Le Parc naturel régional de la forêt d'Orient : un parc à trésors
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Résumé
Le Parc naturel régional de la forêt d’Orient est un des plus anciens parcs naturels français. C'est un espace qui a été transformé par la création de trois lacs réservoirs. Il constitue un espace particulier, mêlant préservation d’une nature largement anthropisée et activités humaines, dans un contexte marqué par une histoire riche.
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Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
16 août 2018
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- 00283
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Éclairage
Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Publication : 01 sept. 2021
La préservation des espaces à forte valeur naturelle a été lancée en France dès 1960 avec la création des parcs naturels nationaux, puis prolongée en 1967 avec les parcs naturels régionaux. Les parcs naturels régionaux essaient de concilier environnement et activités humaines car, à l'inverse des parcs nationaux, ils concernent de grands espaces ruraux habités. Le Parc naturel régional de la forêt d’Orient (le PNRFO) fait partie des premiers parcs régionaux. Ces derniers ont été créés par décret en 1967. L’article 1er énonce qu'un territoire peut être classé en parc naturel régional lorsqu'il présente un intérêt particulier, par la qualité de son patrimoine naturel et culturel, pour la détente, le repos des hommes et le tourisme, et qu'il importe de le protéger et de l'organiser
. Ce sont les communes du territoire qui font le choix volontaire de créer et d’adhérer à un parc, le gouvernement ne faisant que valider la création pour une durée de quinze ans renouvelable.
Le fonctionnement d’un parc repose sur une charte, élaborée en concertation par les collectivité(s) régionale(s) et communes concernées, mais aussi avec les autres acteurs parties au projet (syndicat ayant une délégation de service public, associations locales,…). À l’issue du processus d’élaboration, cette charte fait l’objet d’une enquête d’utilité publique, comme pour tout projet d’aménagement, puis est approuvée par tous les partenaires. Si on peut considérer la charte comme un contrat local, elle se doit cependant d’intégrer un certain nombre de missions prévues par la loi : protection du paysage et du patrimoine naturel et culturel ; services et conseils aux acteurs pour l’aménagement du territoire ; participation au développement économique, social, culturel et à la qualité du cadre de vie ; accueil, éducation et information du public ; élaboration de projets innovants et expérimentaux. Au travers de ces missions, la charte permet donc de contractualiser le projet pour le territoire du parc, fixant les possibilités de développement. Pour atteindre les objectifs que le territoire se fixe, le parc est structuré autour d’un syndicat mixte réunissant les élus des collectivités locales et les partenaires associés au projet par la charte. C'est ce syndicat qui élabore et porte les projets du parc, assurant donc sa dynamique territoriale et sa reconnaissance par les populations du parc et au-delà.
On reproche parfois aux parcs régionaux d’être avant tout des outils au service du développement économique des territoires et trop peu des outil de préservation du patrimoine naturel. Cette critique reflète l’ambivalence consubstantielle à la création de ces parcs, qui sont à la jonction entre deux pôles que d’aucuns jugent inconciliables entre protection et mise en valeur. Sans trancher le débat, il faut néanmoins constater deux faits. D’une part, il existe aujourd’hui 56 parcs régionaux en France, regroupant 16,5% de la superficie du pays et 6% de la population (il ne faut pas oublier qu’ils ont été créés dans des espaces de faible voire très faible densité de population). Ainsi, la région Grand Est compte six parcs : forêt d’Orient, Lorraine, Montagne de Reims, Ardennes, Vosges du Nord et Ballons des Vosges. Ce nombre élevé est à mettre au regard des onze parcs nationaux répartis sur tout le territoire et des débats très conflictuels qui ont animé récemment la reconduction de la charte de certains d’entre eux, notamment celui de la Vanoise. Cette réception différente des deux modèles de protection du patrimoine naturel par les élus et les populations locales témoigne peut-être de la pertinence opérationnelle du modèle du parc régional mais aussi des débats permanents qui opposent encore développement économique et protection environnementale. Face à ce conflit qui paraît parfois indépassable, le modèle du parc régional semble constituer une réponse pragmatique, comme le montre le Parc naturel régional de la forêt d’Orient.
Éclairage média
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Le reportage de la régionale de France 3 Champagne a été réalisé dans le cadre d’une chronique estivale en août 2018. L'objectif est de mettre en évidence les multiples trésors du Parc naturel régional de la forêt d’Orient : le paysage, la faune et l’histoire.
