Tristan Tzara parle du mouvement Dada

16 septembre 1963
02m 09s
Réf. 00022

Notice

Résumé :

Dans cette interview, Tristan Tzara évoque la naissance du mouvement Dada en Suisse, le soutien de la revue Littérature dirigée par Aragon, Soupault, Breton, le contenu du programme de ce mouvement, et le quartier de Montparnasse où tous ces intellectuels se retrouvaient.

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Date de diffusion :
16 septembre 1963
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Éclairage

Tristan Tzara, de son vrai nom Samuel Rosenstock, écrivain roumain, est né en 1896.

Son nom est définitivement lié à celui de Dada. En effet, il est considéré comme le père de ce mouvement littéraire, né à Zurich. En 1916, est publié le premier manifeste Dada, La Première aventure céleste de Monsieur Antipyrine qui prône "l'abolition de la mémoire, l'abolition du futur, l'abolition de la logique" et "la croyance absolue en la spontanéité, en la folie du moment". Arrivé à Paris en 1919, il se lie d'amitié avec André Breton et tous deux introduisent le courant Dada en France. Ils mettent en scène une série de scandales et de provocations et apportent de nombreuses innovations littéraires. Ils imaginent des créations singulières et déroutantes, comme la poésie phonétique ou l'écriture automatique, cherchant à remplacer le sens des mots par l'acte poétique de création en lui-même.

En 1922, Tzara rompt avec Breton et continue à prêcher la parole Dada. Il publie une grande fresque automatique d'un lyrisme débordant, L'Homme approximatif en 1931. A partir de 1935, il rejoint l'association des écrivains et artistes révolutionnaires, et se lie d'amitié avec Aragon. Il s'associe à la lutte des écrivains espagnols lors de la guerre d'Espagne et entre dans la clandestinité. Lors de l'Occupation, il continuera ensuite à militer au sein du Parti Communiste. Il est enterré au cimetière du Montparnasse à Paris.

Aurélia Caton

Transcription

Journaliste
Tout se passe alors comme si par des voix secrètes parvenaient à Montparnasse le message des deux révolutions issues de la grande guerre. Celle de 14-18, la révolution bolchevique, mais aussi et plus immédiatement encore, la révolution dada. Bombe à idée lancée par un Tristan Tzara alors qu'à Verdun des millions d'hommes s'affrontaient mortellement
Tristan Tzara
Eh bien, comme vous savez, Dada a été crée en Suisse en 1916, Picabia est venu à ce moment là et en a fait partie, Ribemont-Desaignes en faisait partie également, et le groupe littérature formé par Lebreton, Soupault et Aragon, ont donné leur adhésion à ce mouvement Dada. Auquel un peu plus tard s'est joint Eluard.
Journaliste
Quel était le programme ?
Tristan Tzara
Le programme de Dada était, contrairement à ce qu'on pense, communément la destruction, c'était de créer de nouvelles valeurs, renverser les valeurs existantes et pour cela évidemment, pour les renverser, il fallait détruire les valeurs ayant cours communément et plus ou moins académiques. C'est pour cela que la réputation de Dada, mouvement destructeur, a pris pied, et malheureusement, on pense que c'est ça vraiment, uniquement le mouvement dada. Evidemment, on ne peut pas détruire si, on ne peut pas construire si on ne détruit pas auparavant ce qui existe. Dada bien entendu ne se passait pas, spécifiquement, spécialement à Montparnasse, puisque toutes les manifestations ont eu lieu ailleurs.
Journaliste
On en parle là j'imagine ?
Tristan Tzara
On en parlait beaucoup et c'etait comme je vous dis, un lieu de rencontre où souvent de séjour pour ceux qui habitaient tout près. Parce qu'un peu plus tard avec Man Ray, Crevel, quelques autres, nous avions habité un hôtel rue Campagne Première où presque l'hôtel entier était habité par des amis. Alors évidemment à ce moment là, c'était la belle vie, en amitié, et c'était comme un immense appartement qui appartenait, où nous habitions tous
Journaliste
Un phalanstère ?
Tristan Tzara
Enfin, si l'on peut dire...