La conférence de Tanger
Notice
À Tanger, en plein conflit algérien, une conférence maghrébine réunit des représentants du Néo-Destour (Tunisie), de l'Istiqlâl (Maroc) et du Front de libération nationale (Algérie).
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Éclairage
La guerre en Algérie menace la stabilité des pays voisins qui ont gagné, en 1956, leur indépendance. Le Maroc et la Tunisie doivent faire face à un afflux de réfugiés et se transforment en base arrière pour les bataillons de l'Armée de libération nationale (ALN) qui harcèlent les troupes françaises aux frontières. La solidarité des deux pays envers l'Algérie en lutte met en péril les bonnes relations qu'ils entendent par ailleurs maintenir avec la France, notamment dans le cadre de la coopération. Ainsi, le bombardement du village de Sakiet Sidi Youssef par l'aviation française en février 1958 montre que le territoire tunisien n'est pas à l'abri. Le conflit n'empoisonne pas seulement la politique extérieure marocaine et tunisienne, il affecte également leur politique intérieure. Habib Bourguiba, en particulier, s'inquiète des convergences possibles entre le FLN et son plus farouche opposant, Salah Ben Youssef.
C'est dans ce contexte qu'est organisée, en avril 1958, la conférence maghrébine de Tanger, réunissant des représentants du Néo-Destour, du Front de libération nationale (FLN) et de l'Istiqlâl. La conférence s'inscrit dans la stratégie d'internationalisation du FLN qui compense ses difficultés militaires par une diplomatie combattive. Pour le Maroc et la Tunisie, il importe avant tout de contrer l'influence égyptienne sur le FLN et de faire pression sur la France pour régler au plus vite la question algérienne.
Le reportage du 30 avril 1958 est projeté dans le cadre de l'édition tunisienne des Actualités françaises. La société continue, en effet, d'alimenter les écrans locaux. La demande est réelle car les actualités tunisiennes (La Tunisie d'aujourd'hui), qui viennent de naître, ne proposent aux exploitants qu'un nombre limité de copies. Le public européen reste, d'ailleurs, proportionnellement important malgré les départs pour la métropole et les cinémas sont encore, pour une large part, aux mains de propriétaires français. Le ton du journal régional est manifestement plus libre que durant l'époque du protectorat : ainsi, on filme et on nomme les leaders du FLN. Mais le compte rendu ne va guère au-delà de la liste de noms (Ferhat Abbas, membre du FLN, Ahmed Balafrej, ministre des Affaires étrangères du Maroc, Allal El-Fassi, figure historique de l'Istiqlâl ou encore Bahi Ladgham, ministre tunisien de la Défense). Les enjeux de la rencontre, qui devait favoriser la constitution d'un gouvernement provisoire algérien et donner quelque substance au vieux rêve d'unité du Maghreb, ne sont à aucun moment évoqués.