Le patrimoine des Houillères
Notice
Inventaire en images "à la Prévert" du patrimoine des Houillères : des bois, des friches industrielles, des terrils et des carreaux de mines avec leurs chevalements. Ce sont aussi des corons et des cités minières, des voies ferrées, des ponts, des stades et des terrains de sport, des écoles, des pharmacies, des salles des fêtes, des églises et des calvaires. De retour sur le plateau Jack Verlaine directeur des HBNPC indique que les Houillères ont cédé ce patrimoine.
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Éclairage
À la suite du plan Bettencourt (1968) qui organise la fin de l'exploitation minière, les Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais (HBNPC) annoncent en 1969 leur intention de se décharger peu à peu de leur patrimoine immobilier. Celui-ci est caractérisé à la fois par son ampleur et sa diversité : 120 000 logements, 11 000 km de voirie, 120 stations de pompage, 4 000 hectares de terrils mais aussi 5 000 hectares de terres agricoles, 2 000 hectares de bois, 51 églises et chapelles, 29 stades, 24 salles de sport, 28 salles des fêtes, 20 écoles techniques et ménagères, 11 hôpitaux et cliniques, 6 salles de musique (1) . Ces chiffres démontrent que l'entreprise exerce, dans le bassin du Nord et du Pas-de-Calais, un rôle allant bien au-delà de la seule exploitation du charbon. Il s'est constitué un véritable système spatial minier, couvrant à la fois le domaine du travail (les installations d'exploitation au fond et à la surface) et le domaine du hors-travail (le logement avec les cités minières et les activités sociales prises en charge par l'entreprise). Ce système spatial, dont la genèse remonte au XIXe siècle, a beaucoup contribué à alimenter métaphores et parfois fantasmes visant ce qui apparaît au choix comme une "féodalité", un "État dans l'État", un "paternalisme" total, etc.
La comparaison entre les chiffres mentionnés plus haut et ceux qui sont cités dans le reportage, qui est présenté au moment de la fermeture en décembre 1990 du dernier puits en exploitation dans le Nord, permet de confirmer ce que dit Jack Verlaine (directeur général des Houillères du Bassin Nord-Pas-de-Calais de 1984 à 1993) à la fin du reportage. En réalité, en 1990, les Houillères ont déjà cédé une part notable de leur patrimoine. Ce n'est donc pas tant le principe même de la cession qui fait encore problème mais les conditions dans lesquelles celle-ci s'est effectuée, conditions qui pèsent encore à cette date sur l'ex-Bassin minier. Nombre de critiques, émanant principalement des élus locaux, ont en effet été adressées à la politique suivie par les dirigeants des Houillères à cette occasion. On leur a surtout reproché de vouloir privatiser les profits (cession des friches industrielles à des entrepreneurs ou à des promoteurs, volonté de rentabiliser une partie des logements par la vente ou la location) et de socialiser les pertes (en faisant retomber sans précaution sur les communes la charge de la voirie, d'infrastructures parfois en mauvais état ou en délaissant les logements occupés par les mineurs ou leurs ayant-droits). Cela a été la source de très nombreux conflits entre acteurs aux intérêts divergents : d'un côté une entreprise nationalisée soucieuse de bonne gestion et de la limitation de son déficit, de l'autre des élus locaux qui, désemparés devant ces charges nouvelles, se regroupent au sein de l'Association des Communes Minières (1970) et revendiquent des pouvoirs publics pour gérer cet héritage minier. Ces conflits sont encore présents au début des années 1990, notamment sur la question du logement ; ils conservent bien plus d'importance qu'un "paternalisme" ou une emprise minière qui à ce moment n'est déjà plus qu'un mythe.
(1) Guy Baudelle, "Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais après le charbon : la difficile gestion de l'héritage spatial", Hommes et terres du Nord, 1994-1, p. 3-12.