANC, de reprendre en main la radio nationale mais il en est empêché par les casques bleus. Les deux chambres confient à Lumumba les pleins-pouvoirs le 13 septembre mais le colonel Mobutu prend le pouvoir le lendemain. Il neutralise jusqu'à fin décembre les autorités politiques et place Lumumba en résidence surveillée. Poussé par les Etats-Unis dans leur lutte anti-communiste, Mobutu décide la fermeture des ambassades soviétique et tchécoslovaque, en accusant ces pays d'ingérence intérieure du fait de leur soutien à Lumumba.
Les actualités françaises présentent la tentative du général Lundula selon une perspective qui acte la fin politique de Lumumba et la prise de pouvoir par Mobutu. Alors que la crise politique n'est pas encore réglée lors de cet évènement, avec des autorités légales qui se contestent, l'action de Lumumba est analysée comme une tentative de prise de pouvoir des « troupes lumumbistes » et non comme celle d'un Premier ministre, responsable des armées. Le général Lundula est lui-même décrit comme un sergent brutalement nommé chef de l'ANC. Mais cette situation a concerné l'ensemble des cadres militaires congolais, dont le colonel Mobutu qui était aussi sergent puis journaliste avant d'être nommé chef d'État-major, avec une africanisation précipitée des cadres en juillet. La présentation par Ileo de son gouvernement puis le putsch de Mobutu et son renvoi de l'ambassadeur soviétique Yakovlev sont alors décrits comme des rebondissements de l'imbroglio congolais, mais les commentaires reflètent la position partagée par le bloc occidental de la nécessaire élimination politique de Lumumba.