Le contrôleur d'empoussiérage

06 décembre 1964
03m 01s
Réf. 00372

Notice

Résumé :

Présentation du métier de contrôleur d'empoussiérage. Celui-ci contrôle à l'aide d'un appareil la nocivité des poussières pendant l'abattage du charbon et au rocher, le transport des produits. Les poussières provoquent une maladie, la silicose. Pour lutter contre la maladie on injecte de l'eau par "foration", on la pulvérise , ou encore on arrose. Le métier d'injecteur consiste à forer la veine pour y injecter de l'eau.

Type de média :
Date de diffusion :
06 décembre 1964
Source :

Éclairage

Dans les mines de charbon souterraines, les travaux créant le plus de poussières sont :

- Les chantiers d'abattage du charbon

- Les travaux au rocher qui sont les creusements des bowettes (galeries principales) et des galeries secondaires.

Des prises de captage de poussières sont installées à divers endroits des chantiers d'exploitation qui sont susceptibles de produire beaucoup de poussières. Celles ci après captage sont envoyées au laboratoire de mines situé à Sin-le-Noble pour les houillères du Nord-Pas-de-Calais.

Après analyse, les chantiers sont répartis en différentes classifications :

- Fortement empoussiérés

- Empoussiérés

- Faiblement empoussiérés

Au vu de ces résultats, un mineur atteint de problèmes respiratoire dus à silicose n'était plus affecté dans un chantier empoussiéré.

Pour lutter contre les poussières on injection d'eau par la foration de trous dans la masse de charbon avec des perforateurs injectant de l'eau pendant la foration, puis mise en place d'une canule ou canne d'injection dans le trou par laquelle on injecte de l'eau sous haute pression , celle ci étant variable en fonction de la dureté de la veine .

La pression d'eau est fournie par un surpresseur.

Cette méthode permet de mouiller le charbon en place et de la fracturer ce qui a pour effet de faciliter son abattage.

Dans la chaîne d'évacuation du charbon partout où il y a déversement, des recouvrements composés de toile de jute régulièrement arrosés permettent également une dispersion des poussières.

L'eau est avant tout utilisée comme un élément de sécurité au fond. Elle sert à combattre les poussières nocives pour la santé du mineur mais aussi la formation du poussier, des poussières de carbone en suspension hautement inflammables qui peuvent produire un coup de poussière.

Suite à la catastrophe de la fosse N°3 de Lens à Liévin en 1974, dans laquelle le poussier a été enflammé par une faible explosion de grisou des précautions seront prises pour humidifier partout afin que même en marchant il n'y ait plus de soulèvement de poussières.

D'autres techniques sont utilisées pour atténuer la propagation des poussières comme la schistification qui consiste à répandre des poussières neutres à base de calcaire, pierre à chaux etc. Enfin, on a installé aussi des bacs d'eau qui explosent en cas de coup de grisou ou de poussière l'eau en formant un rideau permet de stopper la déflagration et la flamme en limitant sa propagation.

Jean-Marie Minot

Transcription

Pierre Chastant
Vous êtes bien soigneux pour un homme, Monsieur.
Intervenant
J’ai l’habitude, vous savez.
Pierre Chastant
Pourquoi ?
Intervenant
C’est pour ça qu’on m’appelle, je suis ramasseux d' poussière.
Pierre Chastant
Mais ce n’est pas un métier ça.
Intervenant
Si, Monsieur.
Pierre Chastant
Mais ce n’est pas le nom exact qu’on lui donne, tout de même.
Intervenant
Ah non, ça s’appelle effectivement le contrôleur d’empoussiérage.
Pierre Chastant
Et à quoi consiste ce travail ?
Intervenant
Il consiste à aller prélever des poussières dans l’atmosphère pour voir si elles sont nocives.
Pierre Chastant
C’est au fond que vous faites cela.
Intervenant
Ah, c’est au fond, oui, effectivement.
Pierre Chastant
Et à quel moment de la journée le faites-vous ?
Intervenant
Pendant l’abattage.
Pierre Chastant
Pendant l’abattage.
Intervenant
Ouais.
Pierre Chastant
Mais l’abattage au charbon ou l’abattage au rocher.
Intervenant
L’abattage au charbon et au rocher parce que l’on distingue trois sources d’empoussiérage au fond, l’abattage du charbon, l’abattage au rocher, et les transports des produits.
Pierre Chastant
Et comment faites-vous exactement ce prélèvement, vous avez un appareil ?
Intervenant
Oui, j’ai un appareil sur lequel on adapte un filtre, dans ce filtre passe de l’air ambiant, les poussières se déposent sur ce filtre et l’air est évacué.
Pierre Chastant
Et alors, ensuite vous portez ces poussières dans un laboratoire.
Intervenant
Qui les analyse oui, pour déterminer le degré de nocivité, justement.
Pierre Chastant
Parce que, en quoi une poussière peut-elle être nocive ?
Intervenant
Par la silice qu’elle contient.
Pierre Chastant
Donc, elle peut donner une maladie qui est la silicose ?
Intervenant
Oui.
Pierre Chastant
Et c’est contre cette maladie que vous luttez en faisant ces prélèvements ?
Intervenant
C’est exact.
Pierre Chastant
Quels sont les remèdes qu’on utilise pour lutter justement contre cette poussière et l’origine de la maladie, la silicose ?
Intervenant
Jusqu’à présent, on n’a trouvé que l’eau.
Pierre Chastant
Et de quelle manière agit-on avec l’eau ?
Intervenant
Il y a différentes manières. On a d’abord fait l’arrosage, la pulvérisation, la foration à l’eau, et l’injection. L’injection étant la manière la plus directe d’abattre les poussières.
Pierre Chastant
Et alors, il y a un métier spécialiste pour l’injection d’eau.
Intervenant
Oui d’ailleurs, avant j’étais injecteur.
Pierre Chastant
C’est donc encore un autre métier du fond. Et comment fait-on pour procéder à ces injections d’eau ?
Intervenant
On fore des trous dans la veine, on y introduit une canne souple qui se gonfle sous la pression de l’eau, cette eau sort par une orifice et qui fait éclater la veine et provoque des fissures par lesquelles s’introduit l’eau.
Pierre Chastant
Et combien de temps à l’avance introduisez-vous l’eau ?
Intervenant
Ben, le poste précédent, l’abattage.
Pierre Chastant
C’est-à-dire 8 heures.
Intervenant
8 heures avant.
Pierre Chastant
8 heures avant. Et au moment de l’abattage, est-ce que l’on remet encore de l’eau ?
Intervenant
Souvent par arrosage.
Pierre Chastant
Par arrosage. Mais, au point de vue injection, quelle est la quantité d’eau qui est utilisée ?
Intervenant
Nous nous servons d’une base qui est de 30 litres au mètre cube de charbon en place. C’est-à-dire que pour une taille qui fait par exemple 100 mètres avec un mètre d’ouverture et un avancement prévu de 2 mètres, 200 mètres cubes de charbon, il nous faut mettre 6000 litres d’eau.
Pierre Chastant
Alors, lorsque vous avez commencé votre travail au fond, est-ce que l’on a déjà injectait déjà de l’eau pour lutter contre la poussière ?
Intervenant
Ah non, ah non, et par-là même, je peux vous faire la comparaison. C’est beaucoup plus possible de travailler maintenant que ça ne l’était avant.