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Volker Schlöndorff tourne Le Tambour, d'après le roman de Günter Grass.

31 janvier 1979
03m 39s
Réf. 00093

Notice

Résumé :

Reportage sur le tournage du film Le Tambour et interview du réalisateur Volker Schlöndorff et de l'auteur du roman original Günter Grass.

Type de média :
Vidéo
Date de diffusion :
31 janvier 1979
Source :
TF1 (Collection: IT1 13H )
Personnalité(s) :
Andréa Ferréol / Yves Mourousi / Bernard Volker / David Bennent / Louis Malle / Volker Schlöndorff / Charles Aznavour / Günter Grass
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

Contrairement à d'autres cinéastes de sa génération tels que Wim Wenders parfois regroupés dans le mouvement du "Nouveau cinéma allemand", Volker Schlöndorff s'est fait une spécialité des adaptations de romans : après Les Désarrois de l'élève Törless d'après Robert Musil en 1966, il s'impose en Allemagne avec L'Honneur perdu de Katharina Blum en 1975, d'après Heinrich Böll. (Il adaptera par la suite Yourcenar, Proust ou Arthur Miller).

Son adaptation du Tambour de Günter Grass (1979) se concentre sur la première partie du roman où, en plein nazisme, un petit garçon nommé Oskar s'accroche à son petit tambour et stoppe sa croissance par la seule force de sa volonté (le roman continue jusqu'à la mort de Staline en 1953).

A la fois brûlot sur le nazisme et allégorie d'une jeunesse des années 70 qui "refuse les responsabilités du devenir adulte", le film vaudra à Schlöndorff une Palme d'or au festival de Cannes ainsi que l'Oscar du meilleur film étranger en 1980.

Charlotte Garson

Transcription

Yves Mourousi
Et bien de ce cinéma allemand, prenons-en la température aujourd'hui à travers un homme qui tourne, en ce moment, un film, Le Tambour, un homme que vous connaissez peut-être si vous avez vu Les Désarrois de l'élève Törless. C'était son premier film. Il s'appelle Volker Schlöndorff.
Volker Schlöndorff
[allemand]
Bernard Volker
Volker Schloendorff est l'un des rares metteurs en scène allemands contemporain connus en France, notamment grâce à son premier film, Les Désarrois de l'élève Törless. Schlöndorff, qui a été l'assistant de Louis Malle et a longtemps vécu en France, a entrepris une tache considérée jusqu'à présent comme impossible : transposer à l'écran le roman de Günter Grass, Le Tambour. Cet ouvrage - extrêmement complexe - a été écrit à Paris par celui qui est actuellement l'écrivain allemand contemporain à la fois le plus célèbre dans son pays et aussi le plus connu en France. Ce roman a eu un succès extraordinaire en Allemagne où il est devenu un classique.
Volker Schlöndorff
Le thème central, c'est vraiment les adultes vus par un enfant. Ça se passe dans les années 30 et 40, la montée et la fin du nazisme vues par un enfant, petit bourgeois, qui se refuse de grandir, qui reste donc pendant 20 ans à l'âge pratiquement d'un garçon de 5 ou 6 ans, et il vit toute cette période... Il faut dire qu'il ne grandit pas sauf d'un membre. C'est le contraire des vieillards. C'est-à-dire qu'en même temps, il a une vie amoureuse assez passionnée avec des femmes de différent âge et qui sont un peu, comme pour Candide, les étapes de sa traversée du nazisme. C'est d'abord un regard sur l'Allemagne, sur un aspect barbare. C'est un film assez sauvage comme le roman, je pense, c'est-à-dire qu'il introduit aussi bien l'irrationalisme profond de l'histoire allemande dans son récit. Et je crois que - je ne suis pas vantard - qu'on a réussi à capter cette multitude d'épisodes baroques, d'irrationnel, de personnages étranges dans le film autour d'un grand comique qu'est notre interprète principal qui est digne d'un des grands comiques du cinéma muet comme le Kid ou comme Harry Langdon.
Günter Grass
[Allemand] Je trouve que parmi des jeunes d'aujourd'hui traînent beaucoup d'Oskar Matzerath. Je pense qu'en Allemagne, il y a, dans chaque génération, beaucoup de jeunes qui se refusent à devenir adultes et gardent souvent jusqu'à la vieillesse leur culotte courte. Ils désirent se soustraire aux mutilations du devenir adulte et aux responsabilités qui y sont liées.
Bernard Volker
Volker Schlöndorff a trouvé David Bennent pour incarner Oskar. David souffre aussi d'un trouble de croissance. Il a 12 ans mais il n'est pas plus grand qu'un enfant de 4 ans. Son père est acteur en Suisse et joue également dans ce film, dans lequel Charles Aznavour et Andréa Ferreol ont un petit rôle. La dernière scène du film se déroule dans un cimetière. Le père d'Oskar, mort après avoir avalé une croix gammée, est enterré. Oskar jette alors son tambour dans la tombe et commence à grandir.