La journaliste a choisi de proposer aux téléspectateurs un voyage en ballon qui offre un point de vue rare sur le site. Le discours du pilote et les images insistent sur la beauté et la richesse du paysage « naturel ». Mais le technicien du parc rappelle que c’est en fait un paysage anthropique. Le lac de la forêt d’Orient est en effet un lac réservoir, soit un lac artificiel implanté en Champagne humide, dans un territoire argileux mêlant zones humides, forêts et prairies. Il a été mis en eau en 1966 et a pour mission de réguler les eaux de la Seine grâce à des canaux de dérivation, de façon à éviter les inondations en aval de l’Aube, surtout en Île-de-France, là où le risque est majeur compte tenu de la concentration des populations et des fonctions économiques. L’épisode des crues catastrophiques de 1910 reste très présent dans les mémoires dans les années 1960, et le fort développement de la région parisienne rend nécessaire pour les pouvoirs publics d’anticiper l’aléa inondation. C’est dans la même logique que sont aménagés dans les années 1990 les lacs du Temple et Amance.
Ces trois lacs constituent ainsi le cœur du Parc naturel régional de la forêt d’Orient, ce vaste parc de 80 000 hectares regroupant à peine 25 000 habitants vivant dans 58 communes rurales. Le premier trésor du parc, un paysage entre terre et eau, lacs et forêts, est donc un trésor artificiel, mais né dans un territoire dont la richesse naturelle a justifié la création d'un parc naturel régional en 1970. Les aménagements réalisés, de très grande ampleur, ont ainsi renforcé la biodiversité de la région et son patrimoine naturel. Ils ont aussi permis le développement de nombreuses activités de loisirs liés à l’eau (voile, motonautisme, pêche,…), ainsi que plusieurs labellisations avec la Réserve naturelle nationale de la forêt d'Orient, la Réserve naturelle régionale des prairies humides de Courteranges et le site Ramsar des étangs de la Champagne humide pour les oiseaux migrateurs. Il apparaît ainsi que le passage des oiseaux migrateurs a été renforcé par l’artificialisation du site.
Revenue au sol, la journaliste nous fait découvrir une seconde richesse du parc aux côtés du technicien : la faune. Le parc est en effet très connu pour ses oiseaux migrateurs, mais ses immenses forêts et prairies humides sont aussi le territoire de vie de nombreux grands mammifères. Le Parc naturel régional de la forêt d’Orient a pour mission de protéger cette richesse faunistique mais aussi de faire œuvre de pédagogie pour favoriser la connaissance de la nature et la conscience écologique. Il constitue un observatoire de la faune et il a en plus réintroduit des espèces authigènes qui avaient disparu du parc, tels les aurochs. Là encore, l’être humain accompagne la nature.
La découverte du parc se termine sous les grands feuillus de la forêt en compagnie d’une historienne qui nous raconte l’histoire des Templiers. Ces moines-soldats, dont l’ordre a été créé en 1129 par un seigneur de la région, se sont donné pour mission de défendre la Terre sainte lors des croisades, en sécurisant la route de Jérusalem. Liquidés par le roi de France au XIVe siècle du fait de leur grande puissance, les Templiers auraient caché dans la forêt un trésor constitué en particulier du Saint Graal. Ce trésor contribue aux légendes qui courent encore de nos jours sur les Templiers et dont la forêt d’Orient est le décor.
Le Parc naturel régional de la forêt d’Orient est donc un trésor indissociable de l’activité humaine sur le temps long. Ici, il nous permet notamment de nous interroger sur le concept de nature et le sens à donner à sa préservation. Il illustre le débat entre préservation et valorisation, et montre que ce débat est sûrement dépassé par une approche globale et équilibrée de la gestion des territoires.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Ophélie Masure
Ce soir, « Un été dans le Grand Est » continue son exploration des forêts de la région.On vous emmène dans l’Aube, bordée par trois lacs.La forêt d’Orient est un véritable réservoir naturel.Elle a d’ailleurs aujourd’hui un label national.
(Musique)
Sandra Julien
Cette forêt est située à l’est de Troyes, dans l’Aube.Elle tient son nom très certainement des Templiers et des Hospitaliers, deux ordres militaires à qui elle a appartenu au Moyen Age.La forêt d’Orient.23 000 hectares de bois répartis sur un territoire créé le 16 octobre 1970, le Parc naturel régional de la forêt d’Orient.Voici nos guides du jour :Pascal Kilisky, pilote de montgolfière ;Thierry Tournebize, chef du service pôle environnement au Parc naturel régional de la forêt d’Orient ;et Valérie Alanièce, co-auteure d’ouvrages sur les Templiers de l’Aube.
