Inauguration d'une usine de production d'Airbus A340

10 octobre 1990
02m 45s
Réf. 00170

Notice

Résumé :
François Mitterrand inaugure la nouvelle usine de l'entreprise Aérospatiale, à Colomiers près de Toulouse. Baptisée Clément Ader, elle produira le nouvel avion long-courrier de grande capacité du groupe Airbus, l'A340.
Date de diffusion :
10 octobre 1990
Source :
Antenne 2 (Collection: JT 20H )

Éclairage

La construction aéronautique suscite au lendemain de la guerre de multiples coopérations internationales. L'expérience la plus connue débute dans la seconde moitié des années 1960 et prend le nom de GIE Airbus Industrie en 1970. À l’époque, le transport aérien est en plein essor et les compagnies renouvellent leurs flottes. Les industriels français, allemands et anglais qui s’associent dans Airbus ne fusionnent pas ; ils forment ce que l’on appelle un groupement d’intérêt économique (GIE), constitué autour d’un projet de coopération limité, mais ambitieux : produire ensemble un « autobus du ciel », capable de rivaliser avec les constructeurs américains, absolument dominants sur le créneau des gros porteurs. Les gouvernements français et allemand s’engagent de leur côté à soutenir financièrement le projet.

Au départ, l’idée est de concurrencer les plus gros des gros porteurs, en particulier le Boeing 747 (Jumbo Jet). Mais au regard du besoin immédiat des compagnies, le nombre de sièges et la motorisation sont revus à la baisse. Le biréacteur A300B remporte un vrai succès commercial, ainsi que les modèles suivants (A310, A320). En dépit d’une gestion complexe et de conflits de pouvoir internes, le consortium Airbus conquiert une part de marché qui atteint près de 30% à la fin des années 1980. Il faut attendre ce moment pour qu’il revienne au projet des origines et se lance dans la fabrication, aux côtés de l’A330, d’un long-courrier quadriréacteur de grande capacité, l’A340. Le projet est validé en 1987, et l’avion promis pour 1992.

Mais pour produire l'appareil, il faut renouveler l'appareil de production des industriels participants. Telle est l'origine de l'usine Clément Ader de l’entreprise française Aérospatiale. Si pour Airbus prime la logique de marché, le soutien financier et diplomatique des pouvoirs publics reste important. Les plaintes américaines contemporaines le dénoncent, et l’inauguration de l’usine d’Aérospatiale par le président de la République française en témoigne. Les promesses de commandes sont aussi des promesses d’emplois et de rayonnement symbolique. Le discours de François Mitterrand résonne dans cette « cathédrale industrielle », exhortant les Français à continuer de croire en leur aptitude à innover, pour la France et pour l’Europe. La production de l’A340 cesse en 2011, après livraison de 377 appareils.
Léonard Laborie

Transcription

Henri Sannier
L’usine de Colomiers, c’est d’abord l’image d’une performance technologique extraordinaire. Le chef de l’État y a plaidé pour l’Europe de la volonté contre l’Europe de l’abandon. L’usine a été édifiée en trois ans, sa chaîne de montage fait, tenez-vous bien, 500 mètres de long, une véritable cathédrale industrielle d’où sortiront les Airbus A330 et A340. Reportage de Philippe Dumez et Yves Barbe pour les images.
Philippe Dumez
Il y a un siècle, le premier avion prenait son envol avec Clément Ader aux commandes. Aujourd’hui, la copie de l’Éole fait l’objet de toutes les admirations et son successeur sera assemblé ici, dans ce hall de 500 mètres de long et 200 mètres de large. Dans moins d’un an, le dernier-né de l’Aérospatiale, l’Airbus A340, encore en morceaux dans la toute nouvelle usine de Colomiers à Toulouse, volera à son tour.
Henri Martre
Clément Ader, c’était un génial inventeur, je n’ai jamais prétendu être un génial inventeur. Ce que j’essaie d’être c’est un bon industriel, un bon commerçant qui développe l’industrie française et l’industrie européenne comme elle doit l’être. Nous avons déjà un carnet de commande qui est de plus de 200 avions en commande ferme et plus 200 avions en option. Alors, ça veut dire très simplement qu’il y a un carnet de commande d’au moins trois ans de travail pour cette usine et que si les options sont prises, il y en a pour six ans.
Philippe Dumez
Pour satisfaire ses clients, l’Aérospatiale a donc conçu une usine tout à fait révolutionnaire. Les avions ne seront plus construits à la chaîne mais en parallèle. Avantage : si un avion prend du retard, il ne gêne pas l’assemblage des autres. Pour la construction des Airbus, on s’est inspiré aussi de la mode. Une belle robe est toujours parfaitement cousue à la main. Ici, ce sera la même chose mais ce sont des robots qui feront les points pour assembler les différents éléments des Airbus. Cette nouvelle usine est certainement, comme l’a dit le Président, une façon de donner tort aux sceptiques. Mais c’était aussi pour lui l’occasion de rappeler l’importance de la formation des jeunes et des ingénieurs en particulier. D’où, un appel à l’effort très appuyé aux Français.
François Mitterrand
Je suis sûr que vous êtes disponibles, que la France est prête à souscrire à de tels objectifs à la condition d’y croire, Clément Ader, mais vous aussi Mesdames et Messieurs, sans oublier vos prédécesseurs depuis déjà de longues décennies, vous l’avez cru !
Philippe Dumez
La preuve, elle est peut-être ici avec tous ces avions prêts à être livrés par Airbus Industrie.
Henri Sannier
Oui, l’usine, vous l’avez compris, a été baptisée du nom de Clément Ader, celui qui a inventé pratiquement le premier saut de puce et quasiment l’aviation.