Enercoop : une nouvelle façon de produire et de consommer l’énergie
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La coopérative Enercoop développe un modèle alternatif de production d’une énergie renouvelable en circuit court pour des particuliers et des entreprises. Dans le Grand Est, des consommateurs et des producteurs engagés adhèrent à ce projet à la fois militant et pragmatique.
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Date de publication du document :
01 déc. 2023
Date de diffusion :
15 oct. 2016
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Publication : 01 déc. 2023
Le projet de la coopérative d’énergie Enercoop se situe à la jonction de deux évolutions fortes : la prise de conscience du changement climatique et la libéralisation des marchés de l’énergie en Europe. À partir des années 1990, l’Union européenne est devenue un acteur majeur sur ces deux champs d’action et a pris de nombreuses décisions, traduites dans le droit national des États.
La mise en place d’un marché intérieur (européen) de l’énergie a débouché sur une ouverture progressive à la concurrence du marché français, permettant aux particuliers de choisir librement leurs fournisseurs. Cette orientation a donc eu une conséquence : les deux grands opérateurs publics, qui étaient en situation de monopole, EDF (électricité) et GDF (gaz), ont dû affronter des offres concurrentes venant d’opérateurs nationaux ou étrangers. L’objectif était de faciliter l’accès à l’énergie pour les consommateurs en créant une concurrence forte grâce à l’arrivée de nouveaux opérateurs et à la libéralisation des tarifs de l’énergie.
Cette évolution se fait dans un contexte où sont pris les premiers engagements internationaux en matière de limitation du réchauffement climatique, notamment le protocole de Kyoto en 1997. L’Union européenne s’est engagée à atteindre l’objectif dit des 3×20
d’ici à 2020 : 20% d’énergies renouvelables, réduction de 20% des gaz à effet de serre et de 20% de la consommation d’énergie. Les objectifs européens ont depuis été relevés, notamment en 2020 avec un objectif de réduction des émissions de dioxyde de carbone de 55% pour 2030. La France a elle aussi multiplié les engagements, allant même au-delà : elle veut avoir 40% d'énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2030. Dès 2015, la loi a fixé un objectif de neutralité carbone en 2050.
La réalisation de ces objectifs ambitieux nécessite de changer notre rapport à l’énergie. Le développement de l’énergie nucléaire dans les années 1970, pour faire face à la hausse très forte du prix des hydrocarbures, a créé une sorte de mythe d’une énergie électrique abondante et très bon marché, sans taire le débat sur les risques du nucléaire. La périurbanisation, en multipliant les mobilités pendulaires, l’équipement des foyers en appareils électriques nombreux, ainsi que les pratiques de loisirs et de vacances ont été autant de facteurs de forte augmentation de la consommation d’énergie, en partie compensée par le fort déclin de l’industrie française, grosse consommatrice d’énergie. Les Français doivent donc apprendre à économiser l’énergie, d’autant que la variabilité de son coût pèse sur leur budget.
La France doit aussi apprendre à produire une énergie décarbonée, au-delà du nucléaire. Les énergies renouvelables apparaissent ainsi dès la fin des années 1990 comme des énergies d’avenir, même si dans les faits elles ne sont que la résurgence de vieilles sources d’énergie. Il existe cinq familles d’énergies renouvelables : l’éolien, le solaire, l’hydraulique, la géothermie et la biomasse (dont le bois). Les fournisseurs historiques de l’énergie française, qu’ils produisent (EDF) ou transforment l’énergie (Total), ont donc vu exploser le nombre des producteurs, car le renouvelable permet à des petites structures ou à de nouveaux opérateurs financiers de se lancer dans la production de ces énergies dites vertes. Le paysage énergétique a donc beaucoup changé, même si le pétrole et l’électricité d’origine nucléaire sont encore largement majoritaires. Mais un espace économique s’est ouvert pour des opérateurs comme la coopérative Enercoop, née en 2005, et qui veut proposer un autre modèle énergétique aux consommateurs.
Éclairage média
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
Le reportage de France 3 Lorraine a été diffusée en octobre 2016. Il est de construction classique avec la voix off du journaliste et trois intervenants : un consommateur, un producteur et un distributeur d’énergie. Le reportage offre ainsi une pluralité de points de vue. Chaque intervenant du reportage apporte l’éclairage qui le concerne directement, ce qui permet aux téléspectateurs d’appréhender globalement la question. La collecte des informations données par chacun donne ainsi une vision assez claire de ce qui fait d’Enercoop une coopérative durable, proposant une offre énergétique alternative.
Le premier intervenant est un arboriculteur biologique dont on peut penser qu’il est le client type de la coopérative. Il permet de souligner que les particuliers et les entreprises peuvent se fournir auprès de la coopérative. Il fait aussi preuve d’un engagement certain quand il dit vouloir sortir du nucléaire et accepter le surcoût des énergies renouvelables. Son témoignage permet aussi de préciser la carte d’identité de la coopérative en la présentant comme une SCIC, une société coopérative d’intérêt collectif. On apprend ainsi que l’entreprise travaille dans le secteur des énergies renouvelables, que ces dernières coûtent pour l’heure plus cher que les énergies dites conventionnelles. Surtout, on comprend que l’entreprise est plus qu’un fournisseur d’énergie, car son statut en fait la propriété de ses sociétaires (chaque client pouvant le devenir) qui prennent ensemble les décisions, à un échelon local. L’objectif de l’entreprise coopérative dépasse ainsi la seule rentabilité économique pour se doter d’un projet sociétal, démocratique et écologique porté par les citoyens-consommateurs ou consom’acteurs. On a donc un modèle économique alternatif et démocratique. En fin de reportage, on revient chez cet arboriculteur pour apprendre que la coopérative fournit aussi du conseil à la consommation électrique dans le but de diminuer les consommations de ses clients.
Le producteur intervient ensuite. Celui qui est ici pris en exemple est un producteur d’hydroélectricité de la région. Il correspond donc parfaitement au projet d’Enercoop : de l’énergie renouvelable et locale, en l’occurrence hydraulique car la région est connue pour avoir, en particulier grâce à la présence des Vosges, un fort potentiel dans ce secteur. Mais le reportage suggère aussi que la coopérative commercialise de l’électricité d’autres origines, notamment éolienne. Le producteur précise ici sa relation avec la coopérative en soulignant qu’il a signé un contrat assez long ; la visite des installations permet d’apprendre qu’il existe différents types de contrat. En effet, si le producteur est libre de vendre comme il l’entend sa production, ce qu’on appelle le marché libre, il bénéficie aussi, en tant que producteur de renouvelable, des contrats à obligation d’achat. Ce type de contrat impose aux fournisseurs (ici Enercoop) d’acheter l’énergie renouvelable produite à un prix fixé par l’État, assurant ainsi un débouché garanti pour cette énergie dont on a déjà appris qu’elle était plus coûteuse que l’énergie conventionnelle. La visite des locaux montre au passage une installation qui semble très simple, et aussi très éloignée du gigantisme des installations pétrolières ou nucléaires.
Le distributeur est le dernier personnage, qui vient compléter le reportage. Il permet de souligner que l’ambition n’est pas seulement économique mais aussi citoyenne en associant les consommateurs à la production et en produisant une énergie locale, au plus près des besoins, réduisant ainsi les coûts de transport. Le surplus à payer est en baisse, ce qui rend l’offre plus attractive mais prouve aussi la pérennité du modèle économique.
La conclusion est donnée par la journaliste : Enercoop est une entreprise en pleine expansion, signe peut-être qu’elle répond à de nouvelles attentes des clients en matière de production et de consommation.
Transcription
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