Besnier change de nom et devient Lactalis
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Résumé
Besnier vient de changer de nom et s'appelle désormais Lactalis. Soucieux de sa notoriété internationale, le premier groupe européen de produits laitiers espère ainsi gagner des parts de marché, notamment aux Etats-Unis. Marcel Urion, son PDG, et les directeurs des usines de Laval et Domfront nous expliquent les enjeux de cette nouvelle stratégie.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
19 janv. 1999
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
Publication : 01 sept. 2021
La Mayenne est un département rural, dans lequel l’agriculture occupe 7,5 % de la population active, soit une fois et demie la moyenne nationale. L’industrie y occupe également une place structurante ; il n’est donc pas surprenant que l’industrie agro-alimentaire constitue en 2013 le premier secteur industriel, avec près de 7000 emplois représentant plus d’un quart des salariés de l’industrie. La crise qui a frappé l’économie française à partir de 2008 n’a eu qu’une incidence modérée sur le paysage agroalimentaire mayennais, preuve de sa solidité. La vigueur de cette filière repose sur la transformation locale et les circuits courts, mettant en contact direct les producteurs, les entreprises familiales et les groupes industriels des domaines de la viande (bovins, porcins, volailles) et du lait.
Dans le domaine laitier, la Mayenne occupe le 4e rang national, notamment grâce à un paysage animé par des entreprises de toutes dimensions, de la PME au groupe national voire international : De Kam (Bazougers), Fromagerie bio du Maine (Entrammes), Le Montsûrais (Montsûrs), Vaubernier (Martigné-sur-Mayenne), Port-Salut (Entrammes), Bel (Évron, Mayenne), Chaussée aux Moines (Craon), Chamois d’Or (Moulay), Fol Épi (Château-Gontier), Savencia/Perreault (Azé/Bazouges), Lactalis (Laval, Craon).
Ce dernier groupe figure d’ailleurs parmi les leaders mondiaux du secteur. Il partage avec le Port-Salut (voir la vidéo La fabrication du Port-Salut à Entrammes) la particularité d’avoir été d’abord une petite entreprise locale, monastique pour l’une et familiale pour l’autre, avant de prendre de l’ampleur. L’histoire de Lactalis début en 1933, dans la modeste laiterie fondée par André Besnier. L’essor se produit sous la direction de son fils Michel, qui lui succède en 1955. À force de fusions et de rachats, l’entreprise se hisse au premier rang européen. Le reportage, qui retrace rapidement les étapes successives de cette réussite fulgurante, se situe précisément à un moment charnière de la stratégie du groupe : l’entreprise abandonne son nom « Besnier », indissociable de sa croissance française, pour adopter celui de « Lactalis », plus facile à exporter notamment outre-Atlantique. Le nouveau nom s’inspire d’ailleurs de celui de la marque commerciale Lactel, acquise par Besnier en 1984, et dont les publicités télévisées du début des années 1990 sont demeurées célèbres : Papa, c’est quoi cette bouteille de lait ?
ou encore L’essentiel est dans Lactel.
Pour autant, le changement de nom et d’ambition n’a pas modifié la gouvernance familiale. À la mort de Michel Besnier, l’année suivant le reportage, ses trois enfants Emmanuel, Marie et Jean-Michel lui succèdent et prennent ensemble les grandes décisions. Le pari américain s’avère finalement payant : vingt ans plus tard, alors que le groupe a traversé une grave crise sanitaire autour du « lait contaminé », abondamment relayée par les médias locaux et nationaux, sa position et ses chiffres aux États-Unis se consolident et continuent de progresser. Lactalis est alors le premier acteur mondial dans les secteurs des produits laitiers et du fromage.
Cette trajectoire est précisément celle qui est prévue au moment du reportage. Les trois clés du succès sont déjà en germe. D’abord, une production massive : on compte un million de litres de lait traités par jour
dans une usine de camemberts. Ensuite, un contrôle strict de la qualité : le lait est en permanence protégé, soit à l’intérieur des circuits, [soit] sous flux laminaire, c’est-à-dire que l’on est en surpression d’air stérile
dans l’usine de yaourts à Laval. Enfin, une habile adaptation des produits à un marché plus moderne et plus populaire : par exemple les camemberts pasteurisés, ce sont des produits modernes, […] un produit moins typé que le camembert au lait cru, d’origine, mieux adapté à la distribution moderne, d’où son essor
, selon le directeur de l’usine de Domfront.
Un seul aspect de la nouvelle stratégie de marketing et de communication du groupe Besnier, devenu Lactalis, manque dans le reportage : l’ouverture, concomitante, de la Cité du Lait-Lactopôle® à Laval. Sur près de 5 000 mètres carrés, plusieurs milliers d’objets sont présentés pour évoquer le lait à travers l’évolution de ses métiers ainsi que dans ses implications culturelle, patrimoniale, industrielle et gastronomique. L’équilibre entre tradition et modernité est là encore à l’œuvre.
Bibliographie
- Georges Macé, « L'espace agricole mayennais vu à travers la méthode Bertin », Norois, vol. 95, 1977, p. 405-413.
- « Usine Besnier », « Baratte-piston mécanisée », « Brouette », « Camion U11 », « Étiquette de camembert "Le petit lavallois" », « Pointeuse », « Baratte Kolding », « Calendrier » et « Stérilisateur UHT – Machine Tétra Pack », Le patrimoine des communes de la Mayenne, Paris, Flohic, 2002, t. 2, p. 628-630.
