Les porteurs de ce projet d’agriculture biologique sont Daniel Lenoir et Danièle Commoy. Lui a d’abord été contrôleur laitier en Mayenne, puis après une formation en BTS-TAGE (techniques agricoles de gestion d’entreprise) à Dijon, est devenu conseiller agricole à la Chambre d’agriculture de la Mayenne. Elle, originaire de Dole, a exercé la profession de secrétaire de direction. Assez vite ils ont le projet de vivre à la campagne en utilisant des pratiques biologiques et économes. Comme on le voit dans ce court reportage de 1997, ils appliquent leurs idées : traction animale (grâce aux ânes), traite manuelle des chèvres, fabrication traditionnelle des fromages…
Mais revenons aux débuts de leur exploitation agricole. Le couple achète la Tasse de Gesvres avec 1,30 hectares de terres en mars 1985 et transforme le corps de ferme en habitation. Danièle fait le choix d’élever des lapins angoras tandis que Daniel reste conseiller agricole. Ils doivent rapidement s’adapter. Le nouveau but est d’ouvrir une chambre d’hôtes avec un petit-déjeuner bio vers 1986. L’année suivante, ils débutent l’élevage de chèvres et la commercialisation locale de fromages sur les marchés… et cela marche bien ! Daniel quitte son emploi et devient agriculteur. Ils portent le nombre de chèvres à 30 et se lancent dans l’élevage des ânes. L’exploitation s’agrandit grâce à l’achat de 6,30 hectares de terrain en 1989. L’année suivante, ils abandonnent l’élevage de lapins angoras et ouvrent une deuxième chambre d’hôtes. En 1992, la demande en fromages est tellement grande qu’ils font passer le troupeau à 50 chèvres. C’est la limite à ne pas dépasser pour une traite à la main. Progressivement sont ajoutées des journées pédagogiques pour les enfants (repas, goûters et promenades en charrettes tractées par des ânes)… Un partenariat est lancé avec le Syndicat du Pays du Haut-Maine-et-Pail et avec le Parc régional Normandie-Maine. Ces structures veulent s’appuyer sur les produits du terroir et cela favorise la notoriété de ces produits. Ils participent aussi à des marchés à la ferme, à des portes ouvertes du réseau « Bienvenue à la ferme », reçoivent des groupes du troisième âge… Enfin, la presse écrite et la télévision s’intéressent à cette exploitation biologique plutôt novatrice ! En effet, leur ferme biologique est efficace sur le plan économique, sur le plan technique et sur le plan humain. En 1999, l’exploitation fait vivre le couple et ses deux enfants, permet de rembourser les emprunts. Les revenus générés sont issus des fromages de chèvres pour 50 %, des chambres d’hôtes pour 20 %, des ânes (ventes d’ânons, locations…) pour 20 % et des visites de l’exploitation pour 10 %.
Ce reportage de 1997, simplement intitulé « bio » sur un fond blanc, évoque à la fois une agriculture traditionnelle et une agriculture biologique moderne. L’aspect traditionnel provient surtout des images (traction animale) et l’aspect biologique des paroles de Daniel Lenoir et de Danièle Commoy. Une impression de liberté se dégage des images, mais aussi une impression de sérieux est dégagée par les exploitants. On aurait presque sous nos yeux la ferme idéale. En tout cas, c’est un très beau reportage pour la promotion de l’agriculture biologique montrant à la fois efficacité et bonheur.
En 2022, Daniel Lenoir est également connu grâce à sa carrière politique en Mayenne. Tout d’abord élu conseiller municipal dans sa commune de Gesvres en juin 1995, il devient conseiller général du canton de Villaines-la-Juhel en 2001-2015, puis conseiller départemental du nouveau canton en 2015-2021. Il est élu maire de Villaines-la-Juhel en 2014 et réélu en 2020. Enfin, il est aussi élu président de la CCMA (communauté de communes du Mont des Avaloirs) en mars 2014 par 31 voix contre 11 à Yves Cortes, de Pré-en-Pail. Politiquement Daniel Lenoir est centriste, puis rejoint Emmanuel Macron et LREM (La République en Marche). Il a participé notamment au projet de contournement Ouest de Villaines-la-Juhel et à la restructuration du collège des Garettes dans la même commune…