Le Mag : Surf et Economie sur la côte landaise

21 octobre 2012
08m 17s
Réf. 00723

Notice

Résumé :

Les surfeurs de l'élite mondiale sont séduits par les vagues d'Hossegor . La compétition du Quiksilver Profrance d'Hossegor constitue une vitrine stratégique pour les professionnels et le surf est devenu en dix ans une réelle attraction. Les écoles de surf se sont développées et les effectifs explosent. Les écoles développent les cours hors saison, l'éducation nationale favorise les projets éducatifs liés au surf... Les Landes portent désormais le label tourisme, surf, qualité. L'industrie locale du surf se porte bien, la glisse d'été pèse deux milliards d'euros en Europe, chiffre généré pour la moitié par le département des Landes. Exemple avec reportage dans l'entreprise Oxbow, sur les plages landaises, interviews de personnalités du surf, de directeurs d'écoles, d'associations, et micro-trottoirs de surfeurs amateurs.

Date de diffusion :
21 octobre 2012
Source :

Éclairage

Pratiqué par quelques initiés à Biarritz dès la fin des années 1950 (1), le surf connaît un développement considérable dans les années 1970-1980. Non seulement sur les rivages du Pays basque où l'imposante et exceptionnelle déferlante venue du haut-fond de Belharra, entre Socoa et Hendaye, fait toujours rêver les surfeurs, mais aussi sur le reste du littoral d'Aquitaine. Les grandes plages de la Côte d'Argent (2) offrent de multiples sites ou spots aux adeptes du surf dans toutes ses variétés.

Attractif pour de nombreux jeunes sportifs aimant la "glisse", le surf riding engendre une économie, essentiellement de services, aux aspects divers. Clubs proposant des formations, partenariats avec certains établissements scolaires dans le cadre de sections sport-études, boutiques d'équipements et de vêtements, hébergements ou restauration dans les stations balnéaires : les effets induits sont manifestes. D'autant que des compétitions sportives se déroulent périodiquement, attirant des foules de spectateurs qui, peu ou prou, consomment et deviennent parfois, peu après, de fervents pratiquants désirant s'équiper ou renouveler leur matériel.

Par exemple, en 1971, la côte landaise accueille les troisièmes championnats d'Europe à Seignosse et les huitièmes sont organisés en 1980 à Biarritz. De même, le Quiksilver Pro France (3), manche du championnat du monde de surf, se déroule chaque année en septembre sur le spot d'Hossegor, en fait sur les plages et de Soorts-Hossegor et de Seignosse.

Le développement de ce sport est accompagné et structuré par la Fédération française. Surf proprement dit mais aussi bodyboard, bodysurf, longboard, stand up paddle surf et même stand up paddle race ou le kneeboard se distinguent, chacune de ces disciplines ayant ses spécificités. On comprend que – ces pratiques étant apparues en Australie, à Hawaï ou sur les plages californiennes – les vocables anglais aient déferlé dans ce jargon sportif.

À partir de là on comprend qu'il puisse y avoir un impact socio-économique. Pareillement à d'autres sports spectaculaires, le surf fascine nombre de jeunes et certains rêvent même d'en devenir professionnels. Après la gloire du palmarès, ces aquaplanchistes deviendront peut-être moniteurs brevetés, techniciens, designers ou encore agents commerciaux pour les entreprises vendant planches, combinaisons, ligne de vêtements ou produits dérivés. Le sport n'est plus un simple et noble loisir comme au temps de Pierre de Coubertin qui, à n'en pas douter, ignorait tout du surf. Il a désormais une dimension économique.

(1) On compte parmi eux, les quatre premiers que furent, sur la "Plage des Basques", Georges Hennebutte, Joël de Rosnay, Jacky Rott et Peter Viertel. En 1958 Jacky Rott lance "Neptune", la première marque de planches en France...

(2) Baptisée ainsi par Maurice Martin en 1905, à Mimizan-les-Bains, elle s'efface un peu à la fin des années 1960 derrière l'appellation « Côte aquitaine », voire "Côte Sud" – un brin "tendance" – pour la partie du Seignanx et de la Maremne (Capbreton, Hossegor, Seignosse...).

(3) Quiksilver, société australienne fondée en 1969 et spécialisée dans les sports de glisse, a son siège pour l'Europe à Saint-Jean-de-Luz.

