Ouverture au public de la réplique de la grotte Cosquer à Marseille

Le 4 juin 2022 le centre de restitution et d’interprétation de la grotte Cosquer, implanté au sein de la Villa Méditerranée à Marseille, accueille ses premiers visiteurs en présence du plongeur Henri Cosquer, ayant découvert, en 1985, une grotte sous-marine ornée, située dans la calanque de la Triperie près du cap Morgiou, entre Marseille et Cassis.

Cette grotte, accessible à pied à la Préhistoire, car alors située à huit kilomètres du bord de mer, est aujourd’hui localisée à 36 mètres de profondeur au bout d’une étroite galerie remontante de 116 mètres de long creusée dans la paroi rocheuse. Elle se compose de deux grandes salles communiquant par d’étroits passages, et un grand puits de 24 m de profondeur occupe le fond de la seconde salle. Le caractère exceptionnel de cette grotte découle du fait qu’elle renferme un demi-millier d’œuvres d’art pariétal, peintes ou gravées sur la roche, et vieilles pour certaines de 33 000 ans. Les hommes préhistoriques ont représenté des animaux terrestres (chevaux, cerfs, bouquetins, antilopes ou bisons), mais aussi marins (pingouins ou phoques), ce qui est unique, ainsi que des empreintes de mains ou des traces de foyers. De nombreuses concrétions, sous forme de stalactites et de stalagmites sont également visibles dans cette grotte.

Henri Cosquer y fait plusieurs visites durant six ans avant de rendre public sa découverte en 1991. Après avoir été authentifiée, la grotte est classée au titre des monuments historiques dès l’année suivante. Des campagnes d’études scientifiques successives sont alors menées, sous la direction des préhistoriens Jean Courtin et Jean Clottes bientôt accompagnés de l’archéologue et photographe Luc Vanrell, afin de récolter le maximum de données et de connaissances sur le site. Une nouvelle campagne de fouilles d’urgence est lancée au début des années 2020 par une équipe scientifique pluridisciplinaire dirigée par l’archéologue Cyril Montoya, afin de comprendre comment et pourquoi cette grotte a été habitée par les hommes préhistoriques, au-delà des dessins et gravures qu’ils y ont réalisés, et préciser la chronologie de ces activités humaines. En effet l’inexorable montée des eaux menace, à relative brève échéance, de disparition les œuvres présentes dans la grotte.

La Région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur a donc décidé de financer la réalisation d’une réplique de la grotte Cosquer au sein de la Villa Méditerranée lui appartenant et située sur le J4 à côté du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MUCEM). Inauguré en 2013, année durant laquelle Marseille est capitale européenne de la culture, ce bâtiment était initialement destiné à accueillir des expositions et des conférences. Il a été fermé au public en 2018, puis totalement transformé sur plusieurs niveaux durant trois années pour accueillir en sous-sol une restitution de la grotte Cosquer fidèle à l’originale. La conception, la réalisation et l’exploitation de la réplique de la grotte Cosquer ont été confiées à la société Kleber Rossillon, gérant une douzaine de sites patrimoniaux et touristiques, dont la grotte Chauvet 2 en Ardèche, la plus grande réplique de grotte ornée au monde. Les visiteurs, à bord de modules d’exploration, découvrent au cours de leur parcours en immersion les œuvres emblématiques reproduites et des informations leur sont données par audioguide. Ils peuvent également visionner un film sur la découverte de la grotte par Henri Cosquer, et la Galerie de la Méditerranée, située au troisième étage, aborde la Préhistoire et la thématique du réchauffement climatique, dont la montée des eaux dans la grotte constitue une illustration. Atteignant son millionième visiteur en septembre 2023, soit quinze mois seulement après son ouverture au public, le centre de restitution et d’interprétation de la grotte Cosquer contribue à renforcer l’attractivité touristique de la cité phocéenne, même si sept visiteurs sur dix viennent encore de la région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur. Il joue également pleinement son rôle éducatif, puisqu’un tiers des entrées est constitué par des jeunes gens. Enfin dans l’optique de rendre le lieu accessible au plus grand nombre (personnes à mobilité réduite non transférables sur les modules ou claustrophobes) a été inaugurée, à l’été 2023, la cabine d’exploration proposant une visite en réalité virtuelle et en trois dimensions.      

Bibliographie

• Jean Clottes, Jean Courtin, La grotte Cosquer : Peintures et gravures de la caverne engloutie, Paris, Seuil, 1994.
• Jean Clottes, Jean Courtin et Luc Vanrell, Cosquer redécouvert, Paris, Seuil, 2015.     
• Michel Olive, Luc Vanrell, La grotte Cosquer : Trente ans de recherches, Dijon, Éditions Faton, 2021.