L'industrialisation de la Bretagne

13 février 1967
02m 52s
Réf. 00376

Notice

Résumé :

Région traditionnellement agricole, la Bretagne débute son industrialisation en 1960. La priorité est dès lors mise sur l'électronique. Des industries automobiles et chimiques vont également s'implanter. Plus de 15 000 emplois vont être ainsi créés.

Type de média :
Date de diffusion :
13 février 1967
Source :

Éclairage

La Bretagne est traditionnellement présentée comme une région agricole et rurale. Au début des années 2000, près de 90 000 actifs bretons répartis sur plus de 44 000 exploitations travaillaient dans ce secteur économique. L'industrialisation de la Bretagne est récente, à quelques exceptions près : le secteur textile, très prospère sous l'Ancien régime avec la fabrication des toiles de lin et du chanvre et encore dynamique dans la première moitié du XXe siècle, et la métallurgie présente dès les années 1860 dans la région. Elle date des années 1960 et répond à la volonté d'enrayer le départ de nombreux jeunes bretons quittant la région dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Elle repose, d'une part, sur une série d'initiatives locales. En 1959, les laboratoires de biologie végétale Yves Rocher sont crées à La Gacilly. La même année, Daniel Roullier fonde son entreprise d'engrais à Saint-Malo. D'autre part, l'expansion industrielle de cette région est favorisée par la décentralisation qui amène l'implantation d'entreprises nationales sur son territoire : l'usine Citroën à Rennes en 1953, le CNET à Lannion en 1959 ou encore le Joint français à Saint-Brieuc en 1962.

Ces différentes créations endogènes et exogènes sont à l'origine d'une forte expansion industrielle de la péninsule bretonne pendant les années 1960 et d'un processus de diversification industrielle. De nombreux secteurs sont représentés : les cosmétiques, la chimie ou encore la mécanique. Mais la Bretagne industrielle s'appuie essentiellement sur quatre secteurs :

- l'agroalimentaire : premier secteur industriel breton, employant plus de 15% des actifs français de cette branche et qui réalise près de la moitié des exportations françaises de viande),

- les télécommunications et l'électronique : secteurs dynamiques bénéficiant d'un fort potentiel de recherche et d'une concentration importante d'ingénieurs et d'étudiants, attirant de nombreuses entreprises françaises et étrangères de ce secteur,

- l'automobile, principalement localisée dans la région rennaise, qui est depuis les années 2000 dans une conjoncture plutôt défavorable

- le bâtiment : secteur très actif du fait de l'industrialisation et l'urbanisation de la région qui entraînent une forte demande en logements.

Le modèle industriel breton présente donc une forte originalité. Il se fonde sur un double mouvement de création d'industries et il se caractérise par une forte dispersion des implantations entre plusieurs villes.

En 1967, date de diffusion du reportage, l'optimisme était de mise en ce qui concerne l'avenir industriel de la région. Aujourd'hui, l'industrie bretonne est soumise à une forte concurrence internationale et beaucoup d'entreprises ferment, notamment du fait de délocalisation dans des pays où la main d'œuvre est moins chère. Seuls les secteurs de pointe, ceux bien intégrés à l'économie locale (comme l'agroalimentaire) et les productions misant sur la qualité et le savoir-faire résistent pour l'instant.

Bibliographie :

Michel Philipponneau, Le modèle industriel breton. 1950-2000, Rennes, PUR, 1993.

Jennifer Gassine

Transcription

Journaliste
Industrie de la chaussure, construction navale, industrie du bâtiment, industrie alimentaire aussi, constituaient les activités industrielles classiques d'une région à vocation essentiellement agricole. Il en fut ainsi jusqu'en 1960, date à laquelle fut prise la décision d'industrialiser la Bretagne afin d'endiguer l'exode rural. Première décision, une vocation électronique et reconnue à la Bretagne. Elle entraîne l'apparition, aux portes de Lannion, dans les côtes du nord, des laboratoires du Centre National d'Etude des Télécommunications.
(Musique)
Journaliste
Depuis, cinq usines sont venues s'installer aux voisinages du CNET entraînant la création de 1000 emplois nouveaux, alors que, dans la lande de Plemeur-Bodou, l'édification de la station de communication spatiale permettait à la Bretagne d'être à l'écoute du monde.
(Musique)
Journaliste
Toujours au chapitre de l'électronique, installation de la CSF à Brest avec la création de 1500 nouveaux emplois, ce qui porte à 3000 le nombre des emplois créés par l'électronique en Bretagne, chiffre provisoire car doit encore entrer en service le Centre électronique des armées à Rennes ; A Rennes, qui a bénéficié d'ailleurs d'une seconde mesure prise en faveur de l'industrialisation de la Bretagne : la décentralisation. Se sont installés tour à tour à Rennes Citroën - 10 000 emplois créés à ce jour -, Eternit - 300 emplois créés-, Fairchild - 600 emplois. A Vannes, Michelin - 600 emplois. A Lorient Querpon, Renault - 600 emplois. Bref c'est plus de 15 000 emplois qui ont été créés de 1962 à 1966 sans compter les 300 emplois résultant de l'installation du Joint Français à Saint-Brieuc. Caractéristique des pièces d'étanchéité fabriquées ici : le centre de gravité de leur vente se situe à 150 kilomètres à l'est de Paris. Trop à l'étroit à Bezons, monsieur Delalande n'a cependant pas hésité à venir s'installer à Saint-Brieuc.