Jean-Jacques Fénié

Transcription

Présentatrice
… sur l’eau pour évoquer la passion du surf. Ce sport de glisse suscite de plus en plus de vocations chez les jeunes comme chez les adultes. Illustration sur la côte landaise, 32000 licenciés aujourd’hui et des milliers d’amateurs. En 10 ans, le surf s’est structuré, il a beaucoup évolué. Voici le magazine de Marie Neuville et Jean-Michel Litvine.
musique
(musique)
Marie Neuville
Hossegor, le littoral landais, des vagues uniques au monde, sur la plage, ils sont des milliers à rêver.
musique
(musique)
Marie Neuville
Dans l’eau, Kelly Slater, Jérémy Florès et autres génies de la vague en quête d’un titre planétaire. Le Quicksilver Pro France 2012 est un triomphe. Onze fois champion du monde, Slater entre davantage encore dans la légende. La nouvelle icône, John John Florence est séduite.
John-John Florence
Ce spot, c’est de la folie même par rapport à Hawaï d’où je viens. Ici, les vagues sont puissantes et effrayantes. Surfer dans ces vagues donne énormément d’expériences. Elles sont vraiment imprévisibles.
Marie Neuville
Cette compétition constitue une vitrine stratégique pour les professionnels, un show magique pour le public.
Mikaël Picon
L’impact sur le surf local est, ça reste, ça sert comme une locomotive pour le surf français en général. Ça nous permet d’analyser et voir les meilleurs surfeurs mondiaux sur nos vagues, notre terrain d’entraînement, ce qui est, pour nous, super important pour se réévaluer et aussi emmagasiner un maximum de techniques.
musique
(musique)
Inconnue 1
Oh bien sûr, j’adore ! C’est tellement formidable de voir ces pros et de découvrir leurs nouveaux styles.
musique
(musique)
Inconnu 1
Les vagues, trop, trop bons et les surfeurs très bien, et rester à la plage, ce sont les vacances.
Marie Neuville
Mais à l’écart de la foule et des caméras, le surf est devenu en 10 ans une réelle attraction.
Marie Brunel
Yann, est-ce qu’il est français, Kelly Slater ?
Yann Martin
Non, Kelly Slater, c’est un américain, c’est un floridien !
bruit
(bruit)
Marie Neuville
Les clubs se sont développés, les effectifs ont explosé, comme ici à Cap Breton. Au début des années 2000, on accueillait une vingtaine d’écoliers en hiver, aujourd’hui ils sont plus d’une centaine.
Yann Martin
Je sais que moi, à l’époque où j’ai appris à surfer, ce n’était pas forcément très structuré. Aujourd’hui, ça l’est donc je pense que les parents nous font confiance, c’est aussi également ce qui nous motive à faire évoluer le sport et à de plus en plus pousser le surf vers le haut, je pense.
Alric God
Mon ambition, eh ben, essayer de vivre du surf et devenir peut-être un jour professionnel.
Marie Brunel
Je faisais de la danse, et je n’aime pas la danse, non.
Marie Neuville
Et ça, oui ?
Marie Brunel
Oui !
Marie Neuville
Et qu’est-ce que tu aimes quand tu fais ça ?
Marie Brunel
Ben, j’adore être dans l’eau, donc voilà.
Marie Neuville
Et tu pensais faire ça un jour ou pas ?
Marie Brunel
Heu non, parce qu’avant, j’avais peur des vagues.
Marie Neuville
Derrière cette évolution, le travail d’une fédération pour s’imposer et combler les vides pédagogiques d’un sport encore jeune en France.
Jean-Luc Arassus
Les politiques ont compris que, je dirais, le surfeur n’est plus le post-soixante-huitard, avec de l’eau dans la tête. C’est un vrai athlète, c’est quelqu’un qui amène une vraie valeur ajoutée à la vie, à la vie sociale de la commune et qui est capable de s’investir dans des projets pour développer les valeurs de son territoire. Donc, les politiques en ont pris conscience, ensuite, on a bénéficié aussi d’une reconnaissance plus institutionnelle par l’Education Nationale, au travers de projets éducatifs que peuvent développer écoles, collèges, lycées.
Marie Neuville
Le département est même devenu référent du label Tourisme Surf Qualité, les écoles privées se sont multipliées, quarante aujourd’hui.
Inconnu 2
Si vous voulez, on va pouvoir s’asseoir sur les planches, si vous voulez vraiment vous poser, et on va débriefer un petit peu sur ce que vous avez fait depuis le début.
Rémi
Je surfe depuis trois jours, donc on va, je sens qu’il y a comme un progrès mais bon, on a toujours du mal à se lever.
Wilfrid
