Inauguration du TGV Sud-Est ou l'art de prendre le train en marche

22 septembre 1981
02m 47s
Réf. 00145

Notice

Résumé :
Le 22 septembre 1981, le président de la République François Mitterrand inaugure le train à grande vitesse (TGV) entre Paris et Lyon. Lors de la conférence de presse, il fait deux annonces : la SNCF investira sur toutes les parties de son réseau, et non seulement sur celle dédiée au TGV, qui sera étendue pour sa part prioritairement vers l'Atlantique et le Nord.
Date de diffusion :
22 septembre 1981
Source :
FR3 (Collection: Soir 3 )

Éclairage

Le 22 septembre 1981, un train entre à grande vitesse dans l'histoire de France. Avant l'embarquement des premiers passagers, le 27 septembre, le président Mitterrand inaugure le premier tronçon de la ligne ferroviaire commerciale la plus rapide du monde. L'image est puissante. Le président est filmé dans la cabine de pilotage comme aux commandes du pays, regardant loin devant, sereinement, sans parler. Par sa présence, la machine et la Nation ne semblent faire qu'un.

Les mots seront pour la conférence du soir, à Montchanin à côté du Creusot, symbole historique des capacités industrielles et inventives de la France, où l'ont rejoint le ministre des Transports Charles Fiterman et une foule d'invités, journalistes et politiques. Le Président conclut son discours de manière solennelle: "il s'agit d'une oeuvre commune qui va bien au-delà des cheminots pour représenter ce qu'il y a de meilleur, de plus fort et de plus constant dans l'histoire de notre peuple".

S'il reconnaît que le projet est hérité de ses prédécesseurs (décisions prises sous Pompidou de créer une ligne TGV Sud-Est, en 1971, et de privilégier la solution électrique, en avril 1974; chantier débuté sous Giscard, en 1978), il dénonce la politique "brutale" de fermeture des lignes locales et annonce y mettre un terme en permettant à la SNCF d'investir aussi bien dans le réseau banlieue et omnibus qu'interurbain.

Ni train des riches, ni train qui efface le reste de la carte ferroviaire, le Turbotrain (puis Train) à Grande Vitesse saura effectivement élargir la clientèle de la vitesse et être accepté d'une société française soucieuse d'équité sociale et spatiale.

Quant à l'autre annonce du président - l'extension du réseau TGV vers l'Atlantique et le Nord de la France, avec l'espoir d'un jour relier la Belgique et même l'Angleterre - elle se concrétisera elle aussi, durant son second septennat.
Léonard Laborie

Transcription

Dominique Baudis
Bonsoir. C’est fait, le train à grande vitesse a été officiellement inauguré aujourd’hui par le président de la République. Monsieur François Mitterrand a pris place à bord du TGV, à Lyon, pour effectuer toute une partie du trajet, il a pu ainsi apprécier les performances de ce train le plus rapide du monde.
Daniel Durandet
Le TGV lancé à 260 kilomètres/heure à travers les monts verdoyants du Mâconnais, aux commandes du train le plus rapide du monde, le Président Mitterrand, muet et admiratif devant la puissance de la machine et la superbe réalisation technique. C’est l’image que l’on gardera de cette journée inaugurale. Un voyage qui avait commencé en début d’après-midi, gare de Lyon, par l’arrivée des 700 invités, journalistes, hommes politiques ou ministres, accueillis par une manifestation du syndicat CFDT des cheminots, scandant à tue-tête : Oui au TGV, non à la régression des salaires. Des cris qui n’ont pourtant pas altéré la bonne humeur du ministre des Transports, très entouré par la presse. 14 heures 16, c’est le départ pour Lyon, 426 kilomètres que le TGV avalera en deux heures quarante, soit une heure dix de moins que le train le plus rapide dans des conditions exceptionnelles de confort. On sait qu’en automne 83, lorsque la totalité de la nouvelle ligne sera terminée, il ne faudra plus que deux heures pour joindre la capitale rhodanienne. En début de soirée, le Président de la République prenait place à l’intérieur du TGV inaugurant ainsi ce nouveau mode de transport des années 80. Après une heure de trajet, le Chef de l’État arrivait à Montchanin, en Saône-et-Loire, où il devait dresser le nouveau plan de combat de la SNCF pour les années à venir.
François Mitterrand
Les investissements dans le domaine du chemin de fer seront maintenus à un niveau élevé. Ils permettront à l’entreprise de poursuivre son effort de modernisation : électrification, sécurité, amélioration du confort sur les lignes de banlieues et sur les services omnibus, dont la politique brutale de fermeture doit être abandonnée. À l’entreprise, je demande de préparer le projet de train à grande vitesse, le TGV Atlantique, qui desservira cette fois l’ouest de la France et mettra Rennes et Nantes à deux heures de Paris, et Bordeaux à trois heures, dans un premier temps. Et je souhaite que soient reprises les études préliminaires pour la liaison à grande vitesse vers le nord de la France et la Belgique, puis dans l’avenir, nous ne rêvons pas, vers l’Angleterre, si le projet franco-britannique de tunnel sous la Manche est adopté, ce que je souhaite.
Daniel Durandet
Un dîner de 1000 couverts clôturait ce voyage inaugural. Le président de la République et les invités de la SNCF ont quitté Montchanin à 21 heures trente à bord du TGV qui devrait regagner Paris dans  maintenant moins d’une heure.