Mobilisation des employés de la Cellulose du Pin de Tartas
Notice
A Tartas, la fermeture de la Cellulose du Pin, principal employeur de la ville, serait un véritable coup dur pour l'économie locale. Selon Saint-Gobain, l'usine, trop petite, doit fermer malgré les 300 emplois qu'elle représente. Récemment, le canton tout entier est allé manifester à Mont-de-Marsan pour exprimer sa colère.
Éclairage
En cet hiver 1994, l'annonce par le groupe Saint-Gobain de la fermeture de l'usine de Tartas est un choc pour la petite commune des bords de la Midouze, sur la frange méridionale du massif forestier des Landes de Gascogne. Depuis près de 50 ans, ce chef-lieu de canton des "pays de l'Adour", entre Chalosse et Marsan, à mi-chemin entre Dax et Mont-de-Marsan, vit en effet largement de l'activité industrielle de la Cellulose du Pin.
En milieu rural, il est bien connu que lorsqu'une mono-industrie périclite ou s'efface complètement, les conséquences sont lourdes pour le tissu socio-économique local : chômage bien sûr, baisse dangereuse des activités induites (commerces, sous-traitants, services administratifs et scolaires...). Or, la reconversion d'un site, sur le plan de l'emploi ou même dans le domaine environnemental, n'est jamais simple.
Qui plus est, au milieu des années 1990, le mouvement de désindustrialisation se confirme en France et dans d'autres vieux pays industrialisés. La mondialisation devient une réalité, la concurrence internationale est vive, non seulement sur le continent européen [1] mais aussi du fait de la montée en puissance des pays émergents [2].
Certes, l'unité de Tartas a été modernisée en 1981-82 en même temps qu'elle se spécialisait dans la fabrication de la pâte "fluff" destinée aux produits d'hygiène [3]. (voir La Cellulose du Pin : l'usine de Tartas réoriente sa production)
Cependant le fort ancien et puissant groupe Saint-Gobain [4] veut réorienter ses activités vers les matériaux à fort contenu technologique. Il vise ainsi, entre autres, les abrasifs, les céramiques techniques ou les plastiques. Après sa brève période de nationalisation (1982-1986), il tient à un retour à une croissance durable et rentable, recherchant le leadership mondial pour chacune de ses activités. Le voici donc cédant certaines d'entre elles, dont le secteur Papier-Bois en 1994... Coup de massue pour Tartas et son canton qui se mobilisent autour des syndicats et des élus pour défendre l'emploi !
Fort opportunément, de nouveaux actionnaires se présentent en cette année 1994. Ils sont canadiens et sont bel et bien du métier : Cascades et Tembec rachètent, décident d'une augmentation de capacité de production et optent pour la diversification. Cellulose du Pin -Tartas devient Tartas, tout simplement.
En 1999, Tembec achète la participation de Cascades et devient ainsi actionnaire unique de Tartas. L'usine est désormais connue sous le nom de Tembec Tartas.
[1] L'élargissement du marché européen se poursuit dans la logique du traité de Maastricht (1992). La Communauté économique européenne (CEE) de 1957 (traité de Rome) devient donc en 1993 l'Union européenne, cependant qu'au 1er janvier 1995 le nombre de ses membres passe de 12 à 15 avec l'adhésion de l'Autriche, de la Finlande et de la Suède.
[2] Les pays émergents apparaissent progressivement dans les années 1980 : d'abord les nouveaux pays industrialisés d'Asie, suivis ensuite par d'autres états sortant peu ou prou du sous-développement ; ultérieurement - années 2000 surtout - on repère aussi le groupe dit des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).
[3] Sous l'appellation courante de « couches-culottes », on trouve en fait divers produits absorbants : couches pour bébés, protections pour personnes incontinentes, protections féminines externes.
[4] À l'origine, on peut remonter jusqu'à la Manufacture de glaces et miroirs instituée en 1665, mais c'est surtout au tournant des années 1960 que Saint-Gobain devient un groupe diversifié, à forte croissance, mais confronté déjà à des problèmes de choix stratégiques ; exemples : réorganisation de la chimie française avec la filialisation de ses activités dans Péchiney-Saint-Gobain en 1962, célèbre tentative, fin 1968-début 1969, d'OPE (offre publique d'échanges [d'actions]) par le groupe verrier et agro-alimentaire BSN, ou fusion de 1970 entre Saint-Gobain et Pont-à-Mousson.