La bibliothèque Stanislas de Nancy opère son entrée dans l’ère numérique
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Résumé
Alors qu’elle date du XVIIIe siècle la bibliothèque Stanislas de Nancy se renouvelle sans cesse afin de faciliter l’accès à ses collections et répondre aux exigences de notre temps : kiosque numérique, ateliers numériques, numérisation des collections, autant d’outils nécessaires aujourd’hui.
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Date de publication du document :
11 mai 2021
Date de diffusion :
14 sept. 2015
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La bibliothèque Stanislas de Nancy, fondée par le duc Stanislas en 1750 appartient au réseau des Bibliothèques nancéennes nommé Co-libris et qui comprend neuf bibliothèques et médiathèques dont la Médiathèque Manufacture, la Médiathèque Haut-du-Lièvre et la Mairie-Médiathèque Saint-Pierre. Quatre de ces établissements, outre la bibliothèque Stanislas, ont le statut de bibliothèque spécialisée : la bibliothèque du musée des Beaux-Arts, la bibliothèque du service de documentation du palais des ducs de Lorraine et le Conservatoire régional du Grand Nancy.
La bibliothèque Stanislas se trouve dans un bâtiment du XVIIIe siècle dont on peut remarquer les splendides boiseries ornant l’actuelle salle de lecture. Le bâtiment a été pensé par l’architecte Charles Louis de Montluisant, inspecteur des Bâtiments et usines du roi Louis XVI et abritait initialement l’université des Jésuites de Pont-à-Mousson transférée à Nancy et inaugurée en 1799.
Le fonds comprend essentiellement les collections du duc Stanislas, encyclopédiques mais aussi spécialisées, de nombreux ouvrages confisqués aux religieux au moment de la Révolution, mais aussi des dons privés en nombre dès le XIXe siècle.
Petit à petit la bibliothèque a gagné en rayonnement au détriment de celles de Metz et Strasbourg en raison de l’Annexion entre 1871 et 1918. On y trouve en effet des collections anciennes remarquables : archives, manuscrits, livres anciens, cartes et estampes mais aussi une vaste collection de périodiques. Les collections anciennes conservent ainsi quelques pièces d’exception depuis la charte de Simon Ier d’Alsace jusqu’au manuscrit de l’Eté en pente douce de Pierre Pelot ainsi que des œuvres autographes de Stanislas. 2 000 manuscrits sont ainsi conservés.
On peut également y trouver de précieuses enluminures du Moyen-Âge et de la Renaissance, des chroniques modernes, des recherches d’histoire locale, des manuscrits scientifiques et musicaux et des fonds d’écrivains du XXe siècle.
Quant au cabinet des estampes, il est également très richement doté, il comprend environ 80 000 œuvres dont des dessins, gravures, lithographies, affiches, photographies, cartes postales, cartes et plans mais aussi des matrices d’impression. Cette collection est ainsi représentative de l’histoire de l’art de Lorraine du XVIe siècle à aujourd’hui. On peut s’y familiariser avec des artistes lorrains célèbres tels Jacques Bellange (1575-1616), peintre aquafortiste et graveur au service de la maison ducale, Jacques Callot (1592-1635) dessinateur et graveur lorrain très connu pour sa série de dix-huit eaux-fortes représentant Les Grandes Misères de la guerre qui évoquent les ravages causés par la guerre de Trente Ans en Europe mais aussi Jean-Jacques Grandville (1803-1847) lithographe, caricaturiste et illustrateur qui excelle dans l’imagerie animale.
Les principales missions de la bibliothèque sont la collecte, la valorisation et la conservation des documents lorrains. Constitué au milieu du XIXe siècle, le fonds lorrain est constamment enrichi et comprend déjà plus de 40 000 références. Il réunit les documents concernant les quatre départements lorrains et l’ancienne lorraine ducale. Il compte des collections de littérature de jeunesse, des bandes-dessinées et des romans contemporains.
Mais bien sûr les pièces les plus remarquables sont les incunables (nom donné par convention aux manuscrits imprimés en Europe avant le 1er janvier 1501). La bibliothèque municipale de Nancy compte une collection de 158 incunables. Un travail de catalogage et de repérage très minutieux a été effectué par un élève chartiste archiviste paléographe au printemps 2019. Il semblerait que la plupart de ces très précieux incunables proviennent des saisies révolutionnaires. En effet, le 14 novembre 1789 l’Etat décrète la mise à disposition des biens religieux. Dans un premier temps les biens furent mis sous scellés, ce n’est qu’en 1791 que ces biens furent réunis dans un lieu central. C’est l’abbé Marquet, sous-bibliothécaire de la société royale des Belles-Lettres qui fut chargé de dresser l’inventaire de ces collections à Nancy. Par la variété de leurs origines, ces incunables sont représentatifs des domaines du savoir imprimé au XVe siècle. La majorité traite de religion puis vient le droit, les sciences et les arts, enfin, l’histoire. Citons deux, trois œuvres exceptionnelles de la collection : pour la religion, L’Aiguillon d’amour divine de Saint Bonaventure traduit par Jean Gerson et daté de 1493, en droit une très rare édition du Processus Judiciarius de Johannes de Auerbach datant de 1500, enfin, l’incunable le plus ancien est un exemplaire du De praedicandi de Saint-Augustin, quatrième livre de la Doctrine chrétienne, manuel à l’usage du prédicateur chrétien, imprimé à Mayence et daté de 1467. Par ailleurs citons encore un exemplaire précieux de La Nef des fous de Sébastien Brant imprimé à Bâle en 1497.
