Danton, figure majeure de la Révolution et enfant d’Arcis-sur-Aube
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Résumé
Figure majeure de la Révolution française, Georges Danton est né à Arcis-sur-Aube où il revenait régulièrement, en particulier lors des moments où il était menacé. Son parcours d’homme de loi et de grand orateur en ont fait un personnage très populaire. Sa mémoire, locale et nationale, a connu des variations importantes liées aux débats sur la Révolution française.
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Date de publication du document :
16 nov. 2022
Date de diffusion :
15 janv. 1983
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Contexte historique
ParProfesseur agrégé d’histoire au Lycée international Jeanne-d’Arc, Nancy
Georges Danton est né en 1759 à Arcis-sur-Aube, en Champagne, dans ce qui deviendra en 1790 le département de l’Aube. Comme beaucoup de révolutionnaires, sa formation d’avocat lui permet de se familiariser avec le droit et… la prise de parole en public. Lorsque la France entre en ébullition, il participe aux nombreux débats dans sa section, rive gauche. Paris en compte 60 qui sont autant de cellules de base de la démocratie au niveau local. La sienne s’installe dans l’ancien couvent des Cordeliers dont elle prend le nom. Un club du même nom lui succède lorsque la section est fermée. C’est au sein de ce club qu’il se forge un destin national. Il est aussi membre des Jacobins à partir de septembre 1790. Il se distingue par sa capacité à capter l’attention des assemblées, c’est un véritable tribun même s’il n’a pas le talent de mener la rue et les foules.
Au cours des nombreuses journées révolutionnaires, Danton est souvent au cœur des évènements, sans toujours en être le meneur. Il est souvent actif avant et après, plus rarement pendant. On retrouve Danton dans les jours qui suivent la prise de la Bastille, lors des préparatifs qui conduisent les femmes à Versailles le 5 octobre 1789 ou après la fuite du Roi à Varennes en juin 1791. En juillet 1791, Danton est de ceux qui s’indignent, manifestent, signent des pétitions en vain, La Fayette réprimant la contestation. Il doit quitter Paris, de retour en septembre après une amnistie. L’année 1792 consacre son ascension politique. Il participe à la prise des Tuileries le 10 août et devient ministre de la justice. Il joue un rôle important dans un moment de transition et d’incertitudes, entre la fin de la monarchie et l’établissement d’institutions stables. Son attitude lors des massacres de septembre 1792, au cours desquels plusieurs milliers de prisonniers sont massacrés par la foule, a nourri de nombreux débats. Ministre de la justice, il ne pouvait en effet ignorer une situation qu’il a pu encourager par ses discours. Il affirme par exemple, au moment de la création du Tribunal révolutionnaire : Soyons terrible pour dispenser le peuple de l’être
. Dans un pays envahi où les rumeurs circulent, l’absence de jugement de ceux qui étaient responsables des morts du 10 août ont exaspéré la population, dont une partie a décidé de se faire justice elle-même de manière populaire expéditive, frappant à l’aveugle.
Très bien élu à la Convention, il s’associe à la Montagne dans la répression des Girondins, même s’il cherche à composer. Deux de ses discours, souvent improvisés, ont un grand retentissement. Au moment où les Prussiens viennent de prendre Longwy et Verdun, il est un de ceux qui refusent de céder à la panique et s’oppose à ce que l’assemblée quitte Paris pour le sud de la Loire. Il appelle à lever le peuple en masse et déclare, le 2 septembre, à l’Assemblée législative : Le tocsin qu’on va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, Messieurs, il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace et la France est sauvée !
Dans les mois qui suivent, il est envoyé en mission en Belgique, où il se montre peu économe de l’argent public... Le 31 janvier 1793, de retour à Paris, il déclare vouloir pour la France des limites marquées par la nature
, à l’Océan, au Rhin, aux Alpes et aux Pyrénées
. Cette position reflète les ambiguïtés d’une Révolution qui aspire à libérer ses voisins de l’oppression mais qui finit par annexer des territoires et des populations qui n’y ont pas toutes consenti.