(Musique)
Sandra Julien
Le soleil vient de faire son apparition ; les conditions optimales pour un vol en ballon.
(Musique)
Sandra Julien
Là-haut, plus que la nature et nous.
(Musique)
Pascal Kilisky
On n’a jamais la même lumière, on n’a jamais le même vent, on ne fait jamais le même vol finalement.C’est toujours l’émerveillement, bien sûr, mais ce n’est jamais le même vol.
Sandra Julien
Portés par 6 000 mètres cubes d’enveloppe, poussés un vent de nord, nous traversons à peine le tiers des 82 000 hectares du Parc naturel régional de la forêt d’Orient.Sous nos pieds, un des trois lacs réservoirs de la Seine.
Thierry Tournebize
Il y a une grande partie de la forêt qui a été défrichée pour faire ces retenues artificielles sur la cuvette argileuse.Donc c’était le cas en 1966 pour le lac d’Orient, où là il y avait de la forêt mais aussi des espaces agricoles, des étangs, des prairies et des cultures.Et puis sur les autres lacs, le lac du Temple, c’était essentiellement de la forêt qui a été défrichée.
Sandra Julien
Pour mieux apprécier ce spectacle, il faut voler à quelle altitude ?
Pascal Kilisky
Alors l’idéal, c’est de voler assez bas pour apprécier justement la faune, la végétation, les arbres, voir la canopée quoi, en fait.On entend régulièrement les oiseaux.On voit parfois du gibier, des sangliers, des biches, des cygnes sur l’eau, bien sûr, des hérons cendrés.Enfin c'est... oui, on voit beaucoup de, beaucoup de choses.
(Musique)
Sandra Julien
A terre, il existe un lieu où notre curiosité sera satisfaite.C’est l’espace faune du parc.
(Musique)
Thierry Tournebize
Hormis à certaines époques de l’année où les mâles sont séparés, les biches et les faons sont toujours ensemble toute l’année.Ça forme des grandes hardes qui se retrouvent en période de reproduction.Donc ici, certes sur une surface plus petite, 10 hectares, les animaux ont quand même le même comportement que dans la nature.Et là, l’objectif, c’est de permettre au public de voir de relativement près des animaux, sans aller les déranger aussi en forêt.
Sandra Julien
Ici, cervidés et sangliers vivent en semi-liberté.Mais on y découvre aussi des espèces dites « archaïques ».
Thierry Tournebize
Le massif devenant de plus en plus fréquenté par le grand gibier, on voyait plus d’animaux sauvages à l’extérieur qu’ici.Donc on a rénové entièrement le site, on l’a remis aux normes.Et on a introduit aux côtés des espèces forestières contemporaines, qu’on a gardées ici pour la pédagogie, les espèces qui ont existé il y a plus ou moins longtemps.Comme les chevaux tarpans, les aurochs reconstitués par croisements successifs, les bisons d’Europe et les élans d’Europe.
Sandra Julien
Vers 1255, dans la forêt d’Orient, il y eut des Templiers.L’une de leurs commanderies, la loge Bazin, administrait un domaine de 1 200 hectares.
Valérie Alanièce
Ils avaient, autour des bâtiments où ils vivaient, un domaine agricole, ils avaient des troupeaux, et puis ils géraient la forêt.C’est-à-dire qu’ils dirigeaient les coupes de bois, qu’ils surveillaient les éventuels fraudeurs aux droits d’usage,puisque les paysans payaient des droits pour venir dans la forêt faire paître leurs troupeaux,pêcher les poissons des étangs, ramasser le bois mort.Toutes ces activités généraient des revenus pour les Templiers.
Sandra Julien
Des arbres ont poussé dans ce qui fut jadis un étang.De l’époque ne subsistent que cette digue construite à mains d’hommes et les traces d’un ruisseau qui la traversait.
Valérie Alanièce
Les Templiers acquièrent cette grande forêt en 1255, c’est-à-dire on n’est déjà plus dans les débuts de l’ordre du Temple qui naît vers 1120.On est 135 ans plus tard, et ça correspond à cette période où la situation devient de plus en plus critique pour les Latins en Orient.Et c’est l’époque où l’ordre du Temple a besoin de plus en plus d’argent pour financer ses campagnes.
Sandra Julien
Depuis la fin de l’ordre du Temple, une légende plane encore sur la forêt d’Orient.Elle abriterait toujours le fameux trésor des Templiers.
(Musique)
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