Le 14 juillet sur la côte [Muet]
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Retour des cortèges et des défilés célébrant la fête nationale en France : remise de médailles, défilé des troupes et de diverses fédérations sur la Canebière à Marseille, joutes nautiques dans le bassin du Vieux Port ; à Nice, défilé des troupes coloniales.
Date de diffusion :
14 juil. 1945
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C'est le premier 14 juillet célébré dans la liberté. La France renoue avec la fête nationale républicaine que Vichy avait mise entre parenthèses. À Nice, le défilé, militaire et patriotique - sur lequel se clôt le reportage - a lieu sur la Promenade des Anglais. On aperçoit, outre le casino Ruhl, le grand monument du Centenaire (l'union de Nice à la France) érigé en 1896 et surmonté d'une Victoire - Nikaia - ailée. Ce monument, qui se trouve au bord du Jardin Albert Ier, face à la mer, non loin de la place Masséna, est le centre des commémorations niçoises.
À Marseille, qui occupe l'essentiel du reportage, les lieux sont plus éclatés. La cérémonie a commencé le matin à 9 heures au Prado où a eu lieu une prise d'armes et la remise de décorations - trois Légions d'honneur, huit médailles militaires, vingt-neuf croix de guerre - à des militaires et des civils qui se sont illustrés lors des combats pour la libération. Le défilé qui a suivi et dont on voit quelques images a mis à l'honneur les troupes coloniales (14e Régiment de tirailleurs sénégalais, 10e Régiment d'artillerie coloniale), mais aussi les fusiliers marins et quelques autres unités (gendarmes, le Train, etc.). Il faut remarquer la place accordée aux femmes - qui viennent d'obtenir le droit de vote et que les nouvelles forces issues de la Résistance tiennent à mettre en valeur - puisque défile un contingent des AFAT (les engagées) et que le défilé est fermé par la section féminine de l'Armée de l'Air. Ce défilé est passé par la rue de Rome, la place de la Préfecture, la rue Saint-Ferréol, pour se terminer par la Canebière et les Réformés, que l'on entrevoit. Mais, dans les espérances de l'après-Libération, alors que la guerre vient de se terminer en Europe, la fête revêt un caractère très politique. Au défilé militaire succède le défilé civil, des partis, syndicats et associations issus ou rénovés par la Résistance.
Gaston Defferre, qui vient d'être maintenu à la mairie de Marseille à la tête d'une coalition socialistes-communistes, le communiste Jean Cristofol, qui lui succèdera quelques mois plus tard, Lucien Molino, le leader de la très puissante CGT, sont en tête du cortège qui part du boulevard Cantini pour se rendre aux Mobiles. L'atmosphère est à la fête, la musique municipale et celle des tramways sont de la parties. Malheureusement, on ne voit pas les chars fleuris révolutionnaires qui portent des jeunes gens costumés en sans-culottes, des jeunes filles en Mariannes, des reproductions de la Bastille (qui renvoient au slogan de l'époque sur les "Bastilles qui restent encore à prendre"). Rescapés des camps de la mort, en costume rayés, qui, à peine revenus, viennent de créer la Fédération des Déportés et Internés Politiques dont on remarque la banderole, résistants, militants défilent avec pancartes et banderoles qui réclament une Constituante et souhaitent le châtiment des "criminels et des traîtres". Une pancarte renvoie au procès du maréchal Pétain qui va s'ouvrir le 23 juillet ("Louis XVI avait trahi, il a payé. Pétain a trahi, il doit payer"). L'après-midi et le soir sont consacrés aux réjouissances dans la ville pavoisée et décorée de guirlandes tricolores, avec balettis, joutes dans le Vieux-Port, feu d'artifice. Le lendemain, Le Provençal peut titrer très justement "Le peuple français a fêté avec une joyeuse ferveur le 14 juillet de la délivrance".
Bibliographie :
Jacqueline Cristofol, Batailles pour Marseille, Paris, Flammarion, 1997.
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