La fin du colloque sur le réaménagement des sites miniers
Notice
A l'occasion du colloque européen sur le réaménagement des sites miniers, ce reportage s'attarde sur le cas de Bruay-en-Artois qui possède de nombreux vestiges de l'exploitation minière. L'appropriation de l'ancien carreau de la fosse 1 permet aujourd'hui, comme l'explique Marcel Wacheux, député maire, de refaire un centre ville dynamique. Interrogé à la fin du colloque, Umberto Battist, député du Nord, estime que la région a pris du retard comparé aux voisins européen.
Éclairage
A partir de la fin des années 1960, la question du réaménagement des villes minières et de leur devenir après l'arrêt de l'exploitation ne cesse de poser (1). Comme le montre le reportage, il ne s'agit d'ailleurs pas d'une question seulement française ; elle se pose au contraire à l'échelle de tous les bassins de l'Europe, surtout à cette époque celle du nord-ouest. Les interventions présentées ici s'inscrivent dans le droit de fil des politiques urbaines qui, dans le cas français, ont été dessinées à partir des années 1970, pour pallier la désorganisation liée à la fin du charbon. La date essentielle est l'année 1972. Après la visite du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, la politique de rénovation minière est lancée. Les communes, réunies au sein de l'Association des Communes Minières (ACM, 1970), reçoivent, pour mener cette politique, l'appui de l'État, via notamment le GIRZOM (Groupe Interministériel pour la Restructuration des Zones Minières, 1972).
Que l'action du maire de Bruay-en-Artois (aujourd'hui Bruay-la-Buissière) soit présentée comme l'exemple de cette rénovation n'a rien d'étonnant. Si la ville a connu onze ans plus tôt une célébrité nationale pour avoir été le théâtre d'un fameux fait-divers, elle est aussi, plus discrètement, renommée pour l'évolution précoce de son urbanisme. Son maire, le socialiste Marcel Wacheux (à la tête de la commune entre 1965 et 1987) s'est en effet montré très actif lors des premières vagues de rénovation, comme en témoigne, dès le début des années 1970, la réhabilitation de la cité des Aviateurs. Il est devenu au début des années 1980, le président de l'ACM. Il explique dans cette séquence les projets qu'il a continué à mener au sein de sa ville. En l'entendant, on perçoit bien l'ambition qu'il partage avec beaucoup de ses collègues du bassin (ainsi à la fin du reportage le député socialiste de Jeumont, Umberto Battist). Comme lui, ces derniers ont dû attendre le départ des Houillères pour pouvoir mener des politiques sur l'ensemble du territoire communal, dont une bonne partie, c'est-à-dire les cités minières, auparavant leur échappait. Après ce départ, les maires du Bassin ont donc les mains libres et cherchent avant tout à faire de leur commune de "vraies" villes, autant sur le plan matériel que sur le plan symbolique. Marcel Wacheux insiste en particulier dans cette perspective sur les initiatives concernant les logements et les anciennes cités, qui représentent une grande part du parc immobilier local, et font l'objet de conflits sans nombre entre les élus locaux et ce qui reste de l'entreprise minière. La rénovation et la réorganisation des anciennes agglomérations du Pays Noir vont continuer, dans les années qui suivent, à faire à la fois conflit et débat : faut-il conserver, ou non, la trame urbaine minière ? Faut-il détruire les cités ou au contraire les requalifier ? Pour quelles populations ? Qui doit en supporter le coût ? Quel degré de continuité conserver avec l'héritage minier (par exemple sur le plan de l'architecture) ? Il y a là autant d'enjeux qui courent au moins jusqu'aux années 2000, et, pour certains, perdurent encore aujourd'hui.
(1)Voir en particulier les travaux du géographe Guy Baudelle, et par exemple l'article où il résume certains des aspects de sa thèse : Guy Baudelle, "Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais après le charbon : la difficile gestion de l'héritage spatial", Hommes et terres du Nord, 1994-1, p. 3-12