Je commence à arriver à me lever et puis à essayer de surfer un peu la vague et essayer de me diriger.
Magali
On aime bien l’océan et oui, c’est une manière de profiter de l’environnement en fait, et pas de lui faire du mal, quoi.
Xavier
Bien sûr que c’est à la mode et ça devient de plus en plus à la mode et immédiatement parlant, on n’en parle même plus. Non, ce n’est pas pour ça que je le fais, moi, j’ai toujours eu des sensations de risque mais sur neige.
Marie Neuville
Le cocktail sensation de liberté et gratuité de la mer fait de plus en plus d’adeptes ; l’été, les écoles affichent complet.
Mathieu Vayron
L’intérêt, depuis ces 3, 4 dernières années, vraiment, c’est de développer le hors saison, comme maintenant hein, vacances de Toussaint, vacances de Pâques ; parce que nous sommes ouverts, il y a des vagues, on peut surfer, il n’y a pas de problème. Et ça permettrait un petit peu de diluer cet afflux très important en juillet août où il y a vraiment beaucoup, beaucoup de monde.
Marie Neuville
Mais voilà, même les tours operators étrangers ont compris que l’eldorado landais pouvait rapporter gros.
Philippe Mur
La concurrence est de plus en plus forte et c’est un vaste débat actuellement en France, parce qu’on a aussi nos concurrences qui viennent de l’étranger. Donc, c’est toujours un contexte un peu difficile parce qu’on n’est pas tous soumis aux mêmes réglementations ; et nous, on est soumis à des réglementations qui sont normales, je dirais, en France, de qualité. Et on ne veut pas, en fait, qu’il y ait un amalgame qui soit fait entre la qualité qui est défendue par les écoles que l’on représente et d’autres écoles qui arrivent, qui font un peu ce qu’on pourrait dire du low cost sur les écoles de surf.
musique
(musique)
Marie Neuville
En revanche, l’industrie locale continue de sourire, la glisse d’été pèse deux milliards d’Euros en Europe, un chiffre généré pour la moitié par le département des Landes. La progression pour l’équipement était même de 4% en 2011.
musique
(musique)
Stéphanie Godin
Le sport est en forte croissance, on le voit notamment sur nos plages actuellement, où il y a de plus en plus de surfeurs à l’eau, une population aussi féminine de plus en plus importante. Donc, tout ce côté-là où il y a de plus en plus de pratiquants, les pratiquants sont obligés de s’équiper, donc l’équipement est en croissance flagrante ; et certaines entreprises connaissent des croissances à 2 chiffres. Donc effectivement, on parle beaucoup du côté textile et de la crise économique que subit la filière glisse, mais il y a aussi toute cette partie accessoires et techniques qui, elle, est vraiment poussée par la montée du sport et du surf en Europe ; et notamment, évidemment, sur les plages landaises et aquitaines.
Inconnu 3
Cette planche, je l’ai fait faire il y a 40 ans et le problème, c’est que je n’ai jamais su surfer quand j’avais cette planche. Pour nous, c’était, il fallait surfer, on prenait la vague et on allait tout droit.
Vincent Duvignac
Et vous étiez beaucoup à cette époque là à surfer ? Tu avais commencé où ?
Inconnu 3
A Contis, à Contis il y en avait deux ou trois qui étaient bons.
Marie Neuville
Le surf, version encrage familial. Nous sommes à Mimizan, Vincent Duvignac, champion d’Europe et de France, écoute toujours les conseils de son papa.
Inconnue 2
Bon, qu’est-ce qu’on fait, on s’habille ?
musique
(musique)
Marie Neuville
Quand il n’est pas à l’autre bout du monde, le champion est resté fidèle à son club, à son petit paradis et surtout à une philosophie de la vie.
Vincent Duvignac
Il faut essayer de préserver ça et il faut surtout que les gens qui commencent le surf en fait, respectent certaines règles, notamment les règles de courtoisie, de priorité et tout ça. Il y a énormément de règles, des règles de savoir-vivre en fait, et donc, j’espère qu’à long terme, ça continuera à garder cet esprit-là, un bon esprit surf.
Marie Neuville
Une éthique dans un espace préservé, mais pour combien de temps encore, on compte 300000 surfeurs en France, un million en Europe, des chiffres totalement sous-évalués car le nombre de surfeurs restent tout simplement incalculable. Et pourtant, sur cette côte, le surf ne serait qu’au début de son apogée. L’océan et ses reflets d’argent restent une mine d’or.