Le laboratoire P4
Notice
Jacques Chirac inaugurera demain, à Lyon, le laboratoire P4 qui va se consacrer à l'étude des virus et des bactéries les plus dangereux. P4 signifie groupe pathogène de niveau 4 (le sida ne relevant que du niveau 3).
- Rhône-Alpes > Rhône > Lyon
Éclairage
En ce jour d'inauguration du laboratoire P4 Jean-Mérieux à Lyon (P pour agents pathogènes et 4 pour le niveau de sécurité biologique), fallait-il rassurer la population locale des risques éventuels de la présence d'un tel institut de recherche en pleine ville ?
C'est ce que peut donner à penser le sujet du journal télévisé de la mi-journée consacré au premier laboratoire européen de microbiologie chargé d'étudier les virus pour lesquels il n'existe ni vaccin ni traitement : Ebola, Marburg, Lassa... Entre l'interview du directeur technique, Jacques Grange, qui insiste sur les caractéristiques du bâtiment (fenêtres incassables, blindage du bâtiment), les images, souvent en gros plan, de scaphandres, codes confidentiels, portes étanches, sas de décontamination, grilles et un commentaire qui insiste lui lourdement sur les mesures de protection des chercheurs qui seront « triés sur le volet », il s'agit avant tout de souligner les mesures drastiques de sécurité mises en place : le « laboratoire est un bunker », « le plus sophistiqué ».
Il faut dire que ce tout nouveau laboratoire est installé à Gerland, près d'un stade et d'une salle de concert (la halle Tony-Garnier) qui accueillent tout deux beaucoup de public. Sans compter les riverains d'un quartier, déjà voué à la recherche, alors en plein développement.
Le tout premier laboratoire de ce type fut installé à Atlanta aux États-Unis après qu'un incident dans un laboratoire allemand, à Marbourg, ait entraîné la mort de sept chercheurs et la contamination de 31 autres en 1967. Celui de Lyon, financé par Charles Mérieux et sa fondation, est donc inauguré le 5 mars 1999 par le président de la République Jacques Chirac et le maire de Lyon Raymond Barre, en présence d'Anne-Marie Comparini, présidente de la région Rhône-Alpes et de Bernard Kouchner, ministre de la Santé.
Fierté de la France, le P4 de Lyon est appelé à devenir un modèle de sécurité : dalle antisismique, filtration de l'air, différences de pression d'air pour garantir la non-diffusion des éléments pathogènes dans la ville, traitement des déchets, circuit d'eau indépendant... Toutes ces mesures suffiront-elles à convaincre une population qui n'a cessé, depuis l'annonce du projet, de montrer son inquiétude face au projet ?
En 2004, la fondation Mérieux a transféré à l'INSERM la responsabilité du fonctionnement technique.