Les centrales nucléaires du Grand-Est, entre ressource et risques
Infos
Résumé
Les centrales nucléaires du Grand-Est sont essentielles pour l’approvisionnement de la région en énergie et pour les économies locales. Cependant, elles atteindront bientôt leur âge de fermeture (40 ans). La ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, propose en 2016 d’allonger leur durée de vie de 10 ans, ce qui fait réagir habitants riverains et ONG qui s’inquiètent des risques liés au nucléaire.
Langue :
Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
14 mars 2016
Éclairage
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00226
Catégories
Niveaux - disciplines
Thèmes
Personnalités
Éclairage
Éclairage
Contexte historique
ParProfesseure agrégée de géographie au lycée Charlotte Delbo (Créteil)
L’énergie nucléaire est issue de la chaleur libérée par la fission de noyaux d’uranium ou de plutonium. Cette chaleur est récupérée pour produire de l’énergie. L’énergie nucléaire n’est pas une énergie renouvelable : l’uranium est un minerai qu’on extrait du sol. Ce minerai n’est pas rare, mais le coût d’extraction est élevé. Les scientifiques estiment les réserves exploitables à 7,6 millions de tonnes, même s’il est possible que la totalité de l’uranium disponible atteigne 17 millions de tonnes. Le nucléaire posséderait une réserve d’un siècle de ressources. 11,5% de l’électricité mondiale est produite par la fission de l’uranium. En France, l’énergie nucléaire représente la première source d’électricité avec 72% qui provient du nucléaire. Le développement du nucléaire repose sur la volonté d’être indépendant du point de vue énergétique. 58 réacteurs sont répartis sur le territoire, avec une concentration en Auvergne-Rhône-Alpes (4 centrales), dans la région Centre-Val de Loire (5) et dans le Grand-Est (4 : Fessenheim dans le Haut-Rhin, Cattenom en Moselle, Chooz dans les Ardennes et Nogent-sur-Seine dans l’Aube). 20% de l’énergie nucléaire est produite dans la région Grand-Est. Le nucléaire peut être vu comme une solution pour limiter le réchauffement climatique : la production d’énergie nucléaire ne produit pas de gaz à effet de serre. De plus, en France, l’installation des centrales nucléaires a été faite dans des petites communes rurales dans les années 1960. Ces territoires ont bénéficié d’une manne financière importante, notamment du fait des emplois proposés par la centrale.
L’énergie nucléaire est ainsi une ressource, notamment dans les pays anciennement industrialisés comme la France ; une ressource est un élément mis en valeur et exploité par les sociétés. L’exploitation de cette ressource n’est cependant pas exempte de risques. Le risque peut être défini comme un phénomène porteur de dangers pour la société. Les risques sont l’exposition de la population à un nuage radioactif en cas d’accident nucléaire majeur, comme ceux de Tchernobyl (1986) ou de Fukushima (2011). De nombreuses voix s’élèvent dans la société civile pour dénoncer le nucléaire. Le gouvernement allemand notamment a décidé la sortie du nucléaire dès 1998, à la suite de la victoire de la coalition SPD-Die Grüne lors des élections fédérales. Ce nouveau gouvernement entérine la décision de la fermeture des centrales nucléaires d’ici 2022 : commence alors l’Energiewende (tournant énergétique). Cette sortie s’est accélérée en 2011, à la suite de la catastrophe de Fukushima. En août 2011, 7 centrales allemandes sont fermées. L’énergie nucléaire est remplacée par les énergies renouvelables, secteur soutenu par les autorités allemandes. Cependant, l’usage du renouvelable n’a pas pu permettre la réduction drastique de l’utilisation des énergies fossiles.
Les détracteurs du nucléaire soulignent ainsi les risques liés aux centrales et notamment à celles en fin de vie comme à Fessenheim. Alors prévue pour durer 40 ans, la durée de vie d’une centrale n’est plus fixée : des contrôles de sûreté décennaux permettent de maintenir l’exploitation d’une centrale nucléaire. Ainsi, la durée de vie d’une centrale peut être prolongée en fonction de son état. Des manifestations ont eu lieu pour demander la fermeture de la centrale alsacienne. La gestion des déchets nucléaires est également un argument des détracteurs. Les déchets radioactifs contiennent de la radioactivité sur le long terme et il faut les confiner pendant plus de 100 000 ans. Il s’agit de s’assurer que les déchets radioactifs restent là où ils ont été confinés. En France, une loi a été votée en 2006 et prévoit l’ouverture d’un site de stockage en couche géologique profonde en 2025 sur la commune de Bure (Meuse). Ce projet a été très fortement critiqué par les associations écologiques. Les revendications de ces groupes reposent sur les risques encourus par l’entrepôt des déchets pour les générations futures.
Éclairage média
ParProfesseure agrégée de géographie au lycée Charlotte Delbo (Créteil)
Ce reportage a été diffusé le 14 mars 2016, quelques jours après la déclaration de Ségolène Royal sur le prolongement de dix ans de la vie des centrales nucléaires françaises. Alors ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, Ségolène Royal a en effet fait part de sa volonté de porter à cinquante ans la durée de vie d’une centrale. Cette décision va donc à contre-courant de la loi de transition énergétique, qui prévoit de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité française d’ici à 2025, alors à 75% en 2016.
