Le manger et les sabots de bois
Notice
Extrait du film Le serrurier de Lannion, de André Voisin, où Louis Mercier évoque les sabots de son enfance.
Éclairage
À la fois amusé et nostalgique, le témoignage de cet homme traduit l'attachement aux souvenirs de la vie paysanne, incarnés par les sabots de bois. Ces modestes objets d'antan accompagnaient les pas de chacun dans les tâches quotidiennes, à travers les champs et les chemins. Depuis toujours, les sabots de bois symbolisent le monde paysan. Petite bretonne qui chausse, même à la capitale, des sabots de bois, Bécassine ne contribua-t-elle pas à diffuser cette image de la paysannerie bretonne ? Signe de pauvreté, porter des sabots marque longtemps une distinction avec ceux qui ont des souliers, dans le monde de la ville, même si dans des familles, on possédait à la fois sabots et souliers, utilisés selon le lieu. Le sabot accompagne donc la paysannerie bretonne, son imaginaire et son identité, comme le montre également l'un des recueils de chansons réalisé en Basse-Bretagne au début du XXe siècle par Théodore Botrel et intitulé Chansons en sabots.
Dans les années 70, les sabots de bois ont laissé leur empreinte dans la mémoire d'un monde rural en cours de métamorphose. Ils ne rappellent pas seulement la dureté du quotidien et les modestes conditions de vie des campagnes. Le sourire du narrateur montre que le souvenir des sabots, associé à celui de la soupe aux pommes de terre, évoque également pour lui un univers rustique, ainsi que des usages, des gestes et des sensations d'autrefois. Dans un monde en bouleversement, où l'on se tourne vers les témoignages du passé, les souvenirs portés par cet objet ont de la valeur. Ils racontent à leur manière une histoire de la Bretagne, comme l'illustre également le documentaire réalisé en 1975, Au pays breton ou la mémoire en sabot, par Claude Fléoutier et Patrick Camus.
Bibliographie :
Au pays breton ou la mémoire en sabot, documentaire de Claude Fléoutier et Patrick Camus, 1975.