- Marcel Urion et Matthieu Noli, La saga Lactalis. Comment notre président est devenu un leader mondial, Paris, Bottin Gourmand, 2008.
- Chambres d'agriculture Pays de la Loire, L’agriculture en Mayenne. Données 2018, coll. « Économie et prospective », décembre 2019.
- Alain Chatriot, « Lactalis, la construction d'un géant du lait », Histoire et sociétés rurales, 1er semestre 2020, n° 53, p. 91-114.
- Nathalie Guérin, « Pour produire davantage de camemberts, Lactalis de Domfront-en-Poiraie se modernise », Le Publicateur libre, rubrique « Économie », 20 octobre 2020.
- Lila Lefebvre, « Affaire du lait contaminé chez Lactalis : trois ans après, l'enquête piétine », sites francebleu.fr et francebleumayenne.fr, publié le 7 décembre 2020.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Présentatrice
Besnier change de nom et de stratégie.Le premier groupe laitier européen, basé à Laval, s’appelle désormais Lactalis.Objectif affiché de ce mastodonte, développer sa production aux États-Unis.Dans cinq ans, la moitié du chiffre d’affaires devrait provenir des exportations.Le groupe laitier possède déjà 70 usines en France, 9 aux États-Unis.Emmanuel Faure et Rémy Guiné ont pu ouvrir les portes des usines de Mayenne et de l’Orne.Voici leur dossier.
Emmanuel Faure
C’est un géant et il est à Laval.Un géant dans tous les sens du terme, qui obtient un franc succès dès la moitié de chaque repas.Toutes les marques, tous les produits qui appartiennent au groupe Besnier, vous sont connus.Chacune de ces marques va continuer d’exister.Mais, Besnier, lui, n’existe plus depuis quelques semaines, depuis que Lactalis est né.
Marcel Urion
On a changé de nom, je dirais, pour deux raisons principales.La première, c’est le développement à l’étranger qui nous amenait à avoir une prononciation pas toujours très facile du nom Besnier hein... ça s’estropiait un petit peu : Besnier, Bénaire, Bénière…c’était pas très simple.Et puis, on a voulu que notre raison sociale soit largement évocatrice.Besnier était un groupe spécialisé dans le lait, dans les produits laitiers, fabricant de tous les produits laitiers.Et Lactalis est très fortement évocateur du lait et des produits laitiers.
Emmanuel Faure
Et si le groupe est si soucieux de la prononciation de son nom, c’est parce qu’il a des intentions on ne peut plus claires.
Marcel Urion
Besnier a correspondu je dirais à une expansion nationale importante, Lactalis va corespondre à une expansion internationale importante.
Emmanuel Faure
Ce groupe immense est composé de multiples petites entités.À Domfront, dans l’Orne, il y a une usine qui fait du fromage, du camembert, sous la marque phare du groupe.
Pierre Belliart
Il faut plus de deux litres de lait pour faire un camembert.Il y a aussi des travaux de tri.Il y a des sélections qui s’opèrent, nous devons être très respectueux de la qualité.Donc, on compte un million de litres de lait traités par jour.
Emmanuel Faure
Cette usine, ouverte en 1972, sortait 60 000 camemberts par jour il y a 27 ans.Et bien, aujourd’hui, 450 000 unités sont fabriquées chaque jour.Si ce fromage emblématique est très populaire, sa progression est quant à elle quasiment terminée.
Pierre Belliart
Le camembert est un vieux produit, est un produit qui a sa place dans tous les plateaux, donc il s’est fortement développé dans le temps.Le camembert dit pasteurisé, que nous produisons ici, c’est le camembert Président, le Châtelain, par exemple.Ce sont des produits modernes qui, à une époque, il y a 20 ans, sont arrivés sur le marché avec une plus grande régularité, un produit moins typé que le camembert au lait cru d’origine, mieux adapté à la distribution moderne, d’où son essor.
Emmanuel Faure
4 millions de fromages moisissent tranquillement dans ces caves et, en moins de deux semaines, on transforme du lait en camembert, dans la plus grande usine de ce type au monde.Maintenant, place au dessert.En 1933, André Besnier a créé une petite laiterie familiale.Son fils l’a reprise ensuite et, à force d’achat et de rachat de laiteries et de fromageries, et bien, le groupe, il en a fait une entreprise de 15 000 salariés, qui brasseront 6 milliards de litres de lait cette année dans plus de 80 usines dans le monde, pour rapporter près de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires.Les yaourts de cette usine constituent 1 % de ce chiffre d’affaires.
Francis Lebouvier
Le matériel utilisé est particulièrement adapté, c’est-à-dire qu’en fait, lors de la visite, vous ne voyez quasiment pas le lait, puisque le lait est en permanence protégé soit à l’intérieur des circuits et les seuls moments où vous voyez le lait, vous voyez le lait euh, dans ce cas-là, il est sous fluide laminaire, c’est-à-dire on est en sous-pression d’air stérile, de façon à protéger au maximum ce produit.
Emmanuel Faure
Alors, l’avenir du groupe, maintenant.Et bien, il le porte vers les États-Unis, des usines sont installées là-bas, d’autres seront rachetées.Tout n’est pas réalisé, ce qui explique une certaine discrétion de rigueur de la part de la direction.En tout cas, soucieux de rester proche de la terre et des producteurs de lait, et bien, le groupe lavallois entend montrer aux Américains qui ont inondé l’Europe de Fast-food, que l’on peut ajouter aux grandes quantités une certaine qualité.
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