Qui a écrit La Marseillaise ?
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Le reportage retrace la genèse à Strasbourg en 1792 de ce chant guerrier et révolutionnaire qui allait devenir la Marseillaise et l’hymne national de la France. Il confronte deux versions du même événement et esquisse son devenir.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
08 janv. 2000
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Contexte historique
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Le 20 avril 1792, la France lance un ultimatum au « roi de Bohème et de Hongrie », l’empereur du Saint Empire romain germanique, et exige que soient dispersés les nobles français émigrés, massés le long du Rhin et qui menacent les frontières. La guerre est donc déclarée et la nouvelle arrive à Strasbourg le 24 avril. La ville, et plus largement l’Alsace, du fait de leur localisation, se retrouvent alors exposés au risque d’une invasion. Strasbourg, comme le reste de la France révolutionnaire, est par ailleurs déchirée sur le plan politique, entre d’une part les Feuillants, membres de la Société de l’Auditoire du Temple Neuf dont fait partie Dietrich, maire de Strasbourg favorable aux réformes, et d’autre part la Société des Jacobins avec Euloge Schneider. La position de Dietrich, en accord avec la monarchie constitutionnelle proclamée en septembre 1791, est alors menacée. Ainsi Strasbourg en avril 1792 connaît à la fois une crise interne et externe dont on débat dans les salons comme celui que tient le maire.
Homme des Lumières, proche des milieux libéraux, des Encyclopédistes et de La Fayette, Philippe-Frédéric de Dietrich est à la fois une figure politique (il est maire depuis 1790) et un savant distingué issu d’une famille protestante qui s’est enrichie dans la banque et la forge. Il y reçoit des hommes d’affaires, des professeurs, des artistes et des militaires comme Kléber ou encore Rouget de Lisle d’ailleurs invité à dîner le 25 avril chez les Dietrich au 4 place Broglie. Rouget de Lisle, qui est arrivé à Strasbourg en avril 1791, est un familier de la famille. Officier du génie en garnison à Strasbourg, il fait partie de la Société des Amis de la Constitution, il participe aux côtés de Dietrich à la lutte des Feuillants contre les Jacobins et défend, tout comme lui, la monarchie constitutionnelle. Ce soir-là il est donc question de menaces et de comment remotiver une armée du Rhin, très affaiblie.
La musique est alors indispensable aux armées : elle sert à communiquer sur le champ de bataille, à marcher en rythme, à encourager les soldats, à régler la vie quotidienne et la discipline dans le camp militaire, à fêter la victoire, à pleurer les morts, à se divertir… Rouget de Lisle, également poète et musicien (il a déjà composé à Strasbourg un Hymne à la liberté), le sait bien et compose dans la nuit le Chant de Guerre pour l’Armée du Rhin, qu’il interprète le lendemain chez les Dietrich. Le chant est joué pour la première fois en public, le 29 avril, à Strasbourg sur la place d’Armes – actuelle Place Kléber – par la Garde nationale et se diffuse dans toute l’Alsace, jusque dans le sud de la France sous forme de feuillets vendus à bas prix dans la rue. Les fédérés de Marseille s’en emparent et le chantent le 10 août 1792, lors de la prise des Tuileries. Dès septembre 1792, la victoire de Valmy et la proclamation de la République, le ministre de la guerre recommande de le faire entonner et le 14 juillet 1795 la Marseillaise est reconnue comme hymne national. C’est ainsi qu’elle est devenue la Marseillaise, chant d’abord militaire et patriotique, puis chant révolutionnaire, chant écrit par un monarchien et enfin hymne républicain...
Éclairage média
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Pour retracer l’histoire de la Marseillaise et souligner son origine strasbourgeoise, contrairement à ce que le titre le laisse entendre, le reportage associe reconstitutions en costumes, voix-off et iconographie (des détails d’affiches, de gravures et de peintures principalement du XIX e siècle).
Le commentateur commence par contextualiser l’événement et parle pour avril 1792 d’une « jeune république », menacée par la coalition des monarchies européennes, une erreur ici car la Ière République ne sera proclamée qu’en septembre 1792. Au mois d’avril, Louis XVI est toujours sur le trône et la monarchie constitutionnelle reste d’actualité.
Il met en scène deux versions différentes de l’événement et débute par ce qu’il appelle « la légende républicaine » : le 25 avril 1792 de Dietrich aurait lors d’un dîner proposé l’écriture d’un chant de guerre et Rouget de l’Isle qui avait assisté au dîner en serait reparti exalté et aurait durant la nuit composé le chant. Le lendemain matin il se serait rendu chez les De Dietrich place Broglie pour y interpréter le morceau pour la première fois. Cette histoire est directement inspirée de l’Histoire des Girondins écrite par Alphonse de Lamartine et publiée en 1847. L’écrivain et homme politique d’obédience libérale y défend un point de vue politique plus qu’historique, marqué par une forte opposition à Louis-Philippe et à la Monarchie de Juillet. D’ailleurs, c’est lui qui proclame la Seconde République en février 1848. Cette interprétation de la naissance de la Marseillaise par Lamartine a inspiré le célèbre tableau d’Isidore Pils, présenté au Salon de 1849 et aussitôt acheté par l’Etat, aujourd’hui conservé au Musée historique de Strasbourg. Le récit et l’imagerie que mobilisent la République exaltent le héros, Rouget de Lisle, incarnation de la patrie autour duquel se rassemblent l’auditoire, les citoyens unis dans une ferveur sacrée, ce que le reportage met en évidence par de nombreux gros plans sur l’œuvre.
Cependant une seconde version du même événement circule. Louise de Dietrich dans une lettre contemporaine des événements et adressée à son frère en fait une autre relation et attribue le texte du chant à son mari, De Dietrich. Rouget de Lisle l’aurait mis en musique et le maire l’aurait ensuite chanté. L’Histoire et la République ne retiendront par cette source et lui préfèreront un père unique, Rouget de Lisle, qui mourut dans l’obscurité la plus totale en 1836 sous la Monarchie de Juillet. La Marseillaise était alors interdite et ne deviendra hymne national qu’en 1879 avec la Troisième République. Depuis sa création elle a donc connu une histoire tourmentée, plusieurs fois remaniée, parodiée et réinterprétée, notamment par Serge Gainsbourg en 1979 avec le titre Aux Armes et cætera sur laquelle se clôt le reportage.
Transcription
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