Ce reportage traite principalement de la question du risque lié au prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires. Il est donc illustré par des images des centrales nucléaires du Grand-Est en activité. La question de la centrale de Fessenheim est particulièrement traitée par le reportage. La centrale a été mise en service en 1977. Elle est située à équidistance de Mulhouse et de Colmar, dans la zone particulièrement dense de la vallée du Rhin. Le reportage revient sur les débats liés à sa fermeture puisqu’il s’agit d’une des centrales les plus anciennes de France. L’accent est donc mis sur la sécurité des habitants des alentours de la centrale. Les actions de Greenpeace sont également montrées grâce à des images d’archive datant d’avril 2014 : l’ONG est très présente dans la lutte contre le maintien des centrales nucléaires. Au final, les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim ont été arrêtés courant 2020 : le premier le 22 février, le second le 30 juin.
Le reportage confronte les points de vue de différents partis politiques, habitants ou associations de sauvegarde de l’environnement. De manne financière pour les communes à proximité due aux emplois dans les centrales aux actions anti-nucléaires de Greenpeace, les arguments des deux partis sont bien mobilisés. Les habitants, interrogés autour de la centrale de Cattenom, émettent des avis divergents : certains sont pour le nucléaire, d'autres émettent des avis négatifs notamment du fait du manque de sécurité. Associations et habitants, acteurs de la vie locale, se placent ainsi en tant que défenseurs de la sécurité des territoires. En ce qui concerne les personnalités politiques, Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie en 2016, montre son désaccord vis-à-vis de la fermeture de la centrale de Fessenheim, malgré la promesse de François Hollande lors de son élection en qualité de Président de la République en 2012. Pour lui, le nucléaire assure l’indépendance énergétique de la France : son point de vue prend en compte l’échelle nationale principalement.
Le reportage fait donc état des débats ayant lieu à l’Assemblée Nationale dans le courant de l'année 2016. On y voit donc un représentant du gouvernement s’exprimer face aux députés, députés qui peuvent s’émouvoir du discours d’Emmanuel Macron, à l’instar de Cécile Duflot, alors députée du Groupe Écologiste. Cette séquence du reportage est particulièrement intéressante puisqu’elle permet de mettre en valeur le fonctionnement des institutions de la Ve République, d’une part, à travers les débats parlementaires. D’autre part, elle met en valeur les tensions liées à la question nucléaire.
Transcription
Sur les mêmes niveaux - disciplines
Date de la vidéo: 15 mai 2017
Durée de la vidéo: 04M 03S
La géothermie : ressource renouvelable ou nouveaux risques pour les territoires ?
Date de la vidéo: 30 janv. 2018
Durée de la vidéo: 02M 36S
Les conséquences du réchauffement climatique dans les Vosges
Date de la vidéo: 10 sept. 2018
Durée de la vidéo: 01M 28S
Une ZAD contre le GCO : une arme nouvelle pour les opposants aux grands projets d’aménagement
Date de la vidéo: 22 juin 2013
Durée de la vidéo: 01M 57S
Fegersheim : quel devenir pour les espaces périurbains ?
Date de la vidéo: 02 mai 2016
Durée de la vidéo: 02M 18S
Wacken Europe, un nouveau quartier d’affaires à Strasbourg
Sur les mêmes thèmes
Date de la vidéo: 15 mai 2017
Durée de la vidéo: 04M 03S
La géothermie : ressource renouvelable ou nouveaux risques pour les territoires ?
Date de la vidéo: 07 nov. 2019
Durée de la vidéo: 04M 0S
Après la tempête Lothar, une forêt plus durable dans les Vosges du Nord
Date de la vidéo: 21 janv. 2014
Durée de la vidéo: 02M 26S
Le Plan de prévention des risques technologiques du port aux pétroles de Strasbourg sujet à polémique
Date de la vidéo: 22 juin 2013
Durée de la vidéo: 01M 57S
Fegersheim : quel devenir pour les espaces périurbains ?
Date de la vidéo: 21 janv. 2014
Durée de la vidéo: 02M 26S
Le Plan de prévention des risques technologiques du port aux pétroles de Strasbourg sujet à polémique
Date de la vidéo: 15 mai 2017
Durée de la vidéo: 04M 03S
La géothermie : ressource renouvelable ou nouveaux risques pour les territoires ?
Date de la vidéo: 27 janv. 1998
Durée de la vidéo: 02M 25S
Les risques miniers : la prise en compte des victimes des affaissements miniers d’Auboué et de Moutiers
Sur les mêmes personnes
Date de la vidéo: 16 avr. 2018
Durée de la vidéo: 02M 02S
Les visites des présidents de la Ve République dans les Vosges
Date de la vidéo: 22 janv. 2018
Durée de la vidéo: 01M 58S
Historique du traité franco-allemand de 1963
Date de la vidéo: 07 nov. 2018
Durée de la vidéo: 01M 45S