A Reims, un nouveau lycée pour 1900 élèves
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Reportage sur l'ouverture du nouveau lycée de garçons de Reims en 1960. Prévu pour accueillir 1900 élèves, il se classe parmi les plus grands établissements européens.
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Date de publication du document :
11 mai 2021
Date de diffusion :
05 oct. 1960
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Contexte historique
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L’ouverture du lycée de garçons de Reims intervient dans un triple contexte.
Il y a d'abord la situation démographique avec un baby-boom qui entraîne une hausse des effectifs scolarisés. Le nombre de naissances, qui progresse dès 1942, dépasse 800 000 nouveaux nés par an de 1946 à la fin des années 50. La première conséquence de cette croissance est l’augmentation considérable du nombre de jeunes dans la population totale. S’ils représentaient 28,9 % en 1936, ils forment en 1954 plus de 30 % de la société. Cette augmentation a un impact direct sur le système scolaire. Comme le rappelle la voix-off, en 1960, un Français sur 5 rentre à l'école. En 1959, les établissements du second degré (public et privé) accueillent ainsi 800 000 élèves de plus qu’en 1950.
L’ouverture du lycée s'inscrit également dans la démocratisation de l'enseignement. Entamée au début des années Trente (gratuité progressive de la scolarité secondaire adoptée en mai 1933), poursuivie par le Front Populaire (l’école devient obligatoire jusqu’à 14 ans en 1936), celle-ci est prolongée par le gouvernement de la Cinquième République. Le 6 janvier 1959 est décidé l'allongement de la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, disposition qui doit entrer en application à partir de 1967. À la fin des années 50, aller au lycée est encore le fait d'une minorité. 400 000 élèves sont inscrits en 1958 dans les classes de la seconde à la terminale, contre 10 fois plus dans l'enseignement primaire. La forte augmentation prévisible du nombre d'élèves incite donc l'État, alors responsable de la construction des équipements scolaires secondaires, à doter Reims d'un nouveau lycée. La ville disposait déjà d'un établissement en plein centre-ville, devenu toutefois trop étroit en raison de la démographie scolaire.
La construction se place enfin dans un dernier contexte, celui de l'architecture des Trente Glorieuses. L’établissement est ainsi à ranger dans ces constructions qui se veulent à la fois modernes et fonctionnelles édifiées après 1945, comme la Cité radieuse de Marseille dessinée par Le Corbusier (1952), la maison de la radio à Paris inaugurée en 1963 ou la « barre Mouchotte » (1964). Sous la direction de l'architecte André Dubard de Gaillarbois, qui construira aussi à Reims les amphithéâtres en coquilles de l’UFR (Unité de Formation et de Recherche) de Lettres et Sciences humaines, les travaux ont lieu entre 1956 et 1960 sur un site de 4 hectares donné par la municipalité.
Éclairage média
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Consacré à l'ouverture du nouveau lycée de garçons de Reims, ce reportage a été diffusé par l'ORTF le 5 octobre 1960. Tourné en noir et blanc, avec les commentaires du journaliste en voix-off, il évoque la mise en service de cet établissement, dont la dernière tranche vient d'être livrée avec l'achèvement du gymnase. Avec des plans sur l'externat, la statue centrale et sur l'horloge, le document souligne les deux caractères principaux du nouveau lycée : l’ampleur et la modernité. Localisé en périphérie immédiate de la ville, dans un espace peu densifié, le site a permis à l'architecte de réaliser une construction de grandes dimensions. L’externat, le bâtiment destiné à l’enseignement, mesure ainsi près de 200 mètres de long. Les méthodes de construction (utilisation des coffrages tunnels permettant de mouler en un seul tenant les murs porteurs et les planchers) ont eu pour effet non seulement de réduire la durée des travaux mais aussi d’aménager de vastes installations en mobilisant une main d’œuvre réduite (moins de 40 ouvriers). En dépit de cette ampleur, le lycée offre une physionomie de jardin urbain. Comme le souligne un plan du reportage, l'entrée est aménagée sur une esplanade non close où n'est installé qu'un portique circulaire à ciel ouvert. Le rejet des bâtiments sur les côtés permet de ainsi mettre en valeur l’espace resté libre.
L’établissement est aussi inscrit dans la modernité. Celle-ci est incarnée aussi bien par l’horloge installée dans la cour que par la statue dressée au centre du portique. Cette œuvre de l'artiste Louis Leygue, intitulée L'Homme dans l'Univers en Expansion, s'accorde en effet avec la philosophie moderniste des années 50 et avec une société occidentale dont les progrès scientifiques et techniques semblent alors sans limite. La sculpture, en métal, témoigne aussi du 1 % artistique réservé depuis 1951 aux commandes d’œuvres d'art par les établissements publics. Prévu à l'origine pour 1500 élèves, le lycée selon le reportage, est capable d'accueillir près de 1900 élèves à son ouverture. Il convient toutefois de rappeler que cette construction monumentale s'intègre à un parc scolaire rémois déjà caractérisé par des structures de grande taille (lycées Roosevelt et Jean Jaurès) en raison des nombreuses formations proposées par ces deux structures. Les effectifs accueillis par l’établissement en 1960, alors un des plus gros d’Europe, restent aujourd’hui encore exceptionnels. En 2021, la taille moyenne d’un lycée d’enseignement général en France dépasse légèrement 1000 élèves.
Au départ, sans autre nom que lycée de garçons, il sera baptisé quelques années plus tard Georges Clemenceau, reprenant le nom de l'avenue qui borde son entrée. Il connaîtra une restructuration complète entre 2001 et 2006, sans toutefois que celle-ci affecte la physionomie singulière du "Clem", comme l'appellent avec tendresse ses élèves d'hier et d'aujourd'hui.
Transcription
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