Université 2000 : "justice sociale" et aménagement du territoire universitaire

29 juin 1990
01m 25s
Réf. 00251

Notice

Résumé :
François Mitterrand intervient le 29 juin 1990 en clôture des Assises nationales de l'enseignement supérieur. Ces Assises ont pour objectif de rassembler les différents acteurs concernés par le plan Université 2000, pour qu'ils s'entendent sur la marche à suivre. L'enjeu est de taille : doubler le nombre de diplômés et redessiner la carte universitaire française. Pour le Président, ce sont des mesures de "justice sociale" qui déterminent l'avenir de la France.
Date de diffusion :
29 juin 1990

Éclairage

L'investissement dans la formation, François Mitterrand y croit. Mais à la fin des années 1980, il y a surtout une urgence à laquelle il doit répondre. Les universités sont saturées. Initiée dans les années 1960, la massification de l'enseignement supérieur s'accélère avec la politique impulsée en 1985 par Jean-Pierre Chevènement visant l'accès de 80% d'une classe d'âge au baccalauréat. Outre les étudiants, les acteurs locaux et parmi eux surtout les élus ont commencé à se mobiliser. Dans le cadre de la décentralisation, ils ont fait entendre leur voix pour commencer à réaménager le territoire universitaire. La fin du premier septennat est ainsi marquée par la création d'antennes et d'instituts universitaires de technologie (IUT) dans des villes moyennes. Une nouvelle offre de proximité se développe, pour faciliter et favoriser l'accès de tous à l'enseignement supérieur, et impulser la conversion des territoires touchés par la crise. Cette offre manque parfois de coordination. Surtout, elle ne suffit pas.

Le plan Université 2000 (U2000) fixé en mai 1990, répond à la crise par une ambition : doubler encore le nombre d'étudiants diplômés. À l'origine d'une seconde vague dans la démocratisation de l'enseignement supérieur (le taux d'accès des 20-24 ans aux études supérieures passe de 35% en 1991 à 57% en 2015), il poursuit la politique d'extension de la carte universitaire tout en cherchant à mieux en maîtriser la dynamique. Des Assises sont organisées partout en France pour préparer cette action. C'est en clôture des Assises nationales en juin 1990 que François Mitterrand intervient dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, aux côtés notamment du ministre de l'Éducation nationale Lionel Jospin, pour conclure sur le fait que "l'avenir de l'université déterminera et détermine déjà l'avenir de la France". Plaçant son action dans la perspective d'une plus grande "justice sociale", il annonce aussi une politique de généralisation et de revalorisation des bourses, et une réflexion sur la mise en place de prêts étudiants.

Au milieu des années 1990, les diplômés du supérieur représentent 40% d'une classe d'âge, contre 20% dans les années 1970. À la fin de la décennie, près de 40 milliards de francs ont été investis, pour moitié par les collectivités territoriales. Tous les projets ne se sont pas concrétisés, mais huit universités ont vu le jour, dont quatre en Île-de-France. La diversification des filières proposées a favorisé les parcours professionnalisants, les IUT ayant drainé la moitié des investissements.

Bibliographie : Christophe Charle, Jacques Verger, Histoire des universités XIIe-XXIe siècles, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Quadrige », 2012.
Léonard Laborie

Transcription

Présentateur
L’avenir de l’université détermine l’avenir de la France. Ces propos sont du Chef de l’État qui intervenait ce matin à la séance de clôture des assises Université 2000 à La Sorbonne. Une nouvelle fois, François Mitterrand a plaidé en faveur d’une augmentation massive du nombre des étudiants. Reportage, Éric Pierrot, Emmanuel Danan.
Journaliste
Doubler d’ici 10 ans le nombre des diplômés de l’enseignement supérieur, c’est l’objectif que le Président de la République a fixé ce matin aux responsables de l’Education nationale. Un objectif qui répond à un impératif économique pour l’avenir de la France, mais aussi à un devoir de justice sociale. Dans cet esprit, François Mitterrand a soutenu les mesures d’aides financières annoncées mardi dernier par le Premier Ministre en faveur des étudiants les plus défavorisés.
François Mitterrand
Et il faut que le montant de chaque bourse soit amélioré. Cette augmentation importante, dès l’abord, bénéficiera à plusieurs dizaines de milliers de jeunes dont la vie et les études seront de ce fait un peu moins difficiles. Je sais que le Gouvernement travaille d’autre part à l’idée d’un prêt pour études et je dirais tout de suite que j’y suis très favorable.
(Bruit)
Journaliste
Mais François Mitterrand entend que cette mesure soit réalisée avec l’accord des intéressés, c’est-à-dire les étudiants eux-mêmes, et qu’elle n’aboutisse pas à un endettement trop excessif pour eux, qui aboutirait évidement à l’inverse du but recherché.