Danton est un homme de paradoxes, enthousiaste et lyrique, poussant à l’action, il a aussi été qualifié « d’indulgent », souvent comparé à Robespierre, l’incorruptible, l’intransigeant. Derrière la force de son verbe, il a souvent eu le souci d’accommoder les différents courants, cherchant à trouver des compromis, y compris avec ses adversaires.
Éclairage média
ParProfesseur agrégé d’histoire au Lycée international Jeanne-d’Arc, Nancy
Le reportage date de 1983, il s’intéresse surtout à ses premières années, avant son départ pour Paris. Il a été réalisé au moment de la sortie du film d’Andrzej Wajda, avec Gérard Depardieu dans le rôle-titre. Rock, théâtre et cinéma
sont évoqués. Rappelons que, dès 1972, Michel Sardou lui consacrait une chanson, qu’un opéra-rock de 1973 sur la Révolution française lui donnait le beau rôle, avant les spectacles de Robert Hossein. Depuis le centenaire de la Révolution en 1889, la figure de Danton a en effet repris des couleurs. Il ne faisait pas partie de ceux qui ont été réhabilités après la chute de Robespierre en 1794, ayant été à l’origine du Comité de Salut Public et justifiant la violence et la répression en de nombreuses circonstances. Héroïsé sous la IIIe République, il souffre ensuite du renouveau de l’histoire marxiste qui en fait, de même que les historiens royalistes du XIXe siècle, une figure controversée. La mémoire de Danton a donc évolué avec le temps.
Le reportage évoque son enfance pour tenter de comprendre ce personnage clé de la révolution française
. Il est ainsi décrit comme un affreux jojo, qui sèche l’école pour se promener ou se baigner
. Une place importante est accordée à son apparence physique. Le maire de la commune en 1983 raconte comment il a reçu une cicatrice au-dessus de la lèvre. Les membres de la famille sont d’ailleurs décrits comme très reconnaissables par leur stature imposante et leur âpreté au gain
. La vénalité de Danton est en effet une des faiblesses du personnage, bien connue des contemporains et des historiens.
Les principales étapes de son éducation et de sa jeunesse sont retracées, d’Arcis à Paris en passant par Troyes et Reims. Il fait partie de la petite bourgeoisie, son père étant homme de lois. A 12 ans, il entre au petit séminaire à Troyes mais le quitte pour Paris où il devient clerc d’un procureur. Il s’installe ensuite à Reims où il devient avocat en 1784. En partie grâce à un beau mariage, il parvient à racheter une charge d’avocat aux Conseils du Roi en 1787. Il connaît une ascension sociale rapide mais inachevée au moment où commence la révolution. L’épisode du sacre de Louis XVI en 1775, au cours duquel Danton aurait fait le mur
pour aller assister à la cérémonie, est sans doute légendaire. Le Maire fait le semi-aveu qu’une bonne partie de ces anecdotes relève de la « petite histoire ». La grande histoire et la participation de Danton à la Révolution ne sont que mentionnées, notamment son discours de 1792 sur « l’audace ». Le Maire insiste sur les nombreux passages de Danton à Arcis lorsqu’il souhaitait prendre du recul et fuir une situation trop critique. On sait que ce fut le cas en juillet 1791, après la fusillade du Champ-de-Mars, lorsqu’il se réfugie dans l’Aube avant de fuir quelques semaines en Angleterre. Egalement au début de 1794 avant d’être jugé et exécuté, en compagnie de Camille Desmoulins. C’est surtout cette fin qui est rappelée. Le reportage l’évoque par l’absence de tombe. Son corps et sa tête ont en effet été jetés dans une fosse commune après son exécution le 5 avril 1794. Ne restent à Arcis que la tombe de ses deux fils, la maison familiale n’ayant pas survécu aux bombardements allemands de 1940.
A Arcis, où se trouvent une statue, une place et un espace Danton, des fêtes sont régulièrement organisées autour du personnage. En 2019, il s’agissait de « retrouver la tête de Danton »…
Transcription
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