On peut donc à tous égards parler d’un patrimoine remarquable mis en valeur à la fois par des travaux scientifiques d’un grand sérieux mais également accessible grâce aux nouvelles technologies au plus grand nombre.
Éclairage média
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A l’occasion de la 37e édition du Salon « Le Livre sur la place » en 2015, la bibliothèque Stanislas de Nancy lance un site dédié aux balades littéraires dans sa ville.
Le reportage s’ouvre sur une vue d’ensemble en plongée du vaste édifice bâti par Charles-Louis de Montluisant au XVIIIe siècle puis se focalise sur les dix-sept kilomètres de rayonnages que le présentateur qualifie de « couloirs de la mémoire » tant ils travaillent à conserver la trace de la vie quotidienne de la ville et de sa région au travers de la conservation méthodique et raisonnée des périodiques notamment.
Claire Haquet, conservatrice de la bibliothèque, ouvre sous nos yeux l’immense catalogue de L’Est républicain dont on apprend alors qu’il est archivé depuis sa première parution le 17 juillet 1889 où il titrait « la comédie électorale » sur la présence fameuse de Maurice Barrès aux élections législatives.
Outre les périodiques, la bibliothèque conserve également précieusement tout ce qui concerne le patrimoine écrit lorrain, mais aussi une prestigieuse collection de livres de Beaux-Arts dans tous ses domaines, la peinture, la sculpture, l’architecture et la gravure. La collection des Beaux-Arts comprend ainsi 8 000 volumes. La conservatrice feuillette sous nos yeux un très gros volume consacré au peintre d’origine romaine de la 1ère renaissance italienne Fra Angelico (1395-1455).
Puis la caméra nous emmène au cœur vivant de la bibliothèque à bord d’un monte-charge, nous arrivons alors accompagnés par le commentaire annonçant la date de fondation de la bibliothèque en 1750 au-dessus de la vaste salle d’accueil de la bibliothèque aux prestigieuses boiseries surplombé par un buste du monarque Stanislas (1677-1766). Cet espace est en cours de réaménagement au moment du tournage afin d’accueillir l’accès à de nouvelles technologies. Malik Diallo, conservateur et chef de projet numérique explique alors la métamorphose en cours. La salle d’accueil comprendra une tablette tactile et la salle de consultation patrimoniale, elle aussi réaménagée, doit permettre l’accès à un atelier numérique susceptible d’accompagner les étudiants et chercheurs dans leurs travaux. Des images en plongée survolent la salle de lecture.
Enfin, Cindy Hopfner présente le projet « Kiosque lorrain » qui, grâce à un moteur de recherche spécifique fonctionnant à partir de la reconnaissance optique de caractère, va permettre de mener une investigation à partir de mots-clefs. A l’écran la jeune femme propose un exemple à partir du mot clef « bombardement », le moteur de recherche recense alors rapidement l’ensemble des documents où le mot apparaît permettant ainsi un gain de temps considérable. Les photographies d’archives sont elles aussi recensées et défilent à l’écran.
Une dernière innovation permet de recenser les promenades littéraires dans la ville : une quarantaine de textes sur Nancy ont ainsi été enregistrés par des conteuses. On voit défiler à l’écran un quartier de la ville, rue des Ecuries au son du texte de Michel Guillet tiré du livre Nancy Royale et familière datant de 1957. Il s’agit d’une rue de la ville qui tient son nom des écuries de Charles III, situées au cœur du quartier historique et de la vieille ville, et fondées en 1571 à proximité du Palais ducal.
On constate donc que les bibliothèques diversifient leurs missions et points d’attraction au cœur des villes : quatrième lieu, c’est-à-dire lieux de rencontres, de formation, de recherche mais aussi de culture et de socialisation, la bibliothèque accomplit dès les années 50 sa révolution numérique : tout d’abord il s’agit de l’informatique documentaire mais l’introduction est très lente et progressive tant la tâche est colossale et n’est pleinement effectuée qu’à partir des années 80 voire 90. La diversification des fonctions, quant à elle, s’accomplit au même moment, la bibliothèque n’est plus seulement un espace dédié aux livres mais également un espace où l’on apprivoise différents médias : numérique, vidéo. Elle devient aussi un espace incluant des lieux de sociabilité : cafétéria, ou même restaurants. Si les bibliothèques ont bien effectué leur révolution numérique, l’activité première reste encore l’emprunt et la lecture même s’il existe une diversification : les usagers recourent également aux imprimantes 3D et plébiscitent les expositions, conférences et formations organisées dans les bibliothèques. Le prêt d’ouvrages numériques augmente également selon un dispositif où l’ouvrage numérique emprunté s’auto-détruit au bout d’un temps déterminé. Le nombre de références reste pour l’instant cependant limité, y compris dans les plus grandes bibliothèques parisiennes.
Transcription
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