Une interview de David Dacko, président de la république centrafricaine
Notice
David Dacko, président de la République centrafricaine, évoque ses projets, la question du Congo, la future communauté économique des États africains, etc.
Éclairage
Une courte interview de David Dacko, premier président de la République centrafricaine, est diffusée à la télévision française en février 1961. Cet ancien instituteur a accédé au pouvoir en Centrafrique après avoir occupé divers postes dans le gouvernement de Barthélemy Boganda, institué par la loi Defferre de 1956. Dans le cadre de la Communauté instituée en 1958 (voir le parcours Les chemins politiques, de Brazzaville à la Communauté), il a également eu des fonctions ministérielles au sein du gouvernement de la République centrafricaine autonome. Le décès de Barthélémy Boganda dans un accident d'avion en 1959 lui ouvre la voie vers le pouvoir : faisant valoir un lien familial avec le chef du gouvernement défunt, David Dacko s'impose à la tête de l'Etat. Modéré pro-occidental, il apparaît comme un partenaire politique fiable aux yeux de l'ex-métropole lorsqu'il négocie, en 1960, l'indépendance de la République centrafricaine et qu'il en devient le premier président.
Le discours tenu ici contribue à affirmer les liens d'amitié unissant la France et la RCA. Il a aussi pour objectif de clarifier la position centrafricaine face aux troubles qui ont éclaté au Congo voisin (Voir le parcours Un cheminement toujours pacifique vers les indépendances ?, et les diverses notices qui y sont consacrées à la crise du « Congo-Kinshasa »). Les luttes ouvertes pour le pouvoir entre différents protagonistes (Kasavubu, Mobutu, Tschombe, etc.), l'intervention de la Belgique pour protéger ses ressortissants en violation de la souveraineté du territoire désormais indépendant, la sécession de la province du Katanga en août 1960, puis l'éviction et l'assassinat du Premier ministre Patrice Lumumba en janvier 1961 ont fait basculer l'ancien Congo belge dans les convulsions de la guerre civile. L'ONU intervient à partir du 14 juillet 1960 pour rétablir l'ordre, mais la « crise congolaise » semble bien difficile à juguler.
On comprend les inquiétudes exprimées par David Dacko, dans la mesure où la République centrafricaine partage sa frontière méridionale avec la République du Congo sur plus de 2 000 kilomètres – frontière poreuse, comme beaucoup des frontières issues de la colonisation, et à travers laquelle peuvent transiter sans grande difficulté populations, combattants et armes en tous genres. La RCA a d'ailleurs signé, en 1960, des accords de coopération militaire avec la France, qui garantissent la formation de son armée par des instructeurs français et la protection de son territoire. On peut imaginer, sans extrapoler outre mesure, que les discussions entre David Dacko et de Gaulle, évoquées en début d'interview, ont dû rouler notamment sur ces questions de sécurité...