La résurrection de l’énergie hydroélectrique dans les Vosges
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Dans le massif vosgien, les cours d’eau ont longtemps fourni une part importante de l’énergie électrique consommée, jusqu’à la fermeture de dizaines de sites industriels à partir des années 1960. La remise en état de cet outil laissé à l’abandon s’inscrit dans les enjeux de la transition énergétique actuelle.
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Date de publication du document :
01 déc. 2023
Date de diffusion :
14 mai 2021
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ParProfesseur agrégé d’histoire-géographie au collège Elsa Triolet à Thaon-les-Vosges
Publication : 01 déc. 2023
Si la force hydraulique des montagnes était exploitée depuis longtemps, ce n’est que très progressivement qu’à la roue hydraulique et à la machine à vapeur succède la turbine permettant la révolution de la houille blanche
des années 1880. En France, la première centrale hydroélectrique d’importance est mise en service dans le massif de Bellegarde en 1884 et, dans les Vosges, ce sont les établissements Les Héritiers de Georges Perrin qui, à Cornimont, tentent l’aventure électrique l’année suivante. Toutefois, il faut attendre les années 1920 pour que se généralise l’électrification des métiers à filer et à tisser des usines vosgiennes.
À cette date, l’État a changé de doctrine énergétique. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, qui a mis en évidence la dépendance électrique de la France, l’État s’était largement reposé sur l’initiative privée, privilégiant les capitaux des électriciens, des électrométallurgistes ou des transporteurs, n’encourageant guère les collectivités locales dont les intérêts et les capacités d’investissement pouvaient sembler trop restreints. La loi sur l’eau du 16 octobre 1919 est une véritable nationalisation de l’énergie hydraulique. L’énergie produite par les rivières, les lacs et les marées devient propriété publique
et l’État va s’employer à la mettre en valeur, toujours en s’appuyant sur des capitaux privés. Lorsque, en 1946, est fondée Électricité de France, ce ne sont pas moins de 362 sociétés qui sont nationalisées, soit 1,4 million d’actionnaires à indemniser.
Certains acteurs conservent toutefois leur indépendance, à l’instar de la Régie municipale d’électricité de La Bresse. Depuis sa création en 1934, elle n’a cessé d’étoffer ses capacités de production et son réseau de distribution : elle a aménagé six centrales, équipant notamment le lac glaciaire de Blanchemer dont les eaux sont amenées par une conduite forcée à une centrale construite en contrebas. En 1983, elle franchit un pas supplémentaire en créant un plan d’eau artificiel, le lac de la Lande, au pied du Kastelberg, également relié à la centrale de Blanchemer par une conduite forcée. Ce dernier équipement fournit à lui seul 75% de la production de la régie et, aujourd’hui, de 15 à 20% de l’électricité consommée dans la commune est produit par la régie.
Reste la question des dizaines de centrales abandonnées au fur et à mesure de la fermeture des sites industriels. C’est là qu’intervient l’entreprise coopérative ErCiSol ou bien le groupe Grands Meix Électricité - Jarménil Hydroélectricité (GME-JHE) qui exploite, entre autres, quatorze centrales dans le massif vosgien. Il s’agit de turbines construites dans les années 1920-1950 dans d’anciennes usines textiles alors désaffectées, voire détruites. Réhabilitées et modernisées, elles sont remises en état à l’instar des turbines de Steinheil à Rothau ou des Héritiers de Georges Perrin à Cornimont. Cependant, dans l’urgence de la transition énergétique, Pierre-Laurent Remy, directeur général de GME-JHE, évoque les tensions qui existent entre la nécessaire préservation de la biodiversité et le non moins nécessaire développement des énergies renouvelables. Pour tenter d’y répondre, en février 2021, le sénateur LR des Vosges, Daniel Gremillet, a déposé une proposition de résolution en application de l'article 34-1 de la Constitution, tendant à lever les freins réglementaires et administratifs au plein essor de l'hydroélectricité
. Cependant, en août 2023, ce texte n’a toujours pas été étudié par la Haute assemblée.
Des solutions alternatives sont cependant trouvées. Sur le site spinalien de Bragard où a été tournée la première partie du reportage, à proximité immédiate d’un nouvel écoquartier, la municipalité a installé une hydrolienne flottante qui permet de produire de l’hydroélectricité, y compris sur des cours d’eau de faible profondeur ou sur le canal de fuite des barrages, sans impact négatif sur l’environnement. Mise au point par la société PEBA et distinguée par le label Solar Impulse 2022, l’hydrolienne fluviale d’Épinal produit l’équivalent de la consommation électrique de 30 à 50 foyers.
Éclairage média
ParProfesseur agrégé d’histoire-géographie au collège Elsa Triolet à Thaon-les-Vosges
Le reportage est lancé par l’évocation de l’initiative parlementaire du sénateur LR des Vosges, Daniel Gremillet, pour favoriser l’essor de l’énergie hydraulique. Déposée en février 2021, la proposition de loi devait permettre de simplifier la réglementation pour l’implantation de centrales et alléger la fiscalité des entreprises engagées sur ce marché des énergies renouvelables. Le reportage à proprement parler est construit autour de deux initiatives, celle d’HydroÉpinal sur le site de l’ancienne usine Bragard à Épinal (0’25-2’22) et celle du groupe GME-JHE de la famille Remy (2’23-4’02).
La centrale du site Bragard est située le long de la Moselle, sur sa rive gauche, en amont du centre-ville de la préfecture des Vosges. La centrale a été construite à la fin du XIXe siècle pour alimenter la filature David et Maigret, bien avant que le site ne soit racheté par l’entreprise Bragard. Pour ce faire, les dirigeants de David et Maigret ont fait ériger une île artificielle de 1,5 hectare, constituée de remblais, permettant de dessiner un canal long de 350 mètres destiné à alimenter les turbines de leur centrale. L’eau de la rivière y est dirigée par un barrage établi en amont du canal, lui-même doté de plusieurs écluses pour la régulation du flux. Ces installations, qui ont plus de 150 ans, sont parfaitement visibles dans le reportage, notamment entre 1’35 et 2’00. En 2017, Bragard quitte le site et la centrale est arrêtée. En 2017 est constituée HydroÉpinal, détenue à 70% par la coopérative ErCiSol (Énergies renouvelables citoyennes et solidaires), une société par actions simplifiées, et à 30% par Énergie Partagée Investissement, une association spécialisée dans le financement des projets de production d’énergies renouvelables. Pour chaque projet, ErCiSol crée une filiale pour laquelle elle délègue un gérant. Concernant HydroÉpinal, il s’agit de Bernard Lachambre, par ailleurs administrateur d’ErCiSol et également gérant d’HydroRenage (Isère). Après 1 380 500 euros d’investissement, les trois turbines spinaliennes fonctionnent de nouveau. D’une puissance de 235 kW, elles produisent 1 200 mégawattheures par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle moyenne de 400 foyers, hors chauffage et eau chaude sanitaire. Cette électricité est ensuite vendue à EDF et basculée sur le réseau. En 2023, ErCiSol a rénové et exploite huit centrales dans les Vosges, le territoire de Belfort, le Bas-Rhin, l’Isère et la Sarthe.
Le cas du groupe Grands Meix Électricité - Jarménil Hydroélectricité (GME-JHE) est assez différent. Il s’agit d’une initiative purement privée d’un médecin, Laurent Remy, qui a décidé de réhabiliter et d’exploiter les centrales abandonnées de la vallée de la Moselotte, un affluent de la Moselle. En 1988, il acquiert et restaure à Cornimont la centrale des Grands Meix, sur le Xoulces, un petit ruisseau qui se jette dans la Moselotte. C’est sur ce site qu’est réalisé son interview. On distingue clairement le ruisseau et son barrage avec, à gauche, le canal de dérivation qui alimente la petite centrale de 100 kW, initialement destinée à mouvoir les métiers d’un tissage. Tout autre est la centrale de Blanchefeigne qui clôt le reportage. Établie sur la Vologne, autre affluent de la Moselle, elle a été construite dans les années 1920 pour le tissage Walter-Seitz, sur la commune de Granges-Aumontzey. On distingue très nettement les deux turbines Francis repeintes en bleu et jaune, modèles parfaitement adaptés à des chutes moyennes et construits par la société Neyrpic, un ancien groupe industriel grenoblois acheté par Alstom en 1967 et cédé à General Electric en 2014. Acquise et modernisée en 2018, la centrale de Blanchefeigne développe une puissance de 400 kW. C’est devant l’une des turbines Francis qu’est interrogé Pierre-Laurent Remy, qui dirige désormais un groupe détenu à 100% par la famille Remy. GME-JHE salarie 15 personnes et produit 30 000 mégawattheures dans 37 centrales hydroélectriques. Si l’essentiel est constitué de sites du massif vosgien et de son environnement proche, d’autres sont localisés dans le sud de la France (Dordogne, Gironde, Pyrénées-Atlantiques